Critique – La grande course au fromage


Après le succès de son précédent film De la neige pour Noël, Rasmus A. Sivertsen revient avec ses héros Solan le canard, Ludwig le hérisson et Féodor l’inventeur pour La grande course au fromage, cette fois distribué par Little Kmbo et présent au cinéma à partir du 9 novembre.

Solan veut participer à la grande course au Fromage qui opposera son village au village voisin et ainsi montrer à tous qu’il est un vrai champion. En secret, il parie même la maison qu’il partage avec Féodor l’inventeur génial et Ludvig le Hérisson timide.

L’histoire ne perd pas son temps et reprend directement dans le village de Pinchcliffe, où Solan provoque allègrement le patron de l’usine de fromage de Pinchdown dans une course n’ayant pas eu lieue depuis plus de soixante-dix ans. Les enjeux sont ainsi posés rapidement et les protagonistes sont plongés sans attendre dans l’action. Jouant de la familiarité avec ses personnages et ses lieux, la narration se permet d’instaurer une double destination dans l’intrigue par l’entremise de journalistes pour le moins déjantés et légèrement à côté de la plaque. On découvre alors que le décalage norvégien possède une saveur de harengs (et non pas au saumon, n’est-ce pas Ragnar ?).

Pour les amateurs du premier opus, pas d’inquiétude, on retrouve les inventions de Féodor, la vantardise de Solan et les angoisses existentielles de Ludwig qui balisent le récit. Le personnage de Ludwig, touchant par son côté prudent et craintif, va évoluer et faire une découverte fantastique qui le rendra encore plus particulier au yeux du spectateur.

La grande course au fromage

Adapté de l’oeuvre de l’illustrateur Kjell Aukrust, le chara-design respecte l’aspect caricatural des personnages, avec leurs gros nez et leurs silhouettes reconnaissables. On ressent d’ailleurs une certaine délectation de la part des animateurs dans la création de vieux personnages parés de leurs plus belles permanentes et charentaises associées. « Un total look ! » comme dirait Cristina Cordula, mais c’est dans ce genre de détails que l’on reconnait la qualité de design d’un studio d’animation.

Les motifs végétaux sont exécutés dans une stop motion fine et précise, ce qui fait de la forêt un acteur à part entière de l’histoire et cet univers rural n’est pas sans rappeler la ferme de Shaun Le Mouton des studios Aardman. Par ce biais, on s’aperçoit que la nature possède une grande place au sein de la culture des pays nordiques, ce qui évoque dans un autre registre la saga Millenium ou encore la série Real Humans.

L’animation en stop motion, principalement assurée par les studios indépendants Qvisten et Pedri, est fluide et sort du lot par l’utilisation de techniques traditionnelles mettant ainsi en valeur différentes matières et textures. A l’heure où la limite entre numérique et stop motion est de plus en plus fine, il est encore plus important de le souligner. J’ai eu l’occasion d’évoquer le sujet avec Ramus A. Sivertsen dans un interview que vous découvrirez cette semaine.La grande course fromage est porté par une histoire efficace qui sur sa durée relativement courte (1h15) ne vous laissera pas le temps de vous ennuyer. Ce film bienveillant peut aussi permettre d’initier les plus jeunes à la stop motion dans son aspect traditionnel et par la même occasion à un conte norvégien. Allez donc le voir avant que la déferlante Vaiana écrase tout sur son passage !


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