Critique – Pos Eso


À l’annonce de la sélection officielle, Pos Eso m’a tout de suite attirée par son univers mêlant horreur, comédie et stop motion. Mais le pari est-il réussi ?

Trini, la mondialement célèbre danseuse de flamenco, fait une profonde dépression et abandonne la scène. Damian, son fils de 8 ans, est possédé par un esprit malveillant qui lui fait commettre des méchancetés des plus sanglantes et cruelles.

Pos Eso nous raconte l’histoire de Trini, danseuse réputée de flamenco, dont le fils Damian a un comportement de plus en plus en plus étrange et violent. Elle demande de l’aide auprès de Dimitri, prêtre d’ascendance communiste. Un détail qui se révélera croustillant à souhait !

Ce mélange peut paraître improbable au premier abord mais la fusion entre l’horreur et la comédie burlesque est efficace. Les deux genres se nourrissant de situations désespérées et d’une certaine violence, on se délecte de rire de la détresse des personnages. Ici, le destin de l’héroïne la pousse dans ses retranchements moraux et financiers. On pense notamment à l’enchaînement d’événements subis par le psychiatre manipulé par Damian. Sur une musique rythmée et dynamique, il tue à l’heure du dîner chien, femme, enfant… et termine très lentement par la grand mère, éclaboussant d’hémoglobine tous les murs de leur appartement cosy. J’ai explosé de rire tant la situation pousse au décalage extrême.

On trouve aussi un humour cinglant lié au communisme familial du curé Dimitri, et surtout par sa vieille mère qui ne cesse de le lui rappeler, suscitant un gag musical à base de chant russe aussi incongru que jamais entendu auparavant. La musique imprègne le film à tel point qu’on ne peut s’empêcher de penser à Tenacious D, tant pour l’irrévérence que pour le côté rockn’roll.

Cet univers est intelligemment porté par une stop motion toute en rondeurs qui nous renvoie à la touche Aardman. Ce choix esthétique fait par SAM permet d’introduire les références aux classiques de l’horreur telles que l’Exorciste ou Damien, la Malédiction grâce à l’élasticité des matériaux. Les scènes de possession prennent alors une dimension ludique et fun, faisant ainsi ressembler la pratique de la chasse aux démons aux jeux télévisés du genre Des Chiffres et des lettres. La pâte à modeler apporte ainsi une liberté sur l’utilisation du gore et du déchirement de la chair des corps lorsque les personnages s’entre-tuent, tombent ou se blessent : on assiste littéralement à un bain de sang, ce qui participe au comique de situation.

Mon seul bémol vient de l’incursion maladroite du numérique vers la fin du film. C’est d’autant plus dommage que la stop motion est utilisée de manière brillante le reste du temps, même si les ambitions de SAM n’auraient pu être réalisées grâce à ce seul procédé.

Pos Eso est un film qui m’a parlé pour son irrévérence, son utilisation inventive de la stop motion et enfin par son cocktail explosif horrifico-comique. Je suis sortie de ma séance conquise par cet objet curieux qui nous prouve une fois de plus que l’Espagne sait y faire en matière de stop motion (souvenez-vous de O Apóstolo).

Je continue d’espérer qu’un distributeur aura lui aussi le coup de cœur et qu’il aura une vie dans nos salles françaises avant de nous vomir dessus en vidéo ! https://vimeo.com/78929925



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