Critique – Yéti et Compagnie, à poils et politique !


Teasé depuis le compte-rendu du WAG de l’an passé par Coralie, l’attente est encore monté d’un cran à la découverte de nouvelles images au dernier festival du film d’animation d’Annecy. Je me suis donc jeté tête la première dans l’univers glacé de Yéti et Compagnie, en ces temps de réchauffement climatique, est-ce que ce film nous rafraîchit les idées ?

Vivant dans un petit village reculé, un jeune et intrépide yéti découvre une créature étrange qui, pensait-il jusque-là, n’existait que dans les contes : un humain ! Si c’est pour lui l’occasion de connaître la célébrité – et de conquérir la fille de ses rêves –, cette nouvelle sème le trouble dans la communauté yéti. Car qui sait les surprises que leur réserve encore le vaste monde ?

Le film prend le parti de poser l’absurdité de la mythologie Yéti dès la chanson d’introduction de son principal protagoniste, Migo, où il est question de naissance par le derrière de yaks, d’escargot lumineux mais surtout des précieuses pierres de la connaissance qui maintiennent le village en ordre. Ces lois instaurées par le Gardien des Pierres vont être remises en question à partir du moment où Migo va rencontrer son premier humain, ces fameux « petits pieds » qui hantent les contes des yétis.

L’intrigue tourne autour du questionnement de ces règles établies et de l’importance de la curiosité pour faire évoluer les mentalités sans jamais tomber dans la moralisation gnan-gnan, que ce soit d’un côté ou de l’autre. Migo trouve d’ailleurs des alliés dans le groupe des P.P.P, leadé par Meechee, toujours en quête de savoirs sur les humains.

Coincé d’un côté Le gardien des Pierres et de l’autre ses amis du P.P.P, Migo va vite se prendre les pattes velues dans un dilemme bien complexe à gérer pour lui. Cette tension et cette révélation sont rythmées par une science du gag chère au Warner Group Animation, qui se déroulent pas mal sur le compte de Migo. A cet effet, les pierres sortent de leur dimension mythologique pour reprendre toute leur gravité humoristique et ça fonctionne à merveille.

Alors que l’univers des yétis nous est présenté comme joyeusement naïf, l’humain incarné par Percy, un explorateur en soif de like et de notoriété, est sans scrupules et agit sans penser aux conséquences réelles.

La force de ce personnage est de l’avoir maintenu dans cette antipathie et cet agacement constant tout en l’approfondissant par l’évolution de ses actions envers Migo et aussi sa collègue Brenda avec qui il a un passé compliqué, car il aurait été tellement plus facile de le détester (et on le déteste un peu !). A l’image des monstres de la Universal (Frankenstein, Dracula, La créature du lac noir), le yéti remplit sa fonction d’exhausteur des défauts humains avec une touche de comédie moderne bienvenue.

Que se soit dans les deux univers, on retrouve une réflexion sur l’imposture et la vérité héritée de la plume de Karey Kirkpatrick, qui avait déjà abordé ce genre de questionnements dans Chicken Run, mais ici de manière démultipliée avec ses deux protagonistes que sont Percy et Migo.

La musique composée par Hector Pereira, que l’on connait par sa patte musicale sur la saga Moi, Moche et Méchant, accompagne subtilement les chansons presque toutes originales de Yéti et Compagnie. Les différents morceaux s’inscrivent dans la narration et sont un approfondissement des personnages, dans la veine des classiques musicals de Broadway.

Sans vous divulgacher quoi que ce soit, le morceau interprété par Common en version originale et par Oxmo Puccino en version française m’a collé des frissons comme je n’en avais pas eu depuis « Mes amis de l’au delà » de La Princesse et La Grenouille. On notera d’ailleurs la pertinence bienvenue du casting vocal français qui a choisi Julien Doré pour Percy l’explorateur en demande de starification des internets et Amel Bent pour interpréter Meechee, la jeune yéti curieuse du monde qui l’entoure.

Avec ce Yéti et Compagnie qui va plus loin que son prédécesseur Cigognes et Compagnie, le Warner Animation Group approfondit sa volonté de concevoir des comédies riches en signification sociale et en gags en souhaitant que cela se cristallise encore plus par la suite avec La Grande Aventure Lego 2. En attendant, je vous invite à prendre le frais en famille ou entre amis pour aller découvrir le film, vous ne serez pas déçus !

 



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