« Le Grand Méchant Renard et autres Contes » : le compte rendu du WIP et une date de sortie avancée !


Après un Work in Progress TV à Annecy où Benjamin Renner avait évoqué le souhait d’une sortie cinéma, Le Grand Méchant Renard et autres Contes, distribué par StudioCanal, se voit avancé au 21 juin 2017… une date peu innocente, qui résonne fortement avec le Festival international du film d’animation d’Annecy !

Folivari a également dévoilé une belle série d’images via son site internet officiel, que vous pouvez retrouver ci-dessous avec mon compte-rendu du précédent Work in Progress TV.

Comme déjà évoqué, ce triptyque d’histoires sera réalisé par Benjamin Renner pour le premier épisode, intitulé naturellement « Le grand méchant renard » et c’est Patrick Imbert qui le relaie sur les deux autres épisodes, « Un bébé à livrer » et « Un Noël parfait ». Au scénario, on retrouve Benjamin Renner et Jean Regnaud, qui adaptent la bande dessinée originale du premier, qui a été rééditée en couverture rigide et dans un format plus grand en 2016 après le succès de la première édition dans la collection Shampoing chez Delcourt.

Le Grand Méchant Renard – Un jeune Renard maladroit et chétif se prend régulièrement une rouste de la part de sa proie, une petite poule rousse qu’il essaye de dévorer quotidiennement. Il décide un jour de voler ses œufs et d’en élever les poussins pour les dévorer une fois assez gros. Il va cependant découvrir que ce n’est pas si facile d’être à la fois ogre et maman. Un Bébé à Livrer – Alors qu’elle apportait un Bébé humain à ses parents, une cigogne s’écrase dans une ferme. L’aile cassée, elle est immobilisée et contrainte de confier sa mission à un lapin idiot, un canard abruti et un Cochon râleur… Un Noël parfait – À la veille de Noël, un lapin et un canard particulièrement naïf détruisent accidentellement un père Noël en plastique qui décorait leur ferme. Persuadés d’avoir tué le vrai Père Noël ces derniers s’investissent d’une mission : remplacer le Père Noël…

Compte-rendu du WIP TV du Grand Méchant Renard

La salle Pierre Lamy était bien remplie pour cet évènement TV pour le moins attendu. Sont arrivés sur
scène Didier et Damien Brunner, les producteurs père et fils du studio Folivari accompagnés de l’auteur et
réalisateur du Grand Méchant Renard, Benjamin Renner. Le Work In Progress était modéré par Christophe Erbes.

Paroles du producteur Didier Brunner

« La première fois qu’on a rencontré Benjamin Renner, c’était il y a huit ans, pour Ernest et Célestine ! J’étais en quasi retraite quand j’ai appris que Benjamin préparait sa bande dessinée et je lui ai demandé de m’en envoyer une copie dès qu’elle serait finie. Puis j’ai passé deux heures merveilleuses à la lire, j’ai vite constaté que nos huit ans passés ensemble avait portés leurs fruits quand j’ai appris qu’il avait conservé les droits et que Delcourt possédait seulement les droits d’édition. Puis je lui ai dit qu’on pouvait en faire un spécial TV ! Il a dit : ok !”

L’envie de Didier Brunner s’est ensuite transformée en la création de trois spéciaux pour la TV, ce qu’il l’a conduit à soutenir le projet chez Canal +. Une nouvelle structure a été créée uniquement pour le projet, en équipe avec Damien Brunner et des membres de Folivari.

Le Grand Méchant Renard, une adaptation animée

Benjamin Renner est ensuite revenu sur la création rapide du Grand Méchant Renard en bande dessinée,
dans un moment qui nécessitait une parenthèse créative, et de son inspiration dans son enfance en zone périurbaine parisienne. Voici donc un résumé de cette histoire saveur fermière :

Un jeune Renard maladroit et chétif se prend régulièrement une rouste de la part de sa proie, une
petite poule rousse qu’il essaye de dévorer quotidiennement. I! décide un jour de voler ses œufs et
d’en élever les poussins pour les dévorer une fois assez gros. Il va cependant découvrir que ce n’est pas si facile d’être à la fois ogre et maman.

Le but était de créer une sorte de petite société où vivent différents archétypes : le chien de garde, la mère poule aimante, le loup vorace…Le réalisateur s’est notamment inspiré des Contes du Chat Perché pour son utilisation des métaphores animales.

Pour l’anecdote, quand il était enfant, son père et lui ont trouvé des œufs et une couveuse. Son père, pour lui faire prendre conscience des responsabilités, lui a expliqué qu’il serait “la maman” des poussins, vu que
c’est à la charge de la première personne découverte par les nouveau-nés. La perspective d’être une « maman » humaine pour poussins l’a beaucoup marqué et est resté pour la création du Grand Méchant Renard.

Pour revenir à la bande dessinée, Renner a expliqué sa difficulté à travailler avec un script. Après plusieurs essais, il a préféré travailler directement avec de nombreuses scénettes qu’il essayait ensuite de lier dans une histoire plus grande. Il rapproche sa création illustrée de l’animation car il a beaucoup produit, découpé et trié pour obtenir le livre qu’on connaît.

L’ambivalence du renard, entre animal et “maman” des poussins, est vite devenue l’axe prédominant de la bande dessinée. L’auteur fait le parallèle entre le manque d’autorité du renard et sa relation à ses petits neveux, à qui il a dédié la bande dessinée.

Benjamin Renner à mis un an à écrire l’histoire et deux mois à la dessiner car il cherchait plus à mettre l’accent sur la narration et les dialogues plutôt que sur l’esthétique. Ses références sont le Retour à la terre de Larcenet pour la mise en scène théâtrale des cases, Sempé pour la disparation des gouttières et enfin le blog Chicou-Chicou auxquels ont participé entre autres Aude Picault et Boulet.

L’illustrateur a confessé sa difficulté à concevoir des décors, d’ailleurs lors de ses études en animation il
préférait se concentrer sur l’action dans les storyboards. Il admet une certaine “fainéantise” dans sa logique de création et le caractère antinomique de sa bande dessinée par rapport au cadre imposé par le côté
cinématographique.

Il a tout d’abord essayé de faire évoluer le renard dans un cadre pour le teaser mais après réflexion il a choisi d’appliquer la même méthode que sur Ernest et Célestine, à savoir l’utilisation de quelques éléments de décors. Ce choix s’accorde mieux avec le vignettage de la bande dessinée originale et permet d’éviter les zooms.

Le réalisateur a laissé plus de marge à Patrick Imbert pour les deux épisodes suivants, à Zaza et Zyk pour la
production design (le duo avait déjà travaillé avec lui sur Ernest et Célestine). Patrick Imbert, coréalisateur, a surtout pris soin de l’animation dans leur binôme.

Leur volonté était d’optimiser le travail de décorateurs de Zaza et Zyk au sein du spécial, notamment pour la ferme, principal lieux d’action. La référence a été prise dans le film Alexandre le bienheureux où il est question d’un fermier fainéant qu’on n’aperçoit jamais. Au niveau de l’ambiance, un soin particulier a été apporté au passage des saisons et aux changements de couleurs dans la nature.

À la différence d’Ernest et Célestine, tout a été conçu par ordinateur pour des raisons budgétaires.
Patrick Imbert et Benjamin Renner ont construit des animatiques très simples dans lesquels ils ont implanté
les décors de Zaza et Zyk. Les réalisateurs ont ensuite posé les personnages dessus et la difficulté a été de
mettre en place un modèle pour le renard, car dans la bande dessinée le trait fluctue et il n’a jamais la même silhouette d’une page à l’autre.

Renner s’est donc occupé des layouts et a donné toutes les indications aux animateurs pour qu’ils puissent se concentrer sur l’expressivité des personnages, le but étant de préserver la spontanéité de l’œuvre originale. L’expérience de Patrick Imbert en tant que chef animateur sur Avril et le Monde truqué à permis d’installer une méthodologie et un bon rapport avec l’équipe en place pour ce travail.

Nous avons dans le même temps découvert l’extrait où le renard vole les œufs à la poule, une étape qui nous a été présentée depuis la décomposition du layout à l’extrait achevé pour nous montrer les différentes étapes d’animation.

Faisons une petite pause avec une question urgente mais mignonne venant du public : mais qu’est-ce qu’il mange le renard s’il ne peut pas manger les poussins et la poule?

Réponse du réalisateur : « Des navets ! Encore un complexe d’enfance (rires), j’ai été dégoûté de leur horrible goût. En fait, le cochon de la ferme possède un potager bio et attend le renard pour lui donner des paniers de légumes. Il existe une autre version de la bande dessinée où le renard avait vraiment faim et
voulait manger les poussins, j’aimais l’idée de travailler sur l’obligation naturelle à manger de la viande pour un animal.

Je me souviens d’une scène où le loup avait un fils, louveteau, et le renard devait organiser un goûter d’anniversaire avec les poussins mais il avait peur qu’ils se fassent manger. C’est une question qui est devenue récurrente dans mon travail, en fait.”

Mais revenons à nos œufs de poussin ! L’adaptation de là scène du vol est passée par l’adjonction d’un rythme et de gags visuels. La scène originale était beaucoup plus longue, riche en dialogue et avec un côté introspectif du renard, mais tout ça alourdissait le dynamisme.

Le passage en animation a aussi nécessité une réécriture des personnages pour qu’ils soient plus identifiables sur un format de vingt-huit minutes. Le loup, qui au départ veut juste manger les poussins en raison de son instinct, ressemble plus à un antagoniste de conte de fée, un « Grand Méchant Loup” en quelque sorte. Les poussins ont aussi pris des individualités propres alors qu’ils étaient une ‘entité d’enfant” assez floue dans la bande dessinée.

La conclusion de la présentation s’est fait sur un résumé des deux autres épisodes :

  • “Il faut sauver Noël”, où Renner a élaboré une histoire à partir du questionnement sur les pères noël décoratifs pendus aux balcons, en imaginant que le vrai Père Noël ne pouvait pas rester comme ça. Les héros sont un lapin et un canard de la ferme, qui en voulant sauver le Père Noël, le font tomber dans une broyeuse à bois, ce qui les dévaste profondément.
  • “Un bébé à livrer” nous raconte qu’une cigogne a eu un accident et a fait tomber le bébé. Ce dernier se retrouve avec un lapin, un cochon et un canard qui vont devoir le ramener à destination. Évidemment, ils s’y prennent de façon complètement idiote…

Cette présentation était à la fois drôle et très pédagogique au niveau de l’explication de l’exercice de
l’adaptation animée. Étant amatrice de la bande dessinée originale, j’ai une légère déception quant au
lissage du caractère du loup que je préférais plus en nuance. Je reste toutefois impatiente de découvrir ces
trois spéciaux TV !

La première diffusion se fera sur Canal + pour la fin de l’année 2017 – début 2018. Didier Brunner souhaiterait que le public puisse les voir au cinéma accompagné d’interludes dans l’esprit des Muppets.


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