Les meilleures suites de classiques Disney


Un petit intermède avant de reparler des Disney impopulaires avec le sujet non moins polémique des suites des Classiques de la maison de Mickey, phénomène apparu au début des années 90 et qui semble être aujourd’hui un peu retombé (en même temps, il ne reste que peu de films qui ont échappé au phénomène).

Cette vague de long-métrages, pour la plupart sortis directement en vidéo (abrégé en DTV) n’ont pas, pour la majorité d’entre eux, eu la chance de posséder un budget très élevé ou une main d’œuvre très qualifié, que ce soit en terme d’animation ou de recherche dans la narration. C’est pourquoi je vous propose que nous nous penchions sur ceux qui, à mes yeux, semblent être les plus réussis.

1. Bernard & Bianca au Pays des kangourous

Si vous avez déjà lu les articles sur les Disney impopulaires, vous connaissez mon point de vue sur cette première suite dans l’histoire du studio. A la pointe de la technologie, doté de personnages hauts en couleurs, moins sombre que son prédécesseur, ce nouvel épisode des aventures de Bernard et Bianca n’a pas à rougir face au premier opus et contrebalance efficacement l’ambiance pesante qui l’enveloppait.

Bien que le scénario recycle sans génie la formule du sauvetage, la trame narrative est sauvée par ses personnages secondaires et l’intrigue amoureuse entre les deux protagonistes, qui de plus voyagent au sein de paysages somptueux qui n’ont toujours pas eu d’équivalent à ce jour (à quand un film d’animation se déroulant en Australie ?).

Du point de vue du cœur et de la technique, ce Bernard et Bianca est mon champion.

2. Peter Pan 2 : Retour au Pays Imaginaire 

Prévu pour sortir directement en vidéo (comme toutes les suites après l’échec financier que fut Bernard et Bianca au pays des kangourous), ce Peter Pan 2 : Retour au Pays Imaginaire a toutefois eu les honneurs d’une sortie en salles dans de nombreux pays, dont la France, ce qui m’a permis à l’époque de le voir dans des conditions optimales. L’idée de départ de ce nouvel épisode se démarque légèrement en proposant une nouvelle héroïne, la fille de Wendy et un nouveau cadre historique, puisque le film commence durant la seconde guerre mondiale, alors que Londres subit le blitz allemand.

Nouveau temps, nouvelle mentalité : malgré ses dix ans, Jane n’a nulle envie de fantaisie et affronte la dure réalité, tandis que son frère croit dur comme fer aux histoires de leur mère, Wendy, qui cherche par le récit de ses aventures au Pays Imaginaire à les distraire de la triste réalité (Un postulat quasi identique à celui du Le lion, la sorcière blanche et l’armoire magique, le premier épisode des Chroniques de Narnia).

Mais durant la nuit suivante, les deux enfants se font kidnapper par l’équipage du capitaine Crochet, qui les emmène de force au Pays imaginaire où ils feront la rencontre de l’authentique Peter Pan. Choc des caractères ! Peter Pan, désarçonné par Jane, comprend qu’il aura fort à faire pour redonner le sens de la fantaisie à la jeune fille, car le seul moyen connu pour rentrer chez elle est d’y aller en volant…

On se retrouve donc avec une histoire sur le pouvoir de l’imagination, avec une symbolique simple mais efficace, qui rythme un récit aux consonances plus modernes que l’original. Les personnages originaux n’ont certes pas changé, mais c’est ce qui fait leur force, car c’est leur fraicheur et leur naïveté qui changera le regard de Jane, cette enfant devenue prématurément une adulte, dont l’absence du père se fait cruellement ressentir.

Côté technique, le travail est assumé par la branche australienne de Disney Animation, et ceux-ci ont réalisé un travail surprenant sur le terrain de la continuité graphique. Le character design est respecté et les nouveaux personnages ne dénotent pas et l’intégralité des décors originaux sont de retour.

La mise en scène est quant à elle résolument moderne, se permettant des enchainements de plans et des spatialisations dans les séquences dans un style propre aux années 2000, aidée en cela par l’utilisation du numérique qui permet de faire pivoter les décors d’une manière impossible si l’on pense aux standards de l’époque.

On peut toutefois rester circonspect sur son implémentation au niveau esthétique, toutefois discret sur la fée Clochette, mais celui-ci permet de réaliser un morceau de bravoure en début de métrage, lorsque le bateau de Crochet, en partance pour le pays Imaginaire avec les deux enfants à son bord, évite de justesse une escadrille de Messerschmitts au-dessus d’un Londres bombardé. Une confrontation entre imaginaire et réalité aussi impromptue que spectaculaire qui résume bien l’état d’esprit qui habite Jane.

En bref, le métrage possède une bonne structure, certes toujours rythmé par quelques chansons qui ne sont pas ici trop redondantes ni hors de propos, toutes ayant à voir avec les sentiments des personnages et leur évolution, ce qui n’est pas du luxe lorsqu’on connait les dérives que ça a donné dans d’autres séquelles de classiques.

Ce Peter Pan 2 constitue donc un spectacle très agréable, se démarquant de son vénérable ainé sans trop dénaturer ni son fond, ni sa forme. Un bel effort à mettre au crédit de Walt Disney Animation Australie, dont je reparlerai dès le film qui suit.

3. Bambi 2

Tout comme Peter Pan, ce Bambi 2 a eu en France la chance de sortir en salles, le 1er février 2006, ce qui ne fut pas le cas aux USA, ce qui n’a pas empêché le film de briser là-bas le record de vente de DVD le premier jour et d’en être encore aujourd’hui le détenteur en plus d’être la suite la plus tardive de classique Disney (64 ans !).

Donc pour mettre les choses au clair, malgré le 2 qui orne son titre, Bambi 2 n’est pas une suite, c’est une « interquelle », à savoir une histoire qui se passe entre deux séquences du film original ; Il prend place dans ce cas dans l’ellipse narrative entre l‘hiver qui voit la mort de sa mère et le printemps où on retrouve Bambi adulte.

Le métrage prend pour la thématique la filiation avec cette perte de la mère et l’arrivée du père, situation brutale tout autant pour lui que pour Bambi, projeté dans un rapport à l’autre plus froid et distant. Le film garde essentiellement un angle de vue propre à celui du faon et prend la même ligne directrice en forme d’apprentissage et de rencontres où il retrouve les personnages de l’original. Le film se retrouve sur un rythme à deux temps.

Le premier, où Bambi est avec son père, qui tente de le recadrer et de lui enseigner les préceptes du prince de la forêt et le deuxième, plus léger, où il retrouve ses amis et vit des petites aventures et des confrontations avec le futur prétendant de Féline, Ronno. Panpan se retrouve de son coté débordé par ses petites sœurs qui lui mènent la vie dure, Bambi se demandant quant à lui quand commenceront à apparaitre ses bois…

Le film approfondit un certain nombre de personnages. Bien que noble et distant, le père de Bambi le prend sous sa protection et ne peut éviter de s’attacher au faon, tandis que la personnalité de Ronno est clairement définie comme l’antagoniste pur : arrogant, menteur et couard, jaloux du statut de Bambi alors que lui-même est déjà en train de quitter l’enfance, ses bois naissant et ses tâches de faon ayant disparues.

L’ennemi principal reste toutefois l’homme, qui réussit à piéger Bambi à l’aide d’un appeau qui attire l’enfant, persuadé d’entendre sa mère, à terrain découvert. Il ne sera uniquement sauvé que par le courage et l’autorité de son père, et au terme d’une course poursuite, sera vivement grondé pour son imprudence.

Le film réalise un bon travail dans ce sens, son statut d’« interquelle », faisant qu’aucun des personnages ne vont être tués ou disparaitre au terme de l’histoire, ce qui affaiblit d’entrée l’intérêt et potentiel de l’histoire. Les scénaristes ont par ailleurs recyclé un certain nombre d’idées qui n’avaient pu être exploitée sur le premier film en raison d’une durée qui aurait été trop importante pour une exploitation en salles (sans même parler du budget).

Niveau technique, ce Bambi 2 met la barre bien plus haute que Peter Pan 2 en termes de qualité. La réalisation est ici plus posée, plus proche de l’original.Le design des personnages comme des décors est absolument splendide, les équipes ayant poussées le vice à scanner les anciens décors peints à l’huile pour garder une constance visuelle. L’effet est si élaboré qu’il serait tout à fait possible de monter ensemble l’original et celui-ci pour réaliser un seul très long métrage sans que ça ne se ressente directement !

On peut mettre, comme d’habitude, le doigt sur les chansons dont certaines proviennent du premier film, mais celle-ci contribuent à apaiser l’atmosphère parfois pesante du film, ce qui permet de donner une respiration au plus jeune public.

L’emploi des couleurs et l’animation est donc irréprochable, démontrant la maturité des équipes australiennes et il est bien malheureux que ce studio fut fermé, Bambi 2 constituant tout de même un superbe chant du signe.

4. La Belle et le clochard 2 : L’appel de la rue

Directement sorti sur VHS et dvd en France en Mars 2001 avec le sous-titre trompeur de L’appel de la rue (en référence à l’appel de la forêt de London), le film porte mieux son titre original : Scamp Adventures qui, comme son nom l’indique, fait référence au fils unique des héros du premier film, aperçu à la toute fin.

Scamp donc, et un jeune chien fou qui s’ennuie ferme entre les murs de la maison et passe son temps à faire des bêtises, provoquant le désarroi de ses parents. Après la faute de trop, Scamp se retrouve enchaîné à la niche, devant la maison.

Après une dispute avec son père, le jeune chien est témoin d’une course-poursuite entre un agent de la fourrière et une bande de chiens errants menés par Buster. Se libérant, Scamp les rejoint et tombe amoureux d’Angel, elle-même membre des chiens des rues.

S’ensuit une intronisation du jeune chien par Buster, le leader du groupe, qui comprend que Scamp est le fils du clochard, son ancien rival, et voit là un moyen de se venger en s’amusant. Pris dans la spirale du vol, Scamp s’éloigne de plus en plus de ses parents et finit par confronter son propre père, aveuglé par sa soif de liberté. Bien sûr, tout finira par rentrer dans l’ordre, et les maitres de la Belle et du Clochard adopteront même Angel dans la famille.

Suite directe du film de 1964, cet Appel de la rue ne prend pas vraiment de risques avec son fil narratif, très classique, qui s’inscrit en parallèle de celui du premier film avec des personnages très similaires. La présence du numérique se ressent également bien plus sur le film, même si le chara design est respecté, la faute à une mise en couleur que l’on devine faite à la palette graphique, qui annihile énormément le trait des animateurs.

Malgré ces défauts dans la forme et le fond, cette suite permet de passer un bon moment et propose un bon divertissement, bien meilleur à mes yeux que les autres suites sorties à l’époque.

5. Les Aventures de Tigrou

Véritable survivant des films classiques Disney, Winnie l’ourson aura vu pléthore de séries et de suites se faire sous le giron de la maison aux grandes oreilles, mais c’est la première d’entre elles qui nous intéresse, Les Aventures de Tigrou, sorti en salles en Octobre 2000 en France.

L’histoire est simple : Tigrou, aidé par Petit Gourou décide de partir à la recherche de sa famille. Désireux de l’aider, la bande de l’ourson lui envoie une fausse lettre et après un repas de famille qui tient plus de la mascarade qu’autre chose, Tigrou part dans les bois, décidé à trouver sa vraie famille, pour se rendre compte qu’il en a déjà une auprès de lui.

Métaphore de l’adoption, ces Aventures de Tigrou ne sont jamais lourdingue en raison de la vitalité de son personnage principal. Ce tigre sauteur porte le film sur ses épaules et éclipse littéralement les autres personnages du film, qui paraissent bien fade à coté de ses pitreries et de son problème moral qui le fait s’émanciper du statut de simple clown.

Sur la forme, le film possède deux solides atouts : Musical, avec la présence exceptionnelle des frères Sherman aux commandes des chansons, qui sont fantastiques (ce qui décida la direction de Disney à sortir le film en salles et non en vidéo) et la seconde en terme d’animation, avec une équipe technique coupée en deux, les chefs de poste étant américain et les exécutant japonais, pour un sublime travail esthétique qui rapproche le métrages de l’original de 1977, Les Aventures de Winnie l’Ourson.

On retrouvera d’ailleurs cette alchimie sur les deux suites, Les Aventures de Porcinet et Winnie l’Ourson et l’Ephélant, avec à chaque fois une présence accrue des japonais dans l’équipe pour le second et enfin une équipe quasi entièrement japonaise sur le troisième film, ce qui montre les possibilités des studios extérieurs.

Mais je digresse ! L’animation de cette suite n’a donc pas à rougir de la comparaison avec son prédécesseur et possède une animation fluide et dynamique qui lui fait mériter son passage sur grand écran.

L’intérêt pour les plus grands sera certes limité, mais pour les enfants et les amateurs, un vrai plaisir pour les yeux et les oreilles !

Voilà donc pour cette sélection tout à fait personnelle. Je vous invite à utiliser les commentaires pour proposer vos meilleures suites, argumenter sur mes choix et éventuellement me menacer de mort si vous détestez ces films. Dans un futur proche, je vous parlerais une bonne fois pour toute des Disney impopulaire pour la troisième et dernière fois, stay tuned !


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