Regardez « Seven Tides », clip animé de Florent Grattery pour Why Mud



Produit par Baguette Publishing et Les Films du Prince, le tout nouveau clip animé du groupe Why Mud accompagne la piste Seven Tides. Sa réalisation a été confiée à Florent Grattery, qui a élaboré une esthétique proche de la bande dessinée indépendante, dans une mouvance rafraîchissante proche de celle que l’on peut voir chez Manach et Bienvenu. En résulte ces quatre minutes en animation 2D que l’on ne voit absolument pas passer, et une histoire d’enfants à qui il arrive un trip hallucinatoire suite à la prise de bonbons d’une nature bien particulière…

Florent Grattery est revenu sur la création du clip, un point de vue privilégié sur la fabrication de ce qui est en fait un court-métrage sans parole, un exercice auquel le réalisateur n’est pas étranger puisqu’il était déjà aux commandes du Bestiaire ou cortège d’Orphée pour la saison 3 de la série En Sortant de l’École, dont le sujet était Apollinaire, ainsi que de Si Picasso était un Animal pour Arte Créative.

Les origines du clip

L’idée du clip est partie d’un ancien projet qui collait assez avec le sujet du morceau. « Seven Tides » évoque les différentes phases d’un trip halluciné causé par la prise de drogue. J’ai mélangé cette histoire d’enfants qui expérimentent un peu naïvement la prise de drogue avec des souvenirs personnels et des anecdotes entendues à droite et à gauche. Ou comment parler des expériences du passage à l’adulte. Le film évoque aussi cette relation entre frères et sœurs qui permet aux plus jeunes de découvrir ou d’expérimenter précocement des choses réservées aux plus âgées, que beaucoup d’entre nous ont vécu. Les chambres de nos aînés regorgent de trésors. En mélangeant des éléments naïfs comme les bonbons avec les hallucinations, je voulais accentuer la distance entre ce qui semble être deux mondes, adulte et enfance. Après avoir ébauché un vague résumé du récit, j’ai découpé le morceau afin d’en extraire les différentes phases. (…)

Une atmosphère précise

J’avais une idée assez précise de l’environnement et l’atmosphère que je voulais rendre : une chaude journée d’été dans une maison à la lisière d’une forêt dans le sud-ouest de la France. J’ai travaillé l’animatique conjointement avec les recherches graphiques pendant 3 semaines et j’ai commencé l’animation juste après. On était assez pressés. Tout au long de la fabrication, j’ai peaufiné l’animatique pour des questions de clarté, de rythmes ou de faisabilité aux vues des moyens du projet. J’ai simplifié l’animation au maximum (6 ou 8 img/s) tout en gardant un style assez naturaliste, choses que j’affectionne. Tout le projet s’est fait en numérique, trait et couleur pour des raisons pratiques. Quelques textures ont été utilisées pour les dégradés afin d’obtenir un rendu plus organique.

Une palette restreinte de couleurs

Pour le travail des couleurs, je restreins généralement au maximum ma palette de couleurs sur les décors clés par simplicité. Je les superpose ensuite pour obtenir de nouvelles teintes tout en restant dans les mêmes gammes. Mes fichiers sont très malléables car je retourne souvent dedans pour tester de nouvelles harmonies de couleurs et jusqu’au dernier moment, il m’arrive de retoucher toute une séquence.

Je vous invite à voir (ou à revoir) ci-dessous le film dans son entier, et bien que je sois rarement client des chansons et des clips de plus de deux minutes trente, c’est ici carton plein : j’ai adoré cette narration et ce cadre réaliste teinté d’ennui que ressent tout enfant en plein été. Les délires psychédéliques sont parfaitement exécutés et on tient ici la force de l’animation 2D dans les déformations et les transformations sous effet de la drogue. j’espère que cette tentative ne restera pas solitaire, car elle permet de nettement se distinguer dans le flux continue de vidéos dont les réseaux nous abreuvent.

Tous mes remerciements à Camille Principiano et Florent Grattery pour leur disponibilité.


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