Work in progress – Le Voyage d’Arlo


Comme chaque année au festival d’Annecy, une journée complète semble dévolue aux nouveautés animées de Disney et Pixar, ce qui tombe bien vu le nombre que nous étions à y assister. Nous avons ainsi pu nous préparer avec précision à cette journée costaude, qui a débuté dès 10H30 ce mardi matin avec une présentation en deux temps, voyant se succéder Peter Sohn pour Le Voyage d’Arlo et Sanjay Patel pour Sanjay Super Team, le court-métrage qui en fera l’ouverture lors de sa sortie fin novembre. Peter Sohn se présente sur scène et après une petite vidéo de visite des studios Pixar qui a fait rêver les étudiants dans la grande salle de Bonlieu, il a tout d’abord détaillé son parcours en tant qu’artiste dans l’industrie. Ce qui est d’autant plus important qu’il soit issu d’une minorité ethnique, puisqu’il est le premier réalisateur ayant des racines coréennes à accéder à une telle position.

Sohn s’est attaché à nous raconter son enfance et comment ce medium qu’est l’animation a pu contribuer à aider les rapports entre sa mère et lui.

“Elle n’était pas à l’aise en anglais, et moi-même ne parlait que cette langue, il y avait des moments difficiles entre nous, car ça provoquait des incompréhensions. Lorsque nous allions au cinéma, je lui traduisais les dialogues afin qu’elle puisse suivre l’action. C’est lorsqu’elle m’a emmené voir Dumbo, et que je l’ai vu pleurer devant la scène où le héros vient voir sa mère en cage et qu’elle le berce avec sa trompe, que j’ai compris le pouvoir de l’animation, qui est un langage universel.”

Il a ensuite évoqué sa carrière qui l’a amené dans les rangs de Pixar, depuis Le Géant de Fer jusqu’à Passages nuageux, et les différentes qualités qui lui ont permis d’arriver jusqu’au poste de réalisateur pour Le Voyage d’Arlo. Un film à la réputation difficile qui, après six ans de production et un report, s’est fait reprendre en main par le “brain trust” de Pixar, afin de trouver une solution à ses problèmes.

Restait à trouver une personne plus apte que Bob Peterson pour finalement compléter le film. Qui de plus capable à cette tâche pour remplacer la voix de Dug que celui qui a servi de modèle pour le jeune scout Russel ? Mais trêve de bon mot, car Sohn revient aux origines du projet :

« Chez Pixar, on se pose beaucoup la question “et si ?”. Et si les jouets prenaient vie lorsqu’on est absent, et s’il y avait vraiment des monstres dans nos placards ? Et si un rat devenait le plus grand chef français ? Ce film est le plus gros “et si” auquel nous ayons eu affaire. Et si les dinosaures ne s’étaient pas étaient éteint ? Et si l’astéroïde qui devait les faire disparaître avait manqué son but ? »

Aidé par le “brain trust” sur son premier long-métrage qui ressemble tout autant à une opération de sauvetage, Sohn nous dévoile les premières nouvelles images du film, autres que celles présentes dans la bande-annonce. Et ce sont les décors qui sont mis à l’honneur : ceux-ci sont d’un réalisme époustouflant, poussant encore les limites de rendu. On semble y déceler comme une réponse logique aux textures urbaines très réalistes présentées il y a quelques années sur le Parapluie Bleu. D’ailleurs, l’un comme l’autre font un usage précis de la pluie pour établir une émotion dans le cadre. Puis viennent les présentations des personnages, ainsi que le nouveau casting de comédiens qui les accompagnent : Raymond Ochoa pour Arlo, Jeffrey Wright pour son père, Frances McDormand, joue sa mère, Steve Zahn joue un ptérodactyle, Thunderclap, tandis qu’A.J. Buckley, Anna Paquin et Sam Elliott jouent un trio de T-Rex pas si méchant que ça. Car le vrai antagoniste du film pour notre héros, ce sera la nature même, à laquelle il n’est pas habitué du tout. Et c’est bien le contraste qui agit entre notre jeune dinosaure gauche et pesant, qui manque de se noyer dans la première séquence que nous dévoile Peter Sohn, et les décors même, très détaillés, réalistes, qui pourraient briser le dinosaure enfantin qui ressemble plus à une figurine en plasticine de chez Aardman qu’à un vrai animal. Le choix esthétique de décalage peut se comprendre, d’autant que plus la caméra s’approche d’Arlo, plus les textures et les micros détails se révèlent au-delà de l’apparente simplicité des premiers plans. Quelques petites séquences ont été dévoilées, notamment de voyage, avec quelques aperçus des autres dinosaures, et une autre particulièrement touchante au sein du film mais qui, selon moi, n’aurait pas dû être montrée aussi tôt, et qui a agi un peu comme une réponse à ce qu’exposait Sohn à propos de Dumbo. Le film semble bien sur la voie pour réitérer un second succès pour Pixar cette année, après la déconfiture que le studio a subi ces dernières années et leurs efforts pour tenter de se reconnecter avec le public.


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