Critique – XXX Holic, le songe d’une nuit d’été


Kimihiro est un lycéen pas comme les autres : il est capable de voir l’esprit et l’aura de personnes présentes ou disparues. Quand il n’est pas au lycée, il travaille pour Yûko, une puissante sorcière capable d’exaucer tous les vœux en contrepartie d’une rétribution adéquate. Un jour, une jeune femme se présente à la boutique de Yûko, affirmant qu’elle ne peut plus rentrer chez elle…

Le film est sorti dans les salles au Japon couplé avec le moyen métrage de Tsubasa Reservoir Chronicle. Ces deux univers sont en fait un cross-over, c’est à dire deux histoires indépendantes dont les personnages interagissent régulièrement entre eux. Ces films sont tirés des mangas homonymes, XXX Holic et Tsubasa, des créations du studio féminin Clamp. Le film possède le même réalisateur que la série animée. Cette dernière se décline en 4 saisons qui suivent l’intrigue du manga, les deux premières ont été diffusées à la télévision, les deux dernières sont sorties directement en DVD. Dans la série, on voit peut les relations entre les deux mangas car c’est un studio concurrent qui s’occupe de l’adaptation animée de Tsubasa.

Le film est une histoire à part, « inédite », des personnages. Watanuki est un lycéen pas comme les autres : il est capable de voir l’esprit et l’aura de personnes présentes ou disparues. Quand il n’est pas au lycée, il travaille pour Yûko, une puissante sorcière capable d’exaucer tous les vœux en contrepartie d’une rétribution adéquate. Un jour, une jeune femme se présente à la boutique de Yûko, affirmant qu’elle ne peut plus rentrer chez elle…Ce film laisse une drôle d’impression, un peu comme son univers. Visuellement déjà, je suis partagée.

Les personnages sont animés traditionnellement, dans le style des Clamp. Ils sont grands et longilignes, on dirait que leurs bras pendent et que leurs jambes n’ont pas de fin. Une fois le choc passé, on s’y fait sans soucis. C’est même un élément graphique sympathique à vrai dire. Avec quelques fausses notes cependant. Les expressions typiquement manga qu’affichent les personnages me dérangent dans un long métrage. Pour un anime oui, mais pour un long destiné au cinéma, ça ne passe pas. Heureusement, il n’y en a pas tant que ça. Le gros bémol c’est que le dessin faiblit sur certains plans. A un moment, on dirait que Yûko à des Lego à la place du corps, un cou de mammouth et un collier qui tient plus du paravent que du ras-de-cou. Dommage pour un personnage au design si bien défini par les mangakas de Clamp.

En revanche, l’insertion 3D est horrible. Elle tranche avec l’animation des personnages et donne un mélange assez étrange à l’écran. C’est vraiment dommage qu’elle ne soit pas mieux intégrée à l’animation. Ça aurait donné un effet spectaculaire au lieu du « personnage de papier sur fond de jeu vidéo à visuel dépassé » que l’on a. Pourtant, c’est cette 3D qui donne de l’envergure à la maison mystérieuse, véritable personnage du film.

J’aime beaucoup cette construction décousue et originale, qui n’est pas sans rappeler le château ambulant de Miyazaki (même si ici la maison ne déambule pas dans les landes) ou encore Poudlard où les pièces changent sans cesse d’endroit. Dès qu’un personnage ouvre une porte, on s’attend à ce qu’il tombe dans le vide, atterrisse au milieu de l’océan ou dans la caverne d’Ali Baba. Le trio parcourt ces couloirs interminables encore et encore… Leurs pas résonnent et ça en devient dérangeant.

Au moins on partage le sentiment du personnage qui doit détester s’entendre marcher, se sentant épié, et ne sachant quand se finira ce foutu couloir. Mais cours mec ! Enfin, si vous souhaitez aller aux toilettes, il ne faut pas être pressé, mais en revanche être contorsionniste, pas trop gros et explorateur. Cette scène où Watanuki cherche les toilettes est… Sympathique.

La maison donc, malgré ses côtés 3D ratés, m’a ensorcelée. Le scénario lui, un peu moins. Il repose entièrement sur le mystère de la maison et de son hôte invisible. On découvre rapidement que des collectionneurs y sont invités, et que l’hôte serait le plus passionné d’entre eux. Yûko s’efface rapidement pour laisser Watanuki mener l’enquête malgré-lui. Ce dernier a des visions et tente de fuir un fantôme. Les querelles entre les deux garçons allègent un climat pas si tendu que ça, et semblent plutôt combler un vide entre deux dialogues inintéressants.

Les événements s’enchaînent sans que les protagonistes y puissent quoi que ce soit, et le dénouement arrive comme un cheveu sur la soupe. Si la scène de baston est belle, celle de dénouement m’a déçue. XXX Holic – le film tient plus d’un épisode spécial de la série TV que d’un film indépendant. Les fans du manga original le trouveront fade et il ne donne aucune raison d’être vu par ceux qui ne connaîtraient pas l’univers. Les non initiés doivent d’ailleurs se poser deux ou trois questions au visionnage, notamment sur cette scène de fin où l’on aperçoit les personnages de Tsubasa.

Un film à passer pour la majorité des spectateurs, à regarder pendant la pub pour les curieux.


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