Critique – Spycies


Longtemps annoncé, repoussé un nombre incalculable de fois par Eurozoom pour être sûr de trouver la bonne période de sortie, Spycies de Guillaume Ivernel (Chasseurs de Dragons) est enfin sur les écrans de cinéma.

Un duo fantaisiste d’agents secrets, composé de l’exigeant mais rebelle Vladimir et d’Hector le geek vaurien, tient le sort du monde entre ses pattes : suite au vol de la radiésite, matériau classé top secret sur une plateforme offshore, le tandem devra sauver la planète d’une menace climatique au cours de son enquête, menée tambour battant !

Co-production franco-chinoise regroupant Iqiyi Pictures, Tianrui Paiming Culture Media, Lux Populi Production, Chase Film et Lux Populi VFX, Spycies a bénéficié du talent de plusieurs artistes français, parmi lesquels Valérie Hadida pour le character design ou encore Audrey-Anne Bazard pour la très belle direction artistique, animé chez au studio parisien Jungler, c’est ensuite que le film est envoyé en Chine pour le rendu et la finalisation graphique.

Spycies

Le scénario, signé Stephane Carraz, Michel Pages et Zhiyi Zhang sur une idée de cette dernière, fait la part belle à la comédie d’aventure et d’action dans la droite lignée des œuvres emblématiques du début des années 90. Vladimir et son marcel évoque tout autant ce bon vieux John McLane que la suicidaire nonchalance d’un Martin Briggs. A ses côtés, Hector, techno-geek à la capacité sociale limitée fait plus figure de sidekick et joue souvent les facteurs aggravants dans des péripéties qui n’en avaient pas forcément besoin. Le reste des personnages est à l’avenant, respectant les mêmes vieux codes, ce qui mène à des personnages discutables comme celui de Mia, fille de la reine des abeilles . Si la première demi-heure de Spycies impressionne grâce à l’expertise de la mise en scène et du découpage et une esthétique des décors qui impressionne, la suite des événements finit par grignoter l’attention et fatiguer prématurément. En cause, un rythme effréné et une forme de trépidation souvent doublée, voire triplée par l’ajout de personnages secondaires. Un aspect qui peut paraître le bienvenu, car ça a bien réussi à d’autres (La grande aventure Lego, pour n’en citer qu’un), mais dont l’usage quasi-systématique finit par grignoter la patience, ce qui est bien dommage : l’idée de reprendre les clichés du buddy movie de papa en mode animation survitaminée possède des qualités et permet une intrigue basée sur un mystère que je ne vous révélerai pas ici.

Plusieurs fois durant la vision du film, l’idée qui surnageait était celle d’être en train de regarder plusieurs courts métrages collés les uns aux autres. Vladimir et Hector traversent donc de nombreux décors somptueux et il est un peu dommage de ne pas voir plus de temps pour les admirer, la plupart subissant des destructions de grande envergure dès la seconde où ils apparaissent à l’écran. La faute encore une fois à ce rythme de fête foraine qui n’a aucun remord et pour lequel tout est sacrifié. Beau comme un camion super-tuné mais en flammes et tombant d’un pont à 150 km/h, Spycies aurait gagné à avoir plus confiance en sa trame narrative et en ses personnage mais se retrouve contraint par la rapidité de son montage, la brillance de sa mise en scène et de son esthétique souvent super chiadée, exactement le genre de scories qui ont finies par détruire les genres auxquels le film rend hommage. Une ironie qui ne touchera pas ou peu le public cible que sont les moins de douze ans, mais donnera peut-être à réfléchir à leurs aînés le temps de l’heure et demi de spectacle. Vu le binôme formé par les deux héros, choisir Davy Mourier et Monsieur Poulpe relevait d’une certaine évidence (et un rôle à contre-emploi pour Mourier) et la compétence de l’entourage permet de soutenir cette première tentative : Paul Born, Christophe Lemoine, Aurélie Konaté, Karine Foviau, Xavier Fagnon, Antoine Schoumsky, Caroline Combes… Spycies sort en salles le 26 août via Eurozoom. https://www.youtube.com/watch?v=iNzQvuOiSAE



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