Critique – La Fée Clochette


La Fée Clochette, Tinker Bell en VO, marque un tournant dans les DTV (direct to video, les films directement commercialisés sans passer par la case cinéma) de la firme Disney. 110ème long métrage d’animation des studios Disney, c’est aussi le premier de la filiale Disney Fairies. Initialement prévu pour 2007, la sortie a été repoussée suite à des différents internes à 2008. En effet, suite à l’arrivée de John Lasseter en 2006, la production de suites bas de gamme par DisneyToon Studio (Mulan 2, Tarzan 2, Rox et Rouky 2…) est stoppée.

Sont ainsi annulés Les Aristochats 2, Chicken Little 2, Bienvenue Chez les Robinson 2 et les Disney Princesses – Histoires Merveilleuses. Il souhaite également annuler La Fée Clochette mais plie devant la pression commerciale du projet, censé appuyer la sortie d’une gamme de produit pour fillettes dont Clochette sera l’emblème. Mais il trouve le film horrible, et cette histoire provoque le départ de Sharon Morrill, qui était jusqu’à ce moment la présidente de DisneyToon Studio. Celle-là même qui avait mis en place un modèle de rentabilité basé sur des suites ratées. Lasseter reprend donc le dossier avec l’optique de produire un film de qualité tout en étant rentable. Pari réussi.

Ne connaissant pas encore Peter Pan et les Garçons Perdus, Clochette vit auprès de ses amies dans la magnifique Vallée des Fées, située quelque part dans le Pays Imaginaire. Entourée d’autres fées, elle bénéficie comme elles d’un talent particulier. Dotée d’un sens inné pour le bricolage, elle n’a cependant de cesse de pester contre son don qu’elle estime bien moins valorisant que celui de ses amies. Cherchant à leur ressembler, elle décide de suivre leurs pas… Quitte à déclencher les pires catastrophes !

Ce spin-off de Peter Pan, centré sur le personnage de Clochette, est très éloigné du film de 1953. L’action se déroule bien avant Peter Pan, et Peter Pan : Retour au Pays Imaginaire, puisqu’on y assiste à la naissance de Clochette. On n’y retrouve donc ni Peter, ni Crochet, ni les indiens, ni les garçons perdus. On y aperçoit cependant quelques paysages du Pays Imaginaire, puisque la vallée des fées s’y trouve, les fameuses étoiles : « la deuxième étoile à droite, et tout droit jusqu’au matin », et Londres.

Si Clochette garde ses attributs physiques dans cette version entièrement informatisée, soit sa robe, sa blondeur, ses pompons et son petit nez mutin, son caractère est modifié. Ce n’est pas la fée colérique, jalouse et parfois méchante (elle essaie quand même de faire tuer Wendy) du film original. Mais une Clochette enfantine, caractérielle, qui cherche sa voie. Ce changement ne choque pas puisqu’elle est ici plus jeune que dans Peter Pan, et tomber amoureuse de ce chenapan égocentrique de Peter n’a pas du améliorer son caractère ! En revanche, le fait que Clochette parle pourrait en déstabiliser plus d’un. Elle était effectivement muette dans en 1953. Selon Disney, les fées parlent entre elles mais ne peuvent parler aux humains. Explication facile ! Mais comme l’univers de La Fée Clochette est assez éloigné de celui de Peter Pan, on oublie rapidement que Clochette fut muette.

Ce premier film raconte la naissance de Clochette et ses premiers pas de fée. La scène d’ouverture, sa naissance, est d’ailleurs magique. Mais bien sur, cette petite enquiquineuse n’est pas contente de son don et souhaite en changer. Cela ne s’est jamais vu dans la vallée, mais elle essaie tout de même, assistée de ses nouvelles amies : Ondine la fée de l’eau, Rosélia la fée des jardins, Iridessa la fée des lumières et Noa la fée des animaux. Mais si Clochette veut changer de don, c’est aussi parce qu’elle voudrait pouvoir accompagner ses amies dans l’Autre Monde (à savoir le notre, Londres) pour le changement de saison. Chose que les fées bricoleuses ne sont pas autorisées à faire, leur don n’étant utile que dans la vallée. Mais évidemment, Clochette va bousculer tout ce petit monde !

Disney Fairies, c’est des produits dérivés, mais aussi une collection de livres. D’ailleurs le premier produit de la filiale était un livre intitulé Poussière de Fées et l’œuf magique, pierre d’angle de la franchise écrit par Gail Carson Levine, où l’héroïne est une jeune fée nommée Prilla. De cette série de livres sont tirés des personnages qui ont / auront un rôle important dans la saga vidéo. On retrouve ainsi Vidia, la « meilleure ennemie » de Clochette (puisque le film n’a pas méchant à proprement parler) et Terence, son meilleur ami. (Meilleur ami mon œil, le pauvre, il va se faire voler sa douce et tendre par Peter avant d’avoir réussi à dépasser leur amitié ou quoi ?).

Plutôt lent, ce film est une bonne introduction à la saga (initialement prévue en 4 films, dorénavant en 5). L’animation est de bonne qualité, même si la technique par ordinateur donne toujours un aspect « plastique de bain » aux personnages. Sur une fée ça passe, mais sur un humain, moins bien. Les paysages sont eux, féériques, c’est le cas de le dire. Je suis restée baba devant la Reine Clarion, son aura dorée, ses ailes et sa robe d’or liquide… Le scénario est simpliste mais efficace, destiné aux petites filles, il passe bien auprès des grandes aussi. Par contre pour les garçons, ça risque de faire trop fille justement, pas que ce soit rose bonbon de bout en bout, mais ça manque d’action. Et une fée, ce n’est pas trop masculin. Ceci dit, j’imagine que le personnage de Terence, qui s’épaissit dans la suite de la saga, est là pour ça. Pour permettre aux garçons d’avoir un point d’encrage dans le film. Ils préféreront toujours un film de voitures.

Avec ses gentilles ritournelles, ses animaux tout mignons et sa poussière de fée, La Fée Clochette est un film qui sait charmer les petits, et même les plus grands. Ceux-ci pourront en effet noter quelques références au Peter Pan original. Dont une pas du tout explicite (ironie) à la fin du film…

 



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