Critique – Molly Monster


Vous avez l’habitude de me lire sur des critiques d’anthologies de courts-métrages jeunesse alors aujourd’hui, pour varier, je vais vous parler d’un long-métrage : Molly Monster, réalisé par Ted Sieger, Michael Ekbladh et Matthias Bruhn, distribué par Little KMBO, dont la sortie en salles est prévue pour le 10 mai.

Petite Molly a tricoté un bonnet pour le bébé monstre que sa maman attend. Molly est impatiente de devenir grande sœur. Pourtant ses parents partent sans elle sur l’île aux œufs pour la naissance. Molly ne pourra pas offrir son bonnet au bébé. Quelle déception ! Mais accompagnée de son meilleur ami Edison, Molly décide d’entreprendre le voyage pour rejoindre ses parents et accueillir le bébé comme il se doit. Valise à la main, Edison sous le bras, voici Molly partie !

Les personnages évoluent dans un univers à la fois irréel et coloré, ce qui ne les empêche pas d’avoir une certaine cohésion avec la modernité sociale. On découvre une famille traditionnelle où l’on assiste à des torsions des clichés classiques de l’héroïne à la mère de famille. La petite Molly s’avère déterminée, voir vénère, dès le début de l’histoire et compte sur son ingéniosité pour atteindre la fameuse île aux œufs.

Le film casse aussi les clichés vis à vis du rôle attribué à chaque parent, par exemple, on peut dire d’Etna la maman, qu’elle est rapide et furieuse. Je suis sûre qu’elle mange deux Dom au petit déjeuner, tellement cette dernière maîtrise la conduite sur terre, en montagne… ira-t-elle jusqu’à la mer ? De son côté Popo, le papa, est un vrai soutien en prenant à sa charge la couvaison de l’œuf du futur nouveau-né, ainsi qu’un soutien moral toujours présent.

Aussi, Molly est accompagnée de son meilleur ami, le râleur Edison. Le petit chat bleu mécanique agit à la fois comme le sidekick de service mais aussi comme un Jiminy Criquet réticent et grognon, comme un reflet de la mauvaise conscience de Molly alors qu’un nouveau membre de la famille Monster va poindre le bout de son museau, ne faisant plus d’elle le principal centre d’attention. La relation entre Edison et Molly va d’ailleurs bien être mise à l’épreuve durant ce voyage et qu’on l’aime ou qu’on le déteste, le petit chat mécanique ne passe pas inaperçu.

Toujours dans cette continuité, le doublage français surprend par des choix par forcément évidents mais bienvenus : on se retrouve avec une voix plutôt rauque pour Molly et un timbre délicat pour Popo. Edison, quant à lui, a un accent belge qui lui apporte un certain charme distinctif.

Visuellement, le chara-design respecte le trait original de Ted Sieger et on découvre ainsi une galerie de monstres variés, avec un coup de cœur sur les bouilles des voyageurs du train qui tourne en rond. Un soin particulier a été apporté aux décors dans la dépiction de l’univers naturel et fantastique ainsi que dans l’utilisation de la lumière, qui apporte volume et reliefs sans tomber dans les flous photographiques, ce qui préserve le côté illustratif du récit. On apprécie esthétiquement l’épopée de Molly !

Après l’image, passons à la musique et surtout les chansons ! Et c’est à ce moment-là que cela devient difficile, notamment durant la première moitié de l’histoire où les chansons de présentation sont empilées les unes sur les autres sans aucune forme de mise en scène, ce qui est clairement dommage au vu de l’ambiance fantaisiste englobant les personnages. Heureusement, dans la deuxième partie du métrage, on remarque une meilleure utilisation des décors dans une bonne scène d’action chantée, ce qui permet de passer une fin du film plus apaisée et fluide.

La musique originale, composée par Annette Focks, porte l’univers grâce à de belles mélodies où les cordes sont bien mise en valeur. On voyage ainsi agréablement dans le monde coloré de la famille Monster, et on regrette qu’elle ne soit pas présente à la place de certaines plages de chants.

Malgré mes réserves, Molly Monster se laisse découvrir avec plaisir de part son univers fantasque et ses personnages haut en couleurs. L’histoire, sans être révolutionnaire, est bien tenue dans sa longueur et a une résolution satisfaisante. Prévu pour les enfants de plus 4 ans, il est rythmé et totalement adapté à ce public. Je vous invite donc à y aller en famille, vous ne serez pas déçu !



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