Critique – L’arte della Felicità


Premier long-métrage du Festival à être visionné par votre serviteur, L’arte della felicità aura doublement déjoué mes attentes de spectateur. Je n’avais comme connaissance du film que son résumé et la bande-annonce visible en ligne, et quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur un tel récit !

Sous un ciel de plomb, dans le paysage apocalyptique d’une Naples plus dégradée que jamais, Sergio, un chauffeur de taxi, apprend une nouvelle concernant son frère qui le bouleverse. Rien ne sera plus jamais pareil.

Alors que tout laissait présager d’un récit sur la rivalité fraternelle, c’est en réalité une narration bien plus intérieure qui nous est jouée par l’un des deux frères, Sergio, tandis que l’autre est parti suivre une voie plus spirituelle en Asie.

Dilemme de celui qui reste, culpabilité du survivant, turpitudes existentielles, réflexion sur l’art et la création : L’arte della felicità c’est tout ça à la fois, la densité thématique du métrage n’étant défiée que par celle du mixage sonore. En effet, l’image est très belle, voire même esthétisante lors de certains passages, et l’animation, assisté par une mannequin 3D qui donne une forte impression de rotoscopage (ce qui peut être considéré comme de la triche par les puristes), permet de garder une consistance sur la durée.

Mais c’est l’omniprésence et la superposition de la voix et de la musique qui finit par parasiter le visionnage. La première est admissible vu l’importance du personnage principal et de son point de vue, mais que dire de la présence de la seconde, surtout pour lutter pour la possession des canaux sonores ?

Si le fond de l’histoire est très intéressant et que l’on ressent de l’empathie pour notre héros, ma petite déception vint du générique de fin, qui évoque l’après film pour les personnages… une histoire qui semble bien plus intéressante que celle qui nous a été raconté, ce qui est un peu dommage.

Mais ça ne gâche pas les efforts déployés sur le fond de l’histoire et cette relation de confiance finalement brisée entre ces deux frères, dont de nombreux aspects tapent juste malgré les quelques défauts de tournure et une scène onirique un brin gratuite, même si somptueuse à l’écran.

Il reste que la forme est très adaptée au fond, et les nombreux changements de dominances de couleurs sont très chatoyant, donnant une lisibilité immédiate de l’image et de son contexte en ce qui concerne la narration.

Les intentions formelles sont donc présentes et complètement réalisées. Peut-être que l’histoire, ou du moins son fil conducteur aurait-il pu être un peu plus clarifié en cristallisant certaines pensées en images, libérant de l’espace pour la très belle musique tout en rendant le métrage un brin moins bavard.

Il se peut que ce déséquilibre soit à trouver dans le fait que L’arte della felicita est le premier long-métrage en tant que réalisateur pour Alessandro Rak, sur lequel il occupe également les postes clés de co-scénariste, directeur artistique, superviseur de l’animation 2D et qu’il s’est chargé du compositing ! Gageons donc que pour son prochain long, Rak sera plus focalisé sur un poste et, du coup, encore mieux armé grâce à cette expérience. Je ne vous cache pas que j’attends ses prochains projets, qui peuvent nous donner un film tout aussi beau et mieux équilibré dans sa narration.



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