L’histoire autour du personnage principal s’installe progressivement afin de faire entrer complètement le spectateur dans un univers particulier. En effet, on est face à un univers proche du thriller fantastique qui prend aux tripes.
Un prisonnier tout juste évadé va tenter de récupérer un butin caché quelques années auparavant dans un petit village perdu et isolé.
L’issue pour notre héros ne saute pas immédiatement aux yeux et laisse planer le doute, ce que j’ai trouvé appréciable. La tension entre les personnages est toujours latente, notamment pour l’apôtre, qui se caractérise par une gestuelle méphitique qui donne le frisson. On découvre un univers où chaque détail est soigné, travaillé pour y imprégner le spectateur. Le tout est baigné dans une photographie dorée caractéristique du cinéma hispanique. On peut rapprocher cette lumière à celle du directeur photo Guillermo Navarro (L’échine du Diable, Le Labyrinthe de Pan).
Les décors sont réalisés avec minutie, laissant croire à une vie autrefois plus active dans ce village perdu. Les personnages possèdent quant à eux une esthétique tranchée que l’on peut rapprocher de celle de L’Étrange pouvoir de Norman. Les expressions des visages sont franches et expressives, participant à enrichir l’ambiance délicieusement fantastique. La gestuelle évoquée précédemment se détache par une raideur des silhouettes faisant penser au cinéma expressionniste allemand (Nosferatu de Murnau). L’interprétation vocale des personnages est justement bien servie et laisse cette froideur toute fantastique dans l’atmosphère et Géraldine Chaplin campe par exemple une Dorinda glaciale. Je vous recommande chaudement la vision de ce film tant son univers dense et prenant ne vous laissera pas indifférent. Si vous êtes amateur de cinéma fantastique, vous serez touché par ses références subtiles. Et si vous aimez les surprises, le film recèle une pépite que je vous laisse découvrir en salles. https://www.youtube.com/watch?v=AQeg-SC29S8