Félicie dans le film d'animation Ballerina

Critique – Ballerina


Ballerina, réalisé par Eric Summer et Eric Warin, est le film d’animation français tout public de cette fin d’année. L’histoire touchante d’une orpheline venue à Paris réaliser ses rêves a de quoi séduire petits et grands, surtout en période de Noël où tout le monde aspire à de jolis contes de voeux exaucés plein de bons sentiments.

Félicie est une jeune orpheline bretonne qui n’a qu’une passion : la danse. Avec son meilleur ami Victor qui aimerait devenir un grand inventeur, ils mettent au point un plan rocambolesque pour s’échapper de l’orphelinat, direction Paris, ville lumière et sa Tour Eiffel en construction ! Félicie devra se battre comme jamais, se dépasser et apprendre de ses erreurs pour réaliser son rêve le plus fou : devenir danseuse étoile à l’Opéra de Paris…

J’attendais Ballerina avec une certaine impatience depuis le work in progress qui s’était tenu à Annecy en 2015 et auquel j’avais assisté. J’y avais découvert le scénario, les personnages principaux, la reconstitution de Paris et le travail effectué sur les scènes de danse. J’avais conclu mon compte-rendu en disant que le film serait “au minimum sympathique”. Sympathique, il l’est, mais également très déséquilibré. J’ai l’impression que l’on a davantage prêté attention à la réalisation qu’à l’écriture.

Je m’explique. Les bâtiments, les couleurs, les lumières, l’ambiance, les détails… Paris est superbe. C’est un plaisir d’arpenter les rues pavées avec Félicie et Victor, de découvrir la Tour Eiffel et la Statue de la Liberté en construction. L’Opéra Garnier est sublime, fidèle à l’original : y entrer avec Félicie est comme y entrer pour de vrai. Je l’avais visité deux fois et après Ballerina, cela fait désormais trois fois. Les grands escaliers, les balcons, les marbres, les chandeliers… Tout y est. On découvre même des zones fermées au public, les salles de danse, l’arrière de la scène… jusqu’au toit !

Les scènes de danse sont impressionnantes. On y retrouve la justesse de mouvements que j’avais tant aimé dans le Duet de Glen Keane, la poésie en moins, l’énergie en plus. On sent vraiment le travail réalisé avec Jérémie Bélingard et Aurélie Dupont, deux chorégraphes et danseurs professionnels. Ils nous avaient vendu la scène de combat de danse entre Félicie et sa concurrente Camille, qui est effectivement un climax du film, une vraie battle au sein du palais Garnier. Toutefois, j’ai préféré la scène où Félicie, qui se libère pour un soir de la droiture des petits rats de l’opéra, se lâche et performe dans un bar une danse aux inspirations irlandaises (me semble-t-il).

En revanche, et c’est là que Ballerina pêche un peu, le scénario est facile et les personnages caricaturaux. Passons sur le scénario cousu de fil blanc, mais tout de même bien cousu, si je puis dire. Ils ont même évité un écueil dont j’avais peur, celui de faire d’Odette la mère perdue de Félicie, ou sa tante, la meilleure amie de sa mère… Aucun lien entre les deux que celui qui se tisse au fil du film, et c’est beaucoup mieux ainsi. Par contre, la scène de “révélation” des souvenirs de bébé Félicie n’apporte finalement pas grand chose. Tout comme la grande évasion au début du film, qui n’a d’autre intérêt que d’amuser, de montrer une belle technique d’animation et la détermination des deux jeunes gens.

Attardons-nous plutôt sur les personnages. Félicie est une irréfléchie butée et incroyablement agaçante, comme bon nombre d’enfants à son âge, qui nous gagne au fil du film. Un personnage à l’opposé des petites choses graciles et fragiles qui peuplent les films d’animation Barbie autour de la danse. Je trouve même qu’elle a des traits assez masculins, surtout de face quand on ne distingue plus la queue de cheval mais une vague coupe de cheveux. Le personnage me plait beaucoup. Victor, tout en étant le portrait typique mais assez juste du jeune garçon bravache, verse un peu trop dans le pet et le curage de nez pour remporter ma totale adhésion.

Mais que dire des personnages secondaires… Odette est la femme brisée et enfermée dans sa solitude par excellence, le maître de danse est l’homme dur et froid secrètement doté d’un cœur en or, le danseur étoile est un nigaud imbu de lui-même, Camille la meilleure ennemie qui retourne sa veste. Des rôles sur mesure pour l’histoire, peu originaux mais soit. La durée du film ne permet pas de développer correctement tous les personnages (il y en a vraiment beaucoup), ils ne sont pas au cœur de l’histoire, ils fonctionnent comme ça etc. Des éléments que l’on peut comprendre.

Par contre, j’aimerais qu’on m’explique le personnage et le rôle de la mère de Camille. C’est une méchante plus que caricaturale, une Lady Tremaine sans envergure, gratuitement méchante. J’ai été marqué par la scène effrayante du film Les 101 Dalmatiens où Cruella devient folle au volant de sa voiture, les yeux rouges, assoiffée de sang, parfaite. Ici, la méchante de service pète complètement un câble et poursuit Félicie avec une hache, souhaitant lui couper la tête. C’est ridicule. Réincarnation de la Reine de Coeur ? Psychopathe sous psychotropes ? Elle devait vraiment tenir à ce que sa fille soit la nouvelle étoile de l’opéra de Paris !

Le film est beau, et son côté carte postale parisienne de la fin du XIXe devrait lui valoir un joli succès international. L’histoire, classique, séduira les enfants, surtout les petites filles. D’ailleurs j’en ai surpris quelques unes sortir de la salle en essayant de faire des pointes ou des entrechats. Ballerina devrait faire naître quelques vocations de danseuses étoiles qui chercheront à marcher – danser – dans les pas de Félicie !


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