Diffusé au Festival International du Film d’Animation d’Annecy (catégorie Contrechamp), au festival Premiers Plans d’Angers et en ouverture du Festival national du film d’animation de Rennes Métropole, Pelikan Blue de László Csáki mêle plusieurs récits de vie pour aborder la situation d’une époque de manière plus colorée et pertinente qu’un simple documentaire.
Dans les années 1990 en Hongrie, voyager est enfin possible mais inabordable. En fabriquant de faux billets de train internationaux, trois jeunes hommes permettent à toute une génération de découvrir le monde extérieur. Avec la chute du rideau de fer, les frontières de la Hongrie s’ouvrent soudainement. Tout le monde veut voyager en Europe occidentale, les jeunes en particulier, mais le prix d’un billet de train est prohibitif. À quoi sert la liberté si on ne peut pas se l’offrir ?
Les tribulations d’Ákos, Petya et Laci, jeunes hommes déterminés à voyager sans dépenser un clou dans l’ouest de l’Europe, sont riches en rebondissements et démontrent comme ils sont à la fois pleins de ressource et bêtes comme des gens de leur âge, respectant les témoignages des différents participants ayant réellement existé et s’étant entretenu avec des journalistes sur leur trafic dans les années 2010.

La direction artistique et la palette de couleurs utilisée pour les années 90 fait mouche dès les premières séquences, tout comme les habits très représentatifs de l’époque et la musique de fond, tout participe à rendre les aventures du trio aussi réalistes que rocambolesques. Depuis le concept de base de l’escroquerie jusqu’aux différentes itérations pour prouver la faisabilité et surtout les ressources et compétences mobilisées par les personnages sont admirables à regarder, tout en contraste avec leurs relations sociales, élément qui causera leur perte.
A la fois divertissant, hilarant et touchant, Pelikan Blue va plus loin que son postulat de départ en suivant ses personnages au-delà de cette période souvent idéalisée, voire même fétichisée sur les écrans actuellement, et nous éclaire sur ce passage de leur vie et ce qu’ils en ont retiré, mettant en relief la vie désargentée qu’ils ont vécu au sein de la Hongrie post-soviétique.
Cette chronique de jeunesse vaguement criminelle sait de plus être proprement rythmée tout en gardant ses personnages au cœur du récit, faisant preuve d’une humanité et d’une tendresse envers Ákos, Petya et Laci, dont les ambitions de voyager en Europe de l’ouest à peu de frais sont désormais devenue immortelles grâce au médium de l’animation.
Pelikan Blue ouvre le Festival national du film d’animation de Rennes Métropole le 22 avril dès 20h au TNB. Réservez vos places !