Critique – Lego Batman, le film


Après le raz-de-marée La Grande aventure Lego puis Cigognes et Cie, le Warner Animation Group accélère la cadence avec ce spin off sur la minifig à l’effigie dark knight, à savoir Lego Batman, le film. Précédé d’excellente bande-annonces et d’une polémique due à des choix de doublage français destinée à rameuter un peu plus la jeunesse en salles, Lego Batman, le film, réalisé par Chris McKay est sur les écrans du territoire. Alors, bat ou bad ?

Dans l’esprit d’irrévérence et de fun qui a fait de La grande aventure Lego un phénomène mondial, Celui qui se voyait lui-même comme l’homme de tête du groupe, Lego Batman est le héros de son propre long-métrage : Lego Batman, le film. Mais de grands changements se préparent à Gotham City, et s’il veut sauver la ville des griffes du Joker, Batman devra laisser tomber l’idée du justicier solitaire, essayer de travailler avec les autres et peut-être, je dis bien bien peut-être, apprendre à voir la vie un peu moins en noir et en nuance de gris foncé.

Lourd fardeau pour Chris McKay : se mettre au niveau du film de Lord et Miller, avec un présupposé forcément plus astreignant, puisque Lego Batman, le film se doit d’être un bon film Batman comme un bon film Lego, ce qui n’est pas une mince affaire. Le réalisateur est aidé en cela par l’aspect méta mis en place dans La Grande aventure Lego, ici appliqué à la mythologie extensive du héros de Bob Kane et Bill Finger, et se permet de piocher dans le multivers Lego pour épicer son troisième acte de manière ludique, sans pour autant laisser le train sortir des rails.

Et c’est pour moi un pari gagné, car malgré les embûches citées, le film s’en sort très honorablement et sous couvert d’une histoire assez classique, permet de se payer la tête de tous les films Batman, que ce soit au détour d’un dialogue, par un gag visuel, par un bruitage, le tout souvent mitraillé au kilomètre durant certaines séquences déjà riches en action, ce qui demande de rester assez concentré (voir de penser à une deuxième vision pour être certain d’avoir tout attrapé au vol).

Et c’est bien un point où le réalisateur, en étroite collaboration avec le studio Animal Logic, a fait un super boulot : véritable bonbon pour les yeux, le métrage se permet des débordements esthétiques fabuleux qui dépassent ceux de son prédécesseur. Le découpage est nickel, les animations (avec certes plus de tricheries, les membres des minifigs étant souvent dégondés ou étirés) sont très bien gérées et les effets à base de briques (feu, eau) sont parfaits, avec toujours ce petit plus, cet effet haché hérité des films stop-mo lors des séquences plus intimistes, qui fait toute la différence.

Pour évacuer la question même des voix françaises, j’ai eu la chance de voir le film dans sa version originale sous-titrée, et l’énorme casting est au diapason, depuis Will Arnett (Batman) jusqu’à Ralph Fiennes (Alfred) en passant par Zach Galifianakis (Joker), Michael Cera (Robin) ou encore Rosario Dawson, sans parler de la demi-tonne de caméos divers. Evidemment, les sous-titres étant calés sur ce que les personnages disaient en version française, un certain nombres de répliques plus marrantes furent aplaties par la traduction, quand ce n’était pas tout simplement intraduisible en l’état.

Mais dans cet océan de compliments, y a-t-il des choses qui furent gênantes ? Il y en a, il y en a : la musique, en premier lieu, est un peu faible, ce qui n’est pas une surprise puisque c’est Lorne Balfe qui est aux commandes, pour des partitions qui se font largement dévorer par la sélection musicale de chansons disséminées ici (comme le générique de début) et là, bien plus entêtantes. Ensuite, tout comme le premier métrage du WAG, il a le défaut de ses qualités, à savoir une intensité, voire une hystérie, qui peut déranger le public. En cela, et c’est aussi certainement dû au passif de son réalisateur, ce Lego Batman, le film ressemble à un épisode spécial de Robot Chicken auquel on aurait retiré les vannes les plus saignantes, et qui peut donner l’impression de s’enfiler une série de sketches parfois gratuits tant leur nécessité peut-être discutée sans fin pour peu que l’on entre pas dans le délire.

En fin de compte, ce Lego Batman, le film, malgré tourtes ses qualités, serait plutôt à réserver à un type particulier de public, un peu plus âgé que la traditionnelle cible enfantine, tant les nombreuses blagues qui le peuplent seront en grande partie indéchiffrable pour les moins de 10 ans. Attention, je ne dis pas qu’il profiteront pas du spectacle, mais la chose leur semblera certainement plus absconse, tout en restant bien divertissante.


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