Critique – La Vengeresse de Jim Lujan & Bill Plympton a détruit L’Étrange Festival XXII !


C’est dans la salle 300 bien remplie du Forum des Images que Coralie et moi nous découvert en deuxième avant-première mondiale La Vengeresse de Bill Plympton et Jim Lujan. Le premier était d’ailleurs présent pour introduire le film aux spectateurs de l’Étrange Festival.

Le chasseur de prime un peu loser Red Rosse se retrouve en grand danger à partir du moment où il accepte le travail de l’ancien catcheur devenu sénateur Deathface. Sa mission : retrouver Lana, une adolescente pleine de secrets, mais il ne sera pas seul sur le coup… une galerie de mercenaires veille à empocher la récompense promise par Deathface.

L’intrigue se déroule en deux temps : on découvre d’abord la mission et la course poursuite entre les mercenaires et la mystérieuse Lana, ce qui permet d’introduire une galerie de personnages avec des gueules de western et tout un univers urbain riche en références cinématographiques.

En effet, difficile de ne pas penser à la filmographie de Tarantino et aux Guerriers de la Nuit dans l’utilisation de chansons punk-rock marquantes. Puis, on bascule vers un point de vue plus actif où l’on apprend à connaître Lana et le pourquoi de son désir de vengeance.

On se laisse facilement porter par l’histoire jusqu’à la découverte des raisons profondes de notre vengeresse et après ça, le film prend son temps et connait une baisse de rythme; comme pour torturer le spectateur alors que l’on a envie d’une seule chose : voir Lana faire la peau au véreux Deathface.

On assiste parfois à des moments à la limite du contemplatif, rappelant l’atmosphère des westerns spaghetti et leurs déserts infinis.

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Le personnage de Lana, qui passe du statut d’enjeu à celui d’héroïne active, se révèle être badass et sensible à la fois. On a envie de la suivre au bout du monde tant elle gère son plan presque parfait (mais attention, vous n’en saurez pas plus !). On en apprend aussi sur ses origines métissées par petites touches et d’où vient sa science du combat, ce qui est d’ailleurs soutenu par une interprétation vocale tout en justesse de l’actrice Sara Ulloa. Sa présence glaciale et déterminée laisse un arrière gout des films de vengeance japonais comme Lady Vengeance ou la saga de La Femme Scorpion.

Aussi, en plus de la musique, Jim Lujan fournit une performance exceptionnelle en interprétant une galerie de personnages aussi cinglés les uns que les autres, cela va de Red Rosse à…sa maman haute en couleurs, le couple sulfureux Miss Candy et Deathface en ajoutant des mercenaires assoiffés d’argent. Le réalisateur possède une connaissance tellement pointue de son univers qu’il est à l’oreille difficile de l’identifier puisque les nuances vocales liées à l’âge et au sexe sont respectées. Chapeau !

L’animation des personnages féminins porte la patte de Plympton, par leur sensualité et l’expression d’une rondeur corporelle, ce qui transpire sur la sexy mais tout aussi redoutable Miss Candy, l’assistante de Deathface. Elle possède la bouche d’une pin-up ainsi que l’intelligence aiguisée d’une working girl des années 80 et mène l’ancien catcheur à la baguette. D’un autre côté, les protagonistes masculins semblent tout droit sortis de Sanjourno Must Die, la web-série à l’univers gangster de Jim Lujan, car ils portent en eux la cupidité de ce milieu où toutes les ruses sont bonnes pour se débarrasser de la concurrence.</p

Le mariage de la maîtrise de l’animation de Plympton et la richesse créative de Lujan donne à La Vengeresse un éclat et une rugosité particulière. Ces deux qualités sont des motivations suffisantes pour avoir envie de soutenir ce binôme sur de futurs projets car c’est une une première collaboration plutôt réussie ! ED Distribution sortira le film dans nos salles en 2017, comptez sur moi pour suivre l’évènement de près. https://vimeo.com/167538817


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