Critique – La colline aux coquelicots


La colline aux coquelicots (Kokuriko zaka kara) est le deuxième film de Goro Miyazaki au sein du studio Ghibli. Sorti en France le 11 janvier 2012, il s’agit en fait de l’adaptation d’un shôjo manga des années 80 sur un scénario de Hayao Miyazaki.

Umi est une jeune lycéenne qui vit dans une vieille bâtisse perchée au sommet d’une colline surplombant le port de Yokohama. Chaque matin, depuis que son père a disparu en mer, elle hisse face à la baie deux pavillons, comme un message lancé à l’horizon. Au lycée, quelqu’un a même écrit un article sur cet émouvant signal dans le journal du campus. C’est peut-être l’intrépide Shun, le séduisant jeune homme qu’Umi n’a pas manqué de remarquer… Attirés l’un par l’autre, les deux jeunes gens vont partager de plus en plus d’activités, de la sauvegarde du vieux foyer jusqu’à la rédaction du journal. Pourtant, leur relation va prendre un tour inattendu avec la découverte d’un secret qui entoure leur naissance et semble les lier… Dans un Japon des années 60, entre tradition et modernité, à l’aube d’une nouvelle ère, Umi et Shun vont se découvrir et partager une émouvante histoire d’amitié, d’amour et d’espoir.

Par moments, l’histoire prend un tournant très « Amour, Gloire et Beauté » avec des dialogues à la limite du ridicule et des jeux d’attitudes plus qu’attendus entre les personnages. Sans compter les ‘rebondissements’ cousus de fil blanc et les nombreux flash-back qui plombent le récit. En effet, si l’on attend et craint la prochaine péripétie on entre quand même dans le récit aux cotés de Umi et Shun, mais les flash-back, tentative de séquence émotion, saccadent le récit. Le spectateur éprouve la sensation de ne plus être devant le même film.

En revanche, toute la trame autour du Quartier Latin et de la mobilisation étudiante est bien traitée. L’environnement, le journal, l’époque et même les premiers émois de ces jeunes sonnent justes. Du moins jusqu’à ce cette histoire de paternité mal exploitée gâche la relation entre les deux jeunes gens. Il y a trop de retournements et de mauvaises péripéties pour arriver à un happy end bien fade…

Ce premier essai des studios dans le shôjo me laisse sur un sentiment mitigé. Peut-être qu’ils n’ont pas adapté le bon manga, ou que l’histoire n’est pas assez compatible avec le format cinéma, ou bien encore que le rythme du récit a été mal orchestré. A noter aussi des éléments visuels étranges pour le studio il me semble, notamment lors de la scène du rêve de Umi. Un personnage seul sur fond noir, des fonds pâles et flous pour une séquence ‘rêvée’… Étrange.

Le deuxième essai de Goro Miyazaki

Après Les contes de Terremer, il s’attaque à un genre tout à fait différent et n’est plus seul aux commandes. Il est donc difficile de juger son travail. Mais l’animation ici est économique, on a peu d’images par seconde ce qui donne un style figé, lent. Ce qui ne choque pas vraiment puisque le récit en lui-même est lent. En revanche le chara-design est simpliste. Les personnages principaux ont un visage épuré quand les personnages secondaires semblent mal dégrossis et surtout, déjà vus. Aurait-on réutilisé des personnages de second plan pour finir le film à temps suite au tsunami ? Ou n’est-ce qu’une impression au premier visionnage ?

Les décors sont, comme d’habitude dans les productions Ghibli, superbes. Je suis particulièrement sous le charme du Quartier Latin, à l’architecture d’inspiration française, tant pour sa beauté que pour l’ambiance qu’on y retrouve. Ambiance et état d’esprit parfaitement traduits par les chansons, très présentent dans ce film. On note des chansons en VO (sous-titrées pour notre compréhension, très bonne idée, merci) mais également, et c’est une première, des chansons en français ! S’il existe une version française de la chanson d’Arrietty c’est uniquement car la compositrice est française (Cécile Corbel, ndrl). Ici, les chansons traduites sont celles interprétées par l’ensemble des élèves et ce car elles sont parties intégrante du récit et de sa compréhension. On peut ainsi, même sans connaitre l’époque ni la culture, mieux appréhender les motivations des différents personnages.

C’est un film agréable, à la musique sublime. Dommage que la trame soit mal équilibrée et que l’histoire tourne à la mauvaise comédie romantique. Heureusement tout ce qui touche au Quartier Latin est de très bonne facture, et remonte le niveau général. Difficile de savoir où cela n’a pas marché, si c’est l’histoire originale ou la collaboration père/fils, mais ce film a un petit goût de ‘tentative’. https://www.youtube.com/watch?v=HTYN0TgvoIU


A lire dans le même genre

Dernières publications

  • Critique – Transformers : Le Commencement

    Critique – Transformers : Le Commencement

    L’ubiquité de la franchise Transformers est indiscutable : un raz de marée de jouets depuis 1984 généré par Hasbro et renforcé par de nombreuses séries animées à la télévision, sept longs métrages en prise de vues réelles au cinéma depuis 2007 et pourtant, jusqu’ici, un seul film d’animation sorti au cinéma ? C’était il y…

  • Aardman animera le retour de « Pingu »

    Aardman animera le retour de « Pingu »

    Après une série d’animation en 3D faite au Japon par Dandelion animation, Pingu et son légendaire « Noot noot » reviennent à la source avec l’annonce d’une nouvelle série en stop motion, cette fois-ci au studio britannique Aardman (qui s’y connait assez bien en animaux, silencieux ou non). « Chez Aardman, nous adorons collaborer avec des propriétés…

  • Critique – Le Robot Sauvage

    Critique – Le Robot Sauvage

    Après un détour par la prise de vue réelle avec L’Appel de la Forêt, Chris Sanders revient à l’animation avec Le Robot Sauvage chez DreamWorks Animation, disponible actuellement en salles et dont nous vous avions parlé en milieu d’année. Le Robot Sauvage suit l’incroyable épopée d’un robot – l’unité ROZZUM 7134 alias “Roz” – qui…