Après avoir fait le Cartoon Movie 2013 et être entré en production grâce aux différentes forces réunies (qui vont du fond de production flamand à Superprod, par ailleurs distingué cette année au Cartoon Forum), Cafard de Jan Bultheel est adapté des récits des combattants du bataillon ACM lors de la première guerre mondiale, que l’on peut trouver dans L’Odyssée des autos-canons-mitrailleurs (Le tour du monde du Corps expéditionnaire belge de 1915-1918), nous avons désormais beaucoup de nouvelles de ce long-métrage indépendant en motion capture à destination des adultes, qui a été projeté au festival du film d’Ostende durant lequel il a reçu un accueil très positif.
Si la base de l’histoire prend racine dans des faits réels, Jan Bultheel a rajouté au contexte un côté dramatique, comme l’en atteste le synopsis du film :
1914. Pendant qu’à Buenos Aires Jean Lemarin remporte le titre de champion du monde de lutte, sa fille Mimi est violée à Ostende par des soldats allemands. Jean fait le serment de venger cette ignominie. Avec son entraîneur Victor et son neveu Guido, il s’engage au sein du prestigieux bataillon ACM (“Autos-Canons-Mitrailleuses”). Mais les lourds véhicules blindés ont le défaut de s’enfoncer dans la boue flamande et le bataillon est muté vers le front de l’Est. Au grand dam de Jean, qui vient d’apprendre que Mimi est enceinte, débute ainsi une odyssée dramatique autour du monde…
La particularité de Cafard, outre son sujet, est d’avoir été tourné en motion capture pour un rendu très spécifique et dépouillé qui ne manque pas d’intérêt. La décision même du tournage avec une telle technique vient du réalisateur, qui a cherché à bénéficier du travail d’échange avec les acteurs et la part d’émulsion créative qui en résulte pour faire vivre les personnages, quelque chose rendu possible par la limitation technique, qui induit un délai entre l’enregistrement des données et son retour sur écran pour vérification.
Cette approche lui a permis d’évacuer l’étape du storyboard et de penser les cadrages et le rythme plus en aval de la production.
Cette phase a eu lieu à Angoulême, au studio Solidanim, après avoir passé une période à développer les modèles, le rigging et le skinning sous une forme basique afin d’avoir un retour image satisfaisant. Après le tournage, qui s’est déroulé comme tout ceux qui exploitent cette technique, le film a été découpé et les angles de vue choisis afin de pouvoir donner une première idée du film, qui ressemble à ce moment là à « des Barbie grises marchant dans un paysage de Lego ». Une fois le découpage validé commence la partie où le film recevra son look définitif, que vous pouvez voir dans la bande annonce du film.
Les couleurs appliquées à l’image viennent d’un choix de composition de Bultheel, qui peint en amateur et qui aime la peinture à l’huile :
« Je suis convaincu que les couleurs ont une charge dramatique. Une scène aux teintes dominante jaune est différente d’une en bleu. Une scène joyeuse happée par du vert constitue un avertissement dramatique. Et une scène très triste en orange donne une note d’espoir. Une scène dans la neige peut avoir une couleur brune sans que vous y prêtiez attention et une scène dans la boue peut être habillée de blanc d’une manière à ce que vous l’acceptiez naturellement. Je crois en la force des couleurs pour communiquer message précis. C’est en tous cas mon but avec Cafard. »
Et le film, qui a désormais terminé sa phase de post-production en ajoutant à sa version française Benoit Magimel, Jean-Hugues Anglade et Julie Gayet qui rejoignent Dinara Drukavora déjà présente au casting flamand, le tout pour une sortie que le distributeur français Eurozoom (Miss Hokusai) prévoit pour le 9 décembre 2015.
Une très bonne nouvelle qui donne aux amateurs d’animation alternative une bonne fin d’année, puisque sort en décembre La Montagne Magique d’Anca Damian. Une bande dessinée par Amira Daoudi et Seppe Van den Berghe accompagne également le film, au moins en Belgique, même s’il sera très certainement possible de la trouver en France.
