Critique – Mimi & Lisa


Cinéma Public Films nous propose d’entamer le printemps avec la sortie de Mimi & Lisa, prévue le 6 avril prochain :

À chaque épisode de Mimi & Lisa, les deux héroïnes vivent une aventure fantastique en plongeant littéralement dans l’univers d’un de leurs voisins. Les caractères complémentaires des deux amies – l’une sage et non-voyante, l’autre fougueuse et délurée – leur permettent de surmonter tous les obstacles.

La réalisatrice Katarina Kerekesovà, connue notamment pour son court-métrage fantastique Pierres (sélectionné en 2012 au Festival du Film d’Animation d’Annecy), nous entraîne à la découverte des cinq sens et de l’univers intérieur de chacune. La narration de chaque épisode, emmenée par Katarina Molakova, prend pied dans les tracas quotidien des deux jeunes filles tout en dévoilant naturellement des mondes à la fois exubérants et colorés tout en animation traditionnelle.

L’ensemble de cette anthologie de six épisodes étant de grande qualité, j’ai décidé de mettre en avant les trois qui m’ont le plus touché, que ce soit par leur thématique ou leur sensibilité artistique.

Adieu, grisaille !

Alors que Mimi et Lisa s’ennuient ferme, elles décident de mettre de la couleur dans la cage d’escalier de leur immeuble, ce qui n’est pas du gout de la concierge. Elles l’entraînent alors dans un endroit où les couleurs explosent afin de lui redonner le sourire.

Les deux jeunes filles et la concierge bougonne passent dans le monde des couleurs par le biais des nuages de poussière de craie ce qui nous offre une transition fluide vers la suite de l’histoire. Cet épisode est donc le reflet du passage naturel entre réalité et monde fantastique car il est agréable de ne pas se poser de question protocolaire avant d’entrer dans l’imaginaire de nos héroïnes. Les couleurs se déploient par de multiples touches aquarellées dont on apprécie la douceur infusée par une petite chansonnette. On a ici une mise en bouche appréciable pour continuer la découverte.

Le Jeu de Cartes

En plein après-midi, Mimi et Lisa jouent au Memory mais cela présente des difficultés pour Mimi qui ne peut voir les cartes et ainsi deviner les animaux de la savane. Elles décident de prendre l’air et croisent leurs nouvelles voisines : deux jumelles couturières avec un sens de l’excentricité jubilatoire. Mimi et Lisa se voient projeter dans une savane de tissus chatoyants afin d’aider un crocodile solitaire.

L’animation en papier découpé nous fait entrer dans une faune et une flore constituées de différents morceaux de tissus par ce biais la réalisatrice donne une dimension tactile à l’épisode. La musique, quand à elle, se fait discrète comme pour souligner le côté sensitif et instinctif de cette aventure de Mimi et Lisa. Le Jeu de carte brille par sa direction artistique originale et par sa narration rythmée, on ne s’y ennuie pas. Avec une telle efficacité, on comprend pourquoi il a été sélectionné dans la catégorie Série TV au Festival International du film d’animation d’Annecy en 2013.

Le Poisson invisible

Mimi et Lisa croisent leur voisine Mélanie, fière de leur montrer son nouveau poisson jaune qui a la particularité de devenir invisible dès qu’il se sent en danger. Une fois dans l’aquarium, le poisson se fait alors harceler par un ban déjà présent de petits goujons rouges. Voyant que la situation devient intenable, les deux jeunes filles décident de faire une virée aquatique afin de reprendre les choses en main.

Dans la lignée des précédents, l’univers esthétique ne déçoit pas ! L’appartement de Mélanie est recouvert d’une toile de Jouy aquatique avec de multiples poissons ce qui donne à l’atmosphère un côté so british. Le récit est ponctué par l’utilisation d’un rap qui dénote agréablement des histoires précédentes, en effet cela apporte une touche de fraîcheur et montre l’étendue de la modernité de Katarina Kreksovà veut apporter à ses récits. Le Poisson invisible allie un message positif d’ouverture à l’autre à une animation réussie qui permet qu’on y accroche de suite !


Mimi & Lisa est une très bonne surprise mêlant une narration moderne à des univers esthétiques recherchés de la patte de Boris Simas. La créatrice Katarina Kerekesovà donne au travers de cette série une démarche intelligente d’éveil et d’ouverture à l’autre. Je vous invite donc à vous rendre en salles le 6 avril prochain ! Les vacances de printemps arrivent à grands pas et c’est le moment parfait pour faire une belle découverte animée.



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