Le Goon animé de David Fincher se rabat sur kickstarter.


Avec un nom aussi prestigieux que celui de David Fincher on pourrait croire qu’il est aisé de mettre sur pied un long-métrage d’animation. Mais c’est oublier la frilosité du marché ambiant et un matériel de départ bien moins facile à appréhender que les héros de Marvel. En Effet, Le Goon d’Eric Powell est un personnage plutôt particulier, lisez donc :

La ville est infestée de zombies, de goules, de monstres… et d’un prêtre déjanté à la tête d’une armée de morts-vivants, bien décidé à conquérir le monde. Accompagné de Franky, son meilleur ami, The Goon est le seul capable de rétablir un semblant d’ordre dans ce drôle d’univers pris de folie.

David Fincher, secondé par le studio Blur, avait produit une bande-annonce très efficace pour tenter d’amener des investisseurs dans le projet, ce qui n’a pas eu l’effet escompté si l’on s’en réfère à l’apparition du projet sur kickstarter, la grande plate-forme de projets à financer par le public. Le coût d’un film d’animation de cette trempe étant astronomiquement élevé, le but du projet est de faire avancer les animatiques et tout ce qui concerne l’enregistrement des voix des personnages (dont celles de Paul Giamatti et Clancy Brown) afin d’avoir une bonne base pour vendre la version finale du film.

Tim Miller et Jeff Fowler, réalisateurs chez Blur studio, ont communiqué quelques informations :

Sur la lenteur du projet :

Nous n’avons jamais arrêté de travailler sur ce projet. C’est juste l’état des affaires à Hollywood. Les réunions, faire le tour des studios, tout ça est très long. Nous l’avons présenté un peu partout et ça a pris du temps. Tous les grands studios nous ont dit « non », alors nous avons dû revoir le budget. Et nous avons recommencé, mais nous étions en train d’attendre que David en ait fini avec son dernier film pour pouvoir faire des réunions. Et pendant que nous attendions, Eric Powell ne lâchait pas l’idée de faire un Kickstarter. Et nous le faisons.

Sur la difficulté d’avoir l’aval d’un grand studio :

Voilà comment ces réunions fonctionnent — nous y allons, nous leur montrons ce que nous avons fait. Tout le monde s’exclame « Oh mon dieu, c’est incroyable. C’est magnifique, j’aime ce projet, c’est super. Quelle serait la limite d’âge ? Pour quel budget ? » [Nous répondons] « Eh bien ce serait du PG-13, avec quelques éléments un peu limite. » Et ils font « Oooh, ok. » Le budget était de 50 [millions de $] et il est désormais plus bas. Au final ils disent « Très bien, c’est parfait, laissez-moi parler avec mes décideurs et nous reviendrons vers vous. » Et c’est tout. Si vous êtes chanceux, vous recevrez un coup de fil quelques semaines plus tard où ils vous annoncent qu’ils ne prennent pas le projet.

Que s’est-il passé avec ce que l’on a montré en réunion et que tout le monde a aimé ? Ils vont simplement voir les personnes de la publicité avec le fait que c’est un projet de film d’animation avec un PG-13 et ces personnes sortent les statistiques des autres films d’animation PG-13 ayant été fait et le bilan de leur carrière. Et quand on regarde ça sous ce prisme, vous avez des films comme La Légende de Beowulf et Final Fantasy : Les créatures de l’esprit. Du coup les gens de la publicité répondent « Nah, ça ne va pas le faire. » Ils ne regardent pas le projet pour ce qu’il est vraiment. Ils le regardent en fonction des autres films qui ont été faits. Et nous ne parlons pas en terme de similitudes visuelles ou autre, juste le fait que  « c’est PG-13 et en animation. » Ce n’est pas juste.

L’objectif est donc de réunir 400.000 dollars pour réaliser un brouillon d’un film d’animation qui, malgré le nom de David Fincher et un budget sans cesse revu à la baisse, n’arrive toujours pas à se faire, le kickstarter ne donnant aucune certitude de réussite pour un produit final. Comme l’a noté très justement Tsuka dans son article sur Catsuka, il est très possible que l’on ait affaire à un coup de  publicité pour relancer le film, ce qui n’est en aucun cas à ça que sert ce site de financement.

Néanmoins, Eric Powell reste très optimiste et affirme sur son blog que tout cela finira bien par arriver, et annonce « Nous devons trouver les personnes adaptées qui comprennent ce que nous essayons de faire et qui nous donnerons le budget nécessaire. Ça peut prendre du temps quand on considère le projet d’un film du Goon. Un film d’animation (dont les gamins ne sont pas le cœur de cible) de gangsters avec des monstres, des meurtres et beaucoup d’humour noir… avez-vous déjà vu ça ailleurs ? »

Sources : io9 et le blog d’Eric Powell  


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