Après les annonces en cascade d’annulation chez Netflix dans le secteur de l’animation, le géant du streaming est venu présenter un line up au Festival d’Annecy sans piper mot sur la situation actuelle, ce qui était évident vu le côté promotionnel de l’opération.
La présentation a commencé par un extrait du Monstre des Mers, une aventure épique de monstres marins réalisé par Chris Williams (Vaiana, Les Nouveaux Héros), qui sera disponible sur Netflix dès le 8 juillet.
Chris Williams a élaboré sur la genèse du film : « Quand j’étais enfant, j’adorais les grandes histoires d’aventure comme Les Aventuriers de l’Arche perdue, King Kong et Lawrence d’Arabie, et je voulais faire un film qui capture cet esprit. Un film qui soit tourné vers l’avenir et qui, en même temps, reconnaisse ses influences dans ces histoires d’aventure classiques. »
Puis le légendaire Henry Selick, réalisateur de Wendell & Wild a présenté un tout premier clip de son film, présentant pour la première fois les deux démons (inspirés des propres enfants de Selick !) interprétés par Jordan Peele et Keegan-Michael Key, qui veulent remonter à la surface pour monter un parc d’attraction. Après l’extrait, Selick est revenu sur les design des personnages et le personnage de Kat, l’humaine qui va pouvoir les aider dans leur projet. Nous vous avions parlé du film lors d’un précédent festival ici.
Henry Selick a ajouté : « En tant que cinéaste, je crois que l’animation n’est pas un genre en soi, c’est un moyen de raconter toutes sortes d’histoires. J’ai choisi l’animation en stop motion, qui est le type d’animation le plus ancien qui existe. Pour moi, l’animation image par image est le moyen le plus magique de raconter des histoires. C’est de la vraie magie, et c’est pourquoi je vais m’y tenir et pourquoi les histoires que je vais choisir de raconter seront racontées en stop motion. »
La réalisatrice du Dragon de mon père, Nora Twomey (Parvana, une enfance en Afghanistan) est montée sur scène et a parlé du parcours créatif de son film chez Cartoon Saloon, nommé cinq fois aux Oscars. « Ce que je préfère dans mon travail de réalisatrice, c’est que je peux guider les scénaristes, les storyboarders, les animateurs de personnages, les artistes FX et les peintres dans la construction de mondes qui sont réels sur le plan émotionnel ».
« J’ai été témoin du processus de pensée de chaque artiste – la vérité derrière chaque image dessinée à la main. Nous formions une équipe qui travaillait ensemble, mais souvent à distance, dans des circonstances difficiles. Chaque artiste créait une histoire pour nous aider à sentir que nous ne sommes pas seuls dans ce monde effrayant », a ajouté Nora Twomey.
L’extrait montré est très en ligne avec ce que propose Cartoon Saloon en terme de qualité, et il faudra patienter avant de voir si cette adaptation du roman de Ruth Stiles Gannett est qualitative, même si entre les mains de Nora Twomey, nous ne nous inquiétons pas trop.
Wendy Rogers, réalisatrice de L‘ éléphant du magicien (The Magician’s Elephant), a présenté une vidéo spéciale et a déclaré : « Je pense que nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir réaliser ce film chez Netflix, car il n’y a pas de style maison, et ils sont donc ouverts aux œuvres qui n’entrent pas dans un moule. »
« Ce film est différent des autres films. Il a un ton différent. Je suis très heureuse que nous soyons en mesure d’intégrer dans ce film toute la technologie et les performances actuelles de l’animation, ainsi que la maturité de cette forme d’art. »
Adaptation du roman de Kate di Camillo, le film semble reprendre la trame du livre : « Pierre-Auguste Duchêne sait que la diseuse de bonne aventure a dit vrai : sa sœur est bel et bien en vie et il lui suffit du suivre l’éléphant pour la retrouver. Invraisemblable? Pas pour ce jeune garçon habité par l’espoir… Et voilà que justement, un éléphant est récemment apparu à Baltese suite à la fausse manœuvre d’un magicien. L’animal serait-il au centre d’une série d’événements aussi improbables qu’extraordinaires ? »
Les quelques moments montrés semblent satisfaisant, mais il est judicieux d’attendre plus pour se prononcer sur la qualité générale du métrage, animé en 3D.
Les coréalisateurs de Nimona, Nick Bruno et Troy Quane (Les Incognitos), ont parlé de leur film d’animation basé sur le roman graphique primé de ND Stevenson, avec Chloë Grace Moretz, Riz Ahmed et Eugene Lee Yang.
Nimona (dont nous vous avions parlé il y a peu) est une histoire sur les étiquettes que nous attribuons aux gens et sur un métamorphe qui refuse d’être défini par quiconque. Bruno et Quane ont ajouté : « Cette histoire a tout pour plaire. Anarchie, punk rock, meurtre, comédie, meurtre, chevaliers, voitures volantes, métamorphes, meurtre et amour. »
Une petite séquence a été dévoilé, rythmée par du temp track, et le résultat est très satisfaisant. Il sera intéressant de voir le résultat final, qui ne sera certainement pas comparable à ce qu’aurait pu sortir le pipeline de Blue Sy Studios, qui était d’une rare efficacité.
Ils ont poursuivi en disant : « Nous ne pouvions pas le faire seuls et des héros de la vie réelle nous ont rejoint. Nous aimons les appeler nos chevaliers et aussi notre famille d’adoption : Annapurna, Double Negative et bien sûr Netflix. »
A suivi un instant data et statistique digne d’intérêt : Plus de la moitié des 222 millions d’utilisateurs de Netflix dans le monde a regardé des animés au cours de l’année écoulée avant de passer à un aperçu du trois long-métrage du studio Colorido (Le mystère des Pingouins et Loin de moi, près de toi) : Les Murs vagabonds, réalisé par Hiroyasu Ishida.
Parlant des origines de son film, Hiroyasu Ishida a déclaré : « Depuis très longtemps, j’ai l’impression d’avoir été attiré par l’apparence des complexes d’habitation. Dès le début, je me suis demandé s’il était possible de créer une histoire à partir des deux personnages, Kosuke et Natsume, et du décor d’un complexe d’habitations.
J’ai continué à réfléchir au concept sur le papier, et j’ai fini par trouver un scénario qui impliquait la dérive. J’ai fait un dessin dans lequel j’ai simplement placé un complexe d’habitations au milieu de l’océan. C’est après ce dessin que nous avons pu décider de l’orientation générale de ce projet. C’était la première grande étape ».
La présentation suivante a porté sur la future série préscolaire Spirit Rangers, créée par Karissa Valencia et produite par Chris Nee.
Chris Nee a déclaré : « Lorsque j’ai rencontré Karissa pour la première fois, j’ai su qu’elle était une jeune conteuse prometteuse et talentueuse, et lorsque j’ai appris qu’elle était amérindienne, j’ai su que nous avions besoin de sa voix et je voulais savoir quelles histoires elle voulait raconter de son point de vue unique. »
À propos de sa série préscolaire, Karissa Valencia a déclaré : « Spirit Rangers a été un travail de rêve pour moi. Non seulement j’ai l’occasion de réaliser une série épique et fantastique, mais je peux aussi combattre ces sentiments de réassurance auxquels les enfants autochtones sont encore confrontés aujourd’hui. » Elle ajoute : « J’ai hâte que les enfants autochtones se voient à l’écran pour la première fois depuis longtemps dans un espace moderne. »
Le co-créateur de My Dad The Bounty Hunter, Everett Downing, a déclaré que la série « est une lettre d’amour à l’animation, à la science-fiction et aux familles noires, le tout réuni dans une comédie pleine d’action ». Le co-créateur Patrick Harpin a ajouté : « Nous avons pensé à tout ce que nous aimions dans la science-fiction et nous l’avons mis dans la marmite, du Dernier Starfighter aux films de John Carpenter en passant par Le Cinquième Élément« .
La collaboration entre le duo de créateurs et les artistes français de Dwarf Animation Studio qui s’occupe de concevoir la série semble se faire sans trop de difficultés, il sera donc intéressant de voir la suite des événements.
Dans une nouvelle vidéo promotionnelle « Inside the Animation » le producteur exécutif et désormais réalisateur de Love, Death & Robots David Fincher, a a commenté : « J’espère que nous n’arriverons jamais à un point où nous aurons défini succinctement ce qu’est LDR, ce serait ennuyeux », en parlant de sa première réalisation animée, Bad Travelling. Est-ce un indice que la série anthologique reviendra pour de nouvelles saisons ? Difficile à dire…
Surprise : Kid Cudi était présent ! Accompagné par Fletcher Moules (Agent King) et Maurice Williams, il est monté sur scène pour parler d’Entergalactic, dont la date de diffusion a été dévoilée : le vendredi 30 septembre.
Créé par Kid Cudi et Kenya Barris, Entergalactic raconte l’histoire de deux jeunes artistes qui doivent faire face aux méandres de l’amour dans la ville de New York. Kid Cudi a déclaré à propos du projet : « Il s’agit d’une histoire d’amour moderne qui vous fera tomber amoureux une fois de plus, mais aussi d’une histoire positive entre personnes racisées, pour changer. » Il a rappelé le casting de la série : outre lui-même, on y retrouvera Timothée Chalamet, Jessica Williams, Laura Harrier, Vanessa Hudgens, Ty Dolla $ign, Jaden Smith et même Macaulay Culkin.
Deux séquences ont été dévoilées, et on a pu apprécier le travail fait par Double Negative, définitivement une compagnie qui peut aisément réussir son saut dans l’animation après des années à être spécialisée dans les effets visuels de films en live action.
Le showcase s’est terminé par une séquences exclusive, une featurette et une bande-annonce quasi définitive du Pinocchio de Guillermo del Toro, qui a réitéré son amour du festival et de ses participant.e.s, assurant qu’il pouvait nous montrer des passages inachevés car le public est ici éduqué sur la question, terminant par : « C’est la décennie où nous pouvons faire passer le mantra que nous connaissons tous, à savoir que l’animation est un film, l’animation n’est pas un putain de genre. »
Il reste désormais 10 minutes du film à animer, et le réalisateur mexicain a insisté pour que les animateurices se libèrent des poses clés pour considérer les hésitations, les accidents dans les postures des personnages : « ils doivent avoir une maladresse, un déséquilibre, une fatigue dans leur corps. »
Un aspect parfaitement délivré dans l’extrait montré où le pauvre Gepetto se réveille après une nuit arrosée et découvre que sa marionnette a pris vie : le charpentier a la démarche la plus naturelle et chaotique jamais animée image par image, et la gestuelle de Pinocchio se situe entre le pantin terrifiant et une grande innocence, ce qui n’est pas surprenant vu que ce Pinocchio est autant informé par le conte de Carlo Collodi que par l’autre grande fascination de Del Toro, Frankenstein.
En conclusion : Une présentation digne d’intérêt, quelques belles surprises et des invités inattendus, mais on reste dans les clous des présentations à l’américaine ou les artistes laissent assez peu de place à une forme d’improvisation, perdant en vitalité durant le temps sur scène (bien que la présence de presque 1000 personnes dans le public puisse être intimidante !).