Critique – Les contes merveilleux par Ray Harryhausen


Vous connaissez certainement Ray Harryhausen par l’impact que l’artiste a eu sur les effets spéciaux des années 50 à 80. Véritable maître de la stop-motion, Harryhausen a conçu et animé certaines des séquences majeures des films de divertissement de cette époque, depuis l’attaque des squelettes de Jason et les Argonautes jusqu’à l’affrontement entre Persée et la Gorgone dans Le Choc des Titans. Mais c’est ici vers les origines que ce programme de court se concentre, en proposant cinq courts métrages adaptés des contes classiques.

Dans cette série de courts métrages réalisés en stop motion (animation de marionnettes image par image), Ray Harryhausen nous invite à redécouvrir plusieurs contes célèbres de la littérature pour enfants : Le Petit Chaperon rouge, Hansel et Gretel, Raiponce, Le Roi Midas ou encore Le Lièvre et la Tortue… Tous ces fameux personnages prennent vie comme par magie grâce au talent unique de Ray Harryhausen, grand maître du cinéma d’animation et des effets spéciaux.

Le Petit Chaperon Rouge (1949)

Premier conte, première constatation frappante : la maîtrise technique d’Harryhausen est déjà présente, et l’histoire, bien que très connue, se suit sans déplaisir et il est intéressant de voir ce qui retient l’attention de l’artiste au niveau esthétique. On ressent un grand plaisir d’animer des travellings longs où le chaperon marche dans la forêt, le soin apporté aux postures des personnages, la composition et la géographie de l’action (Harryhausen était également un excellent artiste crayon à la main), pour un effet toujours présent quasiment 70 ans après. La préservation et la restauration initiées par la Ray and Diana Harryhausen Foundation est bluffante, les couleurs comme les textures sont vibrantes à souhait.

Hansel et Gretel (1951)

Toujours produit à l’époque par Bailey Films, Hansel et Gretel reprend les mêmes techniques que dans Le Petit Chaperon Rouge, avec comme évolution majeure la fluidité de l’animation des visages des personnages. Comme pour le chaperon rouge, les mises en place de la caméra et des décors sont la meilleure carte de visite d’Harryhausen à l’époque, en plus de proposer une alternative aux cartoons 2D.

Raiponce (1951)

Certainement mon conte le moins apprécié, mais c’est dû au fait que l’histoire de base ne me passionne pas tant que ça. Harryhausen fait son possible pour rythmer une histoire qui n’a pas très bien vieillie par rapport aux autres, mais le court métrage reste intéressant, notamment dans le défi de mettre en scène un classique.

Le Roi Midas (1953)

On passe au niveau supérieur avec ce Roi Midas dont la réalisation est bétonnée. Les séquences où le roi transforme de sa main les différents éléments du décor passe comme une lettre la poste, encore aujourd’hui, et la lumière du court métrage est sublimée par la remastérisation de ce dernier. Toujours aussi cruelle, l’histoire de Midas préfigure les fulgurances esthétiques des effets spéciaux à venir de la part de l’artiste, et provoque l’envie de se lancer un film de Nathan Juran juste après la séance !

Le lièvre et la tortue (1952-2002)

Vraie curiosité de ce programme de court, cette adaptation du conte des Fables de La Fontaine a été entamée dans les années 50 avant d’être terminée au début des années 2000, les marionnettes étant dans un parfait état pour être animées après tout ce temps ! Ici, le lièvre est encore plus vilain que dans le conte de départ et c’est clairement le personnage de la tortue, dont le look porte totalement la patte de son créateur, qui est à l’honneur. Au final, l’intérêt de cette compilation, au-delà du côté historique, permet de revenir aux source de l’animation en volume et de ses ramifications plus larges dans le cinéma à effets spéciaux de l’époque. A ce sujet une exposition, la plus grande à ce jour, aura lieu à la Scottish National Gallery Of Modern Art d’Édimbourg en 2020, reprenant de nombreuses fabrications du maître, dont ce sera le centenaire… Pariez que l’on y sera !

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