La série Mush-Mush et les Champotes, créée par Elfriede de Rooster et réalisée par Joeri Christiaen est disponible depuis le 17 octobre sur Piwi + et MyCanal et sera diffusée à partir du 23 novembre également sur Canal+ Family.
Au beau milieu d’une nature tranquille, une communauté grouille d’activités… ce sont les Champotes ! Les Champotes sont les Gardiens de la Forêt, et chacun d’entre eux a un talent particulier. Tandis que Mush-Mush peut communiquer avec la nature, Lilit a le don de s’illuminer et Sep a une mémoire impressionnante. Tout ceci en théorie en tout cas, parce que Mush-Mush et ses amis ne maîtrisent pas vraiment leurs talents, et ont encore beaucoup de choses à découvrir !
Produit par Perrine Gauthier au sein de l’entreprise française La Cabane Productions, avec Thuristar en Belgique et en coproduction avec Cake Entertainment et VRT-Ketnet, Mush-Mush bénéficie de la réalisation dynamique de Joeri Christiaen. qui s’était déjà illustré avec la création de la série Plankton Invasion en 2007, avant la très populaire série produite par TeamTo et Thuristar Mon Chevalier et Moi, adaptée de son court-métrage multiprimé 850 Meters. A l’occasion de cette interview, nous sommes revenu sur l’aspect collaboratif de création autour de Mush-Mush et les Champotes, ses inspirations et influences animées, et l’apport de son expérience passée sur cette série champêtre. Prenez donc le temps de vous déconfiner en pleine nature avec ces personnages mignons et fun !
Comment êtes-vous arrivé sur le projet Mush Mush et les Champotes ? Le premier contact avec Mush-Mush s’est fait quand Elfriede m’a écrit parce qu’elle avait aimé ma première série Plankton Invasion, et souhaitait proposer ses services en tant qu’artiste 3D. Ceci a conduit Perrine (mon associée et la productrice de la série) à découvrir sur le site d’Elfriede la photo d’une petite figurine et les prémices de Mush-Mush. Perrine a immédiatement eu un coup de cœur pour cet univers ; elle a proposé à Elfriede de développer une série animée et elles ont au départ entamé ce travail toutes les deux. A l’époque j’étais encore très pris par l’écriture et la réalisation de ma série précédente, Mon Chevalier et Moi, encore en production à ce moment-là. J’ai rejoint Mush-Mush au moment de la conception du teaser pour le Cartoon Forum. J’aime vraiment beaucoup travailler sur le tout premier teaser d’un projet, c’est un moment assez magique où on définit non seulement le style visuel mais aussi le ton des dialogues, le rythme, la façon dont les personnages interagissent, etc. Comment avez-vous travaillé avec Elfriede de Rooster sur l’adaptation de ses personnages ? Les designs originaux d’Elfriede sont superbes, alors naturellement j’ai cherché à préserver ce charme. En même temps l’enjeu était de s’assurer qu’ils ne renvoient pas une image trop préscolaire, puisque du côté de l’écriture et de la réalisation il nous tenait à cœur de s’adresser à un public plus large. Ce sont les personnages qui interprètent et vivent les histoires, et c’est la façon dont ils les vivent qui fait qu’on s’attache ou non à eux. Pour que cette interprétation fonctionne, les designs doivent tenir compte du passage à l’animation et de leur capacité à exprimer des émotions. Au fil du temps, entre le storyboard du premier teaser et la préproduction de la série, j’ai découvert les ajustements nécessaires : l’ajout de sourcils discrets, de dents, l’allongement des jambes, etc. En plus des figurines, j’avais pour base de travail les croquis d’Elfriede, afin de veiller à conserver la stylisation des personnages tout en ayant l’animation et la mise en scène à l’esprit. Pour ce qui est des décors, on a opté pour une approche graphique beaucoup plus riche et détaillée, flirtant avec le réalisme, qui met ces personnages encore plus en valeur.
Les épisodes sont rythmés autour d’une aventure principale, partagée entre les péripéties en 3D et des plans en 2D, comment s’est fait le choix de stylisation 2D pour ces moments ? S’agit-il un moyen de garder un lien avec la bande dessinée en ligne claire qui a inspiré Elfriede ? Le style des séquences 2D est lié à son objectif narratif. Ces inserts sont un outil doublement utile. D’abord pour montrer ce que pense un personnage sans avoir à le dire, ce que je trouve plus intéressant narrativement. D’autre part cela permet aussi de mettre en scène des éléments de comédie ou d’action qui auraient été trop compliqués à réaliser en 3D. Par exemple, quand on apprend dans un épisode que Sep a peur de faire du ‘feuillaplane’ (le parapente version Champote !) on le voit s’imaginer s’écraser de façon cartoonesque sur la caméra, plutôt que de faire passer cette info par un dialogue. En 3D ce serait trop brutal, mais en 2D c’est drôle et enfantin. Un peu comme si le spectateur voyait la façon dont le personnage lui-même imagine les choses. Et ça permet de créer un contraste intéressant avec le style 3D justement. La création et la réalisation de Mon Chevalier et Moi vous a-t-elle permis d’aborder la production Mush-Mush avec un certain nombre d‘avantages ? Oui, de manière générale je commence toujours un projet en me demandant ce que je peux améliorer, en termes de narration et de réalisation, par rapport à la série précédente. Je me sers aussi de ces expériences pour réfléchir à des nouvelles méthodes de travail, au niveau artistique et technique. Sur Mon Chevalier et Moi par exemple, je ne voulais plus que le montage de l’animatique, ni l’animation, soient réalisés sur de la musique temporaire. Une fois remplacée en post-production, je trouve qu’on perd inévitablement une partie de l’alchimie entre image et son. Avec Frederik Segers et Jan Duthoy (les compositeurs avec lesquels je travaille depuis plus de dix ans) on a donc mis en place un process qui consiste à composer la musique finale sur les animatiques. On a continué à améliorer cette méthode sur Mush-Mush, et les compositeurs ont poussé leur vision encore plus loin en créant leurs propres instruments de musique (faits de bambou) pour donner à la série cette sonorité organique. Ce que nous avons également mis en place sur Mush-Mush est le montage préalable des voix définitives avec du sound design temporaire, afin de donner les intentions de jeu les plus justes possibles aux artistes du storyboard. L’autre avantage c’est bien sûr les personnes talentueuses avec lesquelles j’ai eu le plaisir de travailler par le passé, et qui nous ont rejointes pour cette aventure en forêt !
Lors des scènes d’action, on retrouve des lignes de forces qui font penser à l’animation japonaise mais des poses de personnages dignes des comics book. Avez-vous puisé dans ces influences pour concevoir la série ? La portée de l’animation japonaise, et des comics d’autre part, est énorme et a influencé beaucoup de créateurs et créatrices, et j’en fais clairement partie. Mais personnellement je suis surtout fan de films comme Kung Fu Panda et Tempête de Boulettes Géantes. J’adore ce mélange bien dosé de comédie et d’action, d’émotion et de personnalité. C’est quelque chose que j’essaie d’injecter dans mes personnages depuis Plankton Invasion en 2010. Si on regarde les trois séries que j’ai eu la chance de réaliser à ce jour, leurs héros Captain John C. Star, Henri d’Orange et Mush-Mush ont tous un point commun : ils foncent avant de réfléchir. Ce trait de caractère les rend à la fois drôle et sympathiques. Et plus le « build up » sera cool et épique — et donc inspiré de tout ce qui évoque ceci dans l’inconscient collectif, de l’animation japonaise aux comics — plus la chute sera drôle et plus ils seront plus attachants, car plus proches de nous. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=L_nEMhuetLo[/embedyt]