Balade dans le bel univers de Britt Raes, créatrice de « Luce et le Rocher »


Forte de ses multiples récompenses, la réalisatrice Britt Raes, accompagnée de La Cabane Productions et Thuristar (Mush-Mush et les Champotes), a présenté son projet de série Luce in The Lovely land au dernier Cartoon Forum.

Départ depuis Luce et le Rocher

Luce mène une vie heureuse dans un petit village paisible, avec sa mère et les autres villageois. Chaque jour se ressemble, et c’est très bien comme ça… La seule chose dont Luce a peur, c’est le noir, mais heureusement ses petits bâtons-lumineux lui permettent de se sentir en sécurité !
Un jour, un énorme Rocher vient perturber la tranquillité du village. Il a détruit toutes les maisons du village, y compris celle de Luce ! Luce est en colère et déterminée à ramener le Rocher là d’où il vient.
Mais le Rocher a peut-être plus en commun avec Luce qu’elle ne le pensait au départ…

Selon le rapport Unifrance 2022, Luce et le Rocher a été le premier court métrage en termes de sélections et de récompenses et le troisième court le plus exporté en nombre de ventes, une belle opération pour Miyu Distribution. On comprend aisément son succès : Ce court possède une force narrative puissante autour de l’empathie et de l’ouverture à l’autre. Jouant sur des couleurs franches et attractives, il offre un message touchant sur la reconstruction qui peut résonner aussi bien au niveau de l’intime qu’au niveau politique.

Cap sur Luce in The Lovely Land

La série en développement présentée au Cartoon Forum sera un format de vingt-six épisodes de onze minutes :

Luce, une petite fille de 6 ans courageuse et curieuse, explore le monde qui l’entoure et se rend compte qu’il est bien plus grand que le petit village où elle vit. Il y a tant d’endroits différents à voir et de créatures uniques à rencontrer, tant de choses à découvrir ! Avec un esprit ouvert, Luce surmonte ses peurs, ses suppositions et ses malentendus… Et se fait de nouveaux amis en chemin !

La pitch, assuré par la productrice Perrine Gauthier et Britt Raes, a mis l’emphase sur l’adaptabilité et l’inclusivité culturelle propre au personnage de Luce, ce qui peut lui permettre d’être largement diffusée dans le monde. Le projet bénéficie d’une stabilité aux niveau des équipes qui accompagnent la réalisatrice sur cette nouvelle aventure, et toujours l’appui de La Cabane et Thuristar.

Une première image de Luce in the Lovely Land

Entretien avec Britt Raes, créatrice de Luce et le rocher

Après des études et des travaux à la KASK School of Arts, la réalisatrice belge Britt Raes réalise en 2016 le court métrage remarqué Catherine qui fera poindre les germes de son univers coloré. En 2022, Luce et le Rocher affirme encore plus son identité visuelle jusqu’à la mener à l’envie d’étendre ce monde à une série animée.

Comment est née la création de Luce ? S’agissait-il d’une idée visuelle ou d’une ligne sur la page ?

Britt Raes : Le design de Luce est basé sur ces petits personnages que je dessinais avant de commencer à développer le court-métrage Luce and the Rock. J’ai été attirée par ce petit personnage parce que je ne suis pas très grande moi-même. Et pour qu’elle paraisse petite, je l’ai dessinée à côté d’un personnage géant qui s’est transformé en créature du Rocher. Ces deux personnages contrastés m’ont captivé et je les ai dessinés encore et encore. J’ai rempli plusieurs carnets de croquis avec ce duo !

Et au fur et à mesure que je les dessinais, leurs caractères et leur amitié devenaient de plus en plus clairs. Je voulais ajouter plus de contraste, alors la plus petite des deux est devenue la plus fougueuse et la plus extravertie, et le plus grand est devenu le plus doux et le plus timide.

Comment avez-vous imaginé l’étendue de l’univers visuel dans le cadre de la création d’une série (en termes d’exploration des formes et de couleurs vives, notamment) ?

Britt Raes : Lorsque j’ai développé le court métrage Luce and the Rock, je n’avais pas l’intention de créer une série avec ces personnages ou cet univers. Mais une fois que le film a été terminé et qu’il a trouvé son public, mon producteur et moi avons rapidement eu envie d’en créer d’autres !

Tous les choix visuels qui ont été faits pour le court métrage peuvent servir de base à la série. Ce sont des éléments de base sur lesquels je peux maintenant m’appuyer, ce qui est très enthousiasmant ! Et pas seulement sur le plan visuel, mais aussi sur le plan du contenu.

Car le langage visuel soutient la narration et la logique interne. Par exemple, les couleurs des vêtements des personnages. Luce porte du jaune, mais maman et les villageois portent du rouge.

Comme il y aura d’autres personnages dans la série, une question naturelle se pose : « Quelle couleur portent-ils et pourquoi ? J’ai donc imaginé que la couleur des vêtements changeait avec l’âge : les bébés portent du vert, les enfants du jaune, les adolescents de l’orange, les adultes du rouge et les personnes âgées du bordeaux.

L’utilisation des formes sera importante, car elle représente l’intégration et le sentiment d’appartenance (physique et mentale). Tous les éléments mis en place dans le court métrage offrent un potentiel à exploiter dans la création d’une série !

La musique et les chœurs jouent un rôle important dans l’univers du court métrage. Pouvez-vous décrire le processus de création ?

Britt Raes : Lors de l’élaboration du court métrage, il est rapidement devenu évident qu’il y aurait beaucoup de répétitions. Tout au long du scénario, plusieurs actions ont été répétées, et en particulier le mot « bonjour” qui revenait sans cesse ! La répétition de sons peut facilement devenir musicale. L’audio soutient le contenu et peut aider à faire avancer l’histoire.

Lors de la phase de rédaction du scénario, on pouvait donc déjà constater cette répétition. Lors de la création de l’animation, nous avons consciemment ajouté de la musique temporaire pour explorer le rythme. Comme ce rythme est très important, nous avons décidé de développer la musique définitive dès le début du processus. Cela signifiait que les animateurs pouvaient s’en inspirer ! La musique a été intégrée dès le début du processus, plutôt que d’être ajoutée après coup. La répétition et le rythme sont également soutenus par les formes et les couleurs. Les villageois symbolisent les habitudes et le sens de la communauté. Ils se ressemblent donc tous (par leur forme et leur couleur) et agissent comme un chœur. Les éléments visuels et sonores soutiennent l’identité des personnages et l’histoire.

Le projet de série Luce in the Lovely Land possède un fort potentiel artistique et permet d’ouvrir un large éventail de thématiques pour le jeune public. Les équipes de Thuristar et La Cabane Productions sont en recherche de partenaires et de diffuseurs afin de faire voyager Luce le plus loin possible. De notre côté, nous ne manquerons ps de suivre la suite de ce projet !


Tous mes remerciements à Britt Raes pour sa disponibilité, Véronique Dumon et Julie Esterle pour la mise en relation pour l’interview.



Dernières publications

  • Critique Vidéo – The First Slam Dunk

    Critique Vidéo – The First Slam Dunk

    Après un passage au festival d’Annecy et en salles, The First Slam Dunk, réalisé par Takehiko Inoue, est disponible en DVD, Blu-Ray et VOD à partir du 1er mai grâce à Wild Side : Le meneur de jeu de Shohoku, Ryota Miyagi, joue toujours intelligemment et à la vitesse de l’éclair, contournant ses adversaires tout…

  • Mathieu Kassovitz adapte « La bête est morte ! » au cinéma

    Mathieu Kassovitz adapte « La bête est morte ! » au cinéma

    L’acteur et cinéaste Mathieu Kassovitz (La Haine, Gothika) revient à la réalisation pour la première fois depuis plus de dix ans afin de s’attaquer à un projet de longue date : un film d’animation adapté de La bête est morte ! Cela fait 20 ans que le réalisateur planche sur cette adaptation avec la scénariste…

  • Cartoon Movie 2024 – Les pitchs en concept qui ont retenu mon attention

    Cartoon Movie 2024 – Les pitchs en concept qui ont retenu mon attention

    Le Cartoon Movie propose deux sessions matinales de pitchs en concept où les créateurs.ices présentent leurs idées de long métrages à leurs premières étapes de développement. C’est l’occasion d’observer de nouvelles propositions dans le cadre de l’animation européenne : Rose et les marmottes réalisé par Alain Ughetto (Les Films du Tambour de soir/Graffiti Films/WeJustKids/Occidental Filmes)…