Interview – Elfriede de Rooster, créatrice de « Mush-Mush et les Champotes »


La série Mush-Mush et les Champotes, créée par Elfriede de Rooster et réalisée par Joeri Christiaen est disponible depuis le 17 octobre sur Piwi + et MyCanal et sera diffusée à partir du 23 novembre également sur Canal+ Family.

Au beau milieu d’une nature tranquille, une communauté grouille d’activités… ce sont les Champotes ! Les Champotes sont les Gardiens de la Forêt, et chacun d’entre eux a un talent particulier. Tandis que Mush-Mush peut communiquer avec la nature, Lilit a le don de s’illuminer et Sep a une mémoire impressionnante. Tout ceci en théorie en tout cas, parce que Mush-Mush et ses amis ne maîtrisent pas vraiment leurs talents, et ont encore beaucoup de choses à découvrir !

La série se compose pour le moment d’une première saison de 48 épisodes de 11 minutes ainsi que deux spéciaux de 22 minutes qui seront diffusés dans le monde entier. Les épisodes sont structurés autour d’une aventure poussant Mush-Mush, Lilit et Sep à communiquer entre eux et à l’entraide avec la communauté Champotes. Le character design relève le pari de respecter la nature parfois irrégulière des champignons (comme le chapeau stylisé de Morille) associée à des expressions faciales aux lignes très dynamiques et stylisées rendant les différents personnages attachants à leur manière.

Mush-Mush

Produit par Perrine Gauthier au sein de l’entreprise française La Cabane Productions, avec Thuristar en Belgique et en coproduction avec Cake Entertainment et VRT-Ketnet, Mush-Mush bénéficie de la réalisation dynamique de Joeri Christiaen, dont la très populaire série produite par TeamTo et Thuristar Mon Chevalier et Moi a fait le tour du monde depuis 2016. La créatrice Elfriede de Rooster, forte de son expérience au Studio Peyo et de sa pratique de la peinture, a perfectionné ses talents au travers de la création et modélisation de personnages sur le logiciel Z-Brush. Ses inspirations sont variées, de la bande dessinée belge Bob et Bobette en passant par Capitaine Flam et Goldorak, mais elle est aussi très en phase avec la nature, le terrain de prédilection des aventures de Mush-Mush et de ses Champotes.

Comment avez-vous travaillé sur la bible littéraire de Mush-Mush et les Champotes ?

Tout d’abord, merci pour cette interview. C’est agréable de voir que vous pensez aux créateur.trices. Pour répondre à votre question : avant la bible, il y avait un certain nombre d’éléments visuels et rédactionnels à disposition, même si la partie rédactionnelle était principalement constituée de paragraphes très courts, d’idées et d’éléments éparpillés qui, en l’état, ne pouvaient pas convaincre des partenaires financiers de participer au projet. Afin d’adapter ces éléments pour en faire une série télévisée, nous avons dû développer de manière beaucoup plus approfondie les personnages, l’univers et les principaux décors. Comme je n’avais pas encore d’expérience en écriture de bible littéraire, Perrine Gauthier (la productrice) a proposé à Benjamin Richard de rejoindre le projet en tant que co-auteur.

Et ce qui a également permis de définir ou d’approfondir chaque aspect du projet, ce sont les tonnes de questions que m’a posées Perrine. Le travail sur la bible a nécessité plusieurs versions, essentiellement à partir du moment où Perrine a convaincu des diffuseurs et partenaires financiers de sauter le pas pour soutenir le projet. Par exemple, l’un des partenaires ne comprenait pas bien le rôle des scarabées. Initialement, ces insectes se comportaient comme un troupeau, libre de vagabonder, mais dont Morille prenait soin comme un berger.

Finalement, nous avons décidé d’abandonner cette idée ce qui signifiait trouver un nouveau rôle pour Morille. Plutôt que d’élever un troupeau de scarabées, il “élèverait” les Champetits ! Un rôle qui était attribué à Chanterelle ; changer leurs rôles signifiait également ajuster légèrement leurs traits de caractères. Il y a eu beaucoup d’allers et retours entre Perrine et moi ; et quand Benjamin a rejoint l’équipe, il a bien entendu contribué à faire en sorte que tous ces éléments forment un ensemble cohérent, et à apporter des ajustements quand c’était nécessaire.

Mush-Mush

Combien de temps cela a-t-il pris pour arriver à un résultat satisfaisant ?

Si par satisfaisant vous entendez « sachant qu’il est toujours possible d’’améliorer les choses », alors oui, nous nous sommes dit à un moment que le résultat était satisfaisant ! Je ne me rappelle plus très bien quand cela a eu lieu, mais je me souviens que nous avons beaucoup travaillé sur la bible graphique et littéraire durant le 1er semestre 2016.

Puis nous avons dû attendre le retour des diffuseurs et partenaires financiers, et une fois qu’ils ont donné leur accord, nous avons encore passé plusieurs semaines, voire plusieurs mois, à peaufiner et faire les ajustements qui nous paraissaient pertinents. Car il était impératif pour nous de garder l’esprit de la série intact. Mes épisodes favoris sont ceux dans lesquels les personnages antagonistes (comme Tadbou, ou Fonge et Myc) n’apparaissent pas.

Quand on y réfléchit, même dans notre propre cercle familial ou amical, il y a suffisamment de comédie, d’émotion, de conflits, liés aux caractères de chacun qui parfois se confrontent, et qui trouvent des dénouements. Et chez les Champotes, il y a suffisamment de matière pour raconter de drôles d’aventures. Finir les deux bibles a nécessité environ 2 ans avec quelques temps de pause. Mais durant le processus d’écriture des scripts, il est aussi arrivé que les personnages s’étoffent ou se précisent, comme cela a été le cas pour Chanterelle, car leur potentiel apparait plus clairement au fil des histoires. Cela se fait naturellement.

En 2015 vous évoquiez “Mush-Mush et les Champotes” comme un groupe de figurines imprimées en 3D que vous aviez modélisées, dans une interview pour i.materialise.com. Comment les personnages ont-ils évolués visuellement, conceptuellement et narrativement depuis cette interview ?

Mush-Mush
Mush-Mush sous sa toute première forme : une figurine imprimée en 3D

Quand j’ai créé Mush-Mush, j’ai eu un tel coup de foudre pour cet adorable petit personnage que j’ai décidé qu’il avait besoin d’amis. J’ai ensuite créé des lieux de vie pour cette communauté, bien que seuls quelques personnages aient été imprimés en 3D.

Les personnages ont évolué visuellement mais de façon subtile : par exemple, ils ont désormais des sourcils discrets qui accentuent leurs expressions. Leurs jambes ont été légèrement allongées afin de leur permettre davantage de mouvements et d’action. J’ai vraiment dû faire confiance à Joeri Christiaen (le réalisateur) sur ce point et ça a très bien fonctionné. Quant à leur nombril, (ma “signature” pour tous les personnages que je crée), ils auraient pu être un peu plus marqués, un peu plus présents, mais j’ai ensuite compris que c’était compliqué au moment du passage à l’animation.

Chanterelle sous sa forme définitive

Du côté de la couleur, il y a aussi eu des changements sur certains personnages. Chanterelle est un bon exemple de personnage qui est devenu plus intéressant et plus amusant visuellement, avec l’ajustement de ses spores et la création de ses « mèches de cheveux ».

Conceptuellement, l’essence même du projet est restée la même ; et quand de nouveaux personnages ont dû être créés, nous l’avons fait en respectant l’esprit de ceux qui existaient déjà. Tous les personnages sont basés sur de vrais champignons. Il y a énormément de matière et d’inspiration à trouver dans la nature et dans les différentes espèces, en termes de formes et de couleurs.

Et j’ai pris tellement de plaisir à créer ces personnages que j’ai continué de le faire sur mon temps libre. Au niveau de la narration, le caractère de chaque personnage a bien été défini de sorte que leurs personnalités ne se chevauchent pas trop. Nous avons choisi pour chacun, un ou deux traits de caractères, que nous avons fait ressortir afin de mieux distinguer les personnages les uns des autres et de rendre les histoires plus intéressantes.

Cela permet de faire naître des oppositions entre eux puis de les gérer, en leur donnant la possibilité d’apprendre sur eux-mêmes et sur les autres… Peut-être parfois seulement partiellement, mais c’est un bon début !

Merci de vos réponses ! 


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