Critique – « Chronopolis », si vous avez du temps…


Chronopolis est un film d’animation français sorti en 1982 et réalisé par le chercheur en Arts Piotr Kamler. Son travail tourne autour de la musique concrète qui consiste à allier bruits et images dans une recherche esthétique.

Chronopolis, immense cité perdue dans l’espace, dont les habitants ont pour seule occupation et pour seul plaisir de fabriquer du temps. Malgré la monotonie de l’immortalité, ils vivent dans l’attente d’un événement : la rencontre d’un instant particulier avec un être humain.

L’action se déroule à Chronopolis, une cité régie par les Immortels, figures totémiques et puissantes qui ont pour mission de créer le temps et la matière. On y suit leurs actions sur fond de musique mécanique et étouffée. Les personnages sont présentés de manière anonyme et muette.

Durant la première demi-heure du film, le réalisateur se concentre sur le processus de création du temps et de la matière des Immortels à l’aide d’une technique oscillant entre la stop-motion et le théâtre d’objet¹. Les couleurs vont du terreux au gris et vers une lumière crépusculaire orangée. Le temps y est représenté sous forme de petits points et la matière sous forme d’une grosse boule d’argile.

Puis on suit ailleurs l’escalade d’un groupe d’humains sur un mur, peut-être loin de Chronopolis. On alterne ainsi entre les expériences des Immortels et l’ascension du groupe d’humains, jusqu’à la découverte par l’un d’entre eux de la citée du Temps.

La première partie du film est franchement intéressante, voire hypnotique. Le processus de création des Immortels est abordé avec une certaine délicatesse et un univers particulier, mais facile à accepter par le biais de ces figures historiques et totémiques, ces tropes de l’humanité. L’utilisation du stop motion permet d’approcher la thématique du temps par le biais de la décomposition précise des mouvements et ainsi l’étirer sur la durée du film.

Dans la seconde partie, l’aller-retour entre humains et Immortels, l’ajout d’une musique synthétique omniprésente ont fait poindre chez moi de l’ennui. L’image tressaute de façon volontaire, comme si elle avait été abîmée. Cette accumulation de représentations abstraites m’a fait décrocher du film. Trop de conceptuel tue le conceptuel !

Le film reste néanmoins une expérience à tenter, si vous avez du temps. Il est conseillé d’avoir quelques connaissances en Arts pour aborder Chronopolis plus sereinement. ¹ – Théâtre d’objet : Il s’agit d’une mise en scène où l’on distingue clairement les objets utilisés tout en leur donnant un rôle dans la narration.


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