Annecy 2020 – On a vu… les extraits de « Beauty Water »


Après les premiers longs-métrages de Sang-ho Yeon (The Fake, Seoul Station) aussi sociaux que horrifiques, son départ pour le film live a laissé un espace que Kyung-hun Cho pourrait bien remplir avec ce Beauty Water, adapté du segment éponyme édité dans l’anthologie webtoon Tales of the Unusual, un équivalent moderne des Contes de la crypte et des EC Comics de la belle époque. COVID-19 oblige, les ayant-droits du film ont reculé devant la perspective de mettre à disposition l’intégralité du film sur la plateforme en ligne, ce que je comprend parfaitement.

Beauty Water ressemble à n’importe quel cosmétique pour la peau. Mais contrairement aux autres, il permet à ses utilisateurs de sculpter leur visage comme on peut le faire avec de la pâte à modeler et ainsi changer d’apparence. Une fille ordinaire, Yaeji, découvre ce produit par hasard, et son désir infini d’être la plus belle la mène tout droit vers un désastre inimaginable.

Les treize minutes d’extraits disponibles ne font pas dans la dentelles et n’épargne pas de spoilers lorsqu’on a lu l’histoire originale, bien que j’espère que le twist final soit un peu plus qu’un énième retournement de situation dans cette trame qui repose sur une forme de body horror que l’on a déjà aperçue de manière moins ragoutante dans La mort vous va si bien. Ici on est plus proche de la déliquescence d’un film comme Society de Brian Yuzna mêlée à l’argile du Vampire Clay de Sôichi Umezawa. 

Beauty Water

Ce que ce quasi quart d’heure de Beauty Water ne permet pas d’affirmer, c’est si le traitement de l’impact social des abus de la chirurgie esthétique sur une population aussi exposée aux injonctions de beauté est suffisant. Les femmes coréennes sont, tout comme dans les pays occidentaux, victimes d’anorexie et de boulimie, mais aussi de dysmorphie, ce qui est le cas de Yaeji, mais il reste à voir si le genre de l’horreur ne fait pas passer ces problèmes pour quelque chose de trop grotesque, différences culturelles de mise en scène écartées. Techniquement, le budget du film de Kyung-hun Cho ne semble guère plus élevé que ce que Sang-ho Yeon a pu nous offrir en animation, sachant qu’ici l’esthétique très marionnette et poupée des personnages joue en faveur du propos, plus les personnages étant beaux, plus leur humanité semble s’échapper de leur corps remodelé (un effet qui marchait également très bien dans Knights of Sydonia produit par Polygon Pictures, où les personnages post-humains semblaient faux). Ces limitations sont aussi relevées les cadrages et les ambiances de ce qui nous est montré : un gros effort a été fait sur les éclairages comme sur le mixage sonore. Il ne reste plus qu’à juger le film dans son intégralité, mais ses morceaux choisis sont plutôt positifs !


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