Critique – The Fake


2 véritable saga de cent minutes relatant un combat pour la justice, mené par le plus injuste des hommes.

Les habitants d’un village qui sera bientôt englouti par les flots suite à la construction d’un barrage deviennent les victimes d’un escroc prénommé Choi. Se faisant passer pour un prophète, Choi sermonne ses ouilles à longueur de journée, aidé dans sa tâche par le pasteur Chung, et parvient à convaincre les villageois de verser leurs indemnités de relogement à cette religion d’un nouveau genre. Mais Min-chul, un bon-à-rien méprisé de tous, découvre le pot aux roses…

Au niveau même de la forme, Yeon Sang-Ho ne change pas la formule établie avec son premier opus et nous livre une animation certes en 2D mais assez moyenne dans l’ensemble, le plus pénible pour le spectateur européen habitué à la synchronisation labiale étant qu’ici, les doublages se révèlent assez lâches par rapport à ce qui a été animé.

Passé ce moment un peu déstabilisant, on constate de suite une nette amélioration dans les décors du film, l’ensemble se déroulant la plupart du temps dans un village de campagne menacé de submersion par la fin du chantier d’un barrage.

Cette ambiance à la fois triste et bucolique est parfaitement retranscrite et je tire mon chapeau aux artistes qui se sont chargés de la tâche, tant il semble que le film n’ait coûté guère plus cher que son prédécesseur.

De même, le character design reste très stable durant tout le film, ce qui peut certainement être imputé au directeur artistique, le talentueux manhwaga Byun Ki-hyun qui apporte ici plus de consistance aux nombreux personnages de l’histoire, sans que jamais ils ne soient trop semblables dans leur physique.

Le fond de l’histoire de The Fake reste dans la même veine cruelle que celle de King of Pigs et l’on continue d’explorer la noirceur de l’humanité dans les multiples rapports de dominations qu’entretiennent les personnages, sans qu’aucun ne soit épargné dans cette dépiction très engagée politiquement.

La charge contre les dérives religieuses et les comportement sectaires est ici extrêmement violente, doublé d’une dénonciation de leur absurdité via une séquence qui mets assez mal à l’aise,où l’on découvre le principal rituel de prière donc la chorégraphie semble basée sur la macarena.

Et l’on ressort assez déprimé de la projection de The Fake, où le anti-héros, avide de sa quête de justice, ne réalise jamais ce qu’il devrait protéger, aveuglé par son égoïsme, son sexisme et ses actions maladroites.

Le réalisme cru de l’ensemble finit par imposer le choix même du format de l’animation, tant l’accumulation aurait été difficilement soutenable (et malgré les nombreux films live plutôt violents qui nous parviennent depuis une dizaine d’année), ce qui justifie en fin de compte la stylisation esthétique du métrage.

En conclusion, The Fake, malgré sa noirceur, possède un fond rarement abordé dans les longs métrages animés et son réalisateur furieux, Yeon Sang-Ho, a le courage d’aller au bout de sa démarche. Il y a fort à parier que Séoul Station, son film suivant, continue sur ces mêmes obsessions, d’autant plus qu’il y sera question de zombies !



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