Annecy 2025 – On a vu… Les Courts métrages de L’officielle 1


Pour la première fois, ce sont des courts métrages qui ont ouvert le Festival International du Film d’animation d’Annecy, un moment habituellement destiné à un long métrage dont la présence en compétition n’est pas nécessaire. Pour cette édition 2025, ce sont donc les courts en sélection de L’officielle 1 qui ont eu cet honneur.

Parmi eux, des poids lourds et des habitués, tels que Théodore Ushev ou encore Chris Lavis & Maciek Szczerbowski, ou encore un segment du volume 3 de l’anthologie Star Wars Visions par l’animateur vétéran Shinya Ohira.

La jeune fille qui pleurait des perles

Les destins d’une fille accablée par le chagrin et d’un garçon qui l’aime de loin se croisent dans cette fable sur la cupidité qui corrompt même les cœurs les plus purs.

Clyde Henry Productions frappe encore ! Après des films comme Mademoiselle Tutli-Putli ou les tentatives en 3D comme Cochemare ou en VR avec Gymnasia, les voici sur un récit de croyance et d’arnaque, toujours animé avec une maîtrise et une méticulosité dont peu sont capables. Les niveaux de récit, qui changent l’apparence des marionnettes (et dont les lèvres ne bougent plus, toutes étant interprétées par le héros qui se souvient) de manière assez subtile sont encore rehaussés par un production design de toute beauté. Dis-sept minutes de plaisir et une conclusion ambiguë à souhait, merci Clyde Henry.

Carcassonne-Acapulco

À bord de leur avion, un pilote, son copilote et leur fidèle hôtesse passent un agréable voyage, quand soudain, quelqu’un frappe à la porte extérieure de l’appareil. Faut-il laisser entrer cet inconnu ?

Si vous cherchiez ce qui pouvait rester de l’esprit Canal, n’attendez plus : le court de Marjorie Caup et Olivier Héraud le ressuscite brièvement au service d’une histoire sans queue ni tête autour d’un intrus à la porte d’un avion en plein vol, le tout fait en stop motion en feutrine mettant d’autant plus en valeur le character design et l’absurdité de ce sketch tripartite se jouant entre le pilote, le copilote et l’hôtesse de l’air, Miss Smith. En bonus, un générique de fin à chanter façon karaoké.

La Vie avec un idiot

Accusé par les autorités de ne pas travailler assez, Vladimir reçoit comme punition de vivre avec un idiot. Il le choisit dans un asile de fous et il s’appelle Vova. Cet idiot ne sait prononcer qu’une syllabe : ouh.

Théodore Ushev est de retour, tout pinceaux dehors pour nous proposer une version animée de la nouvelle de Victor Erofeïev. L’artiste bulgare fait feu de tout bois dans cette histoire narrée par Dominique Pinon, où l’adaptation en opéra est aussi évoquée au travers de la femme de Vladimir. La férocité du trait d’Ushev m’a rappelé son Gloria Victoria, une émotion qui mérite un grand retour vu la situation actuelle.

9 milionů barev

L’océan est un paradis pour Fran la crevette. Rien n’échappe à ses pinces mortelles. Pour le poisson aveugle Milva, c’est une lutte quotidienne pour la survie. Fran la trouve magnifique et voudrait qu’elle aussi voie l’océan ainsi. Pourront-elles surmonter leurs différences ?

La réalisatrice tchèque Bara Anna Stejskalova signe avec ce film un brin cruel sur l’amour et la fascination une comédie musicale sous-marine en stop motion à l’esthétique et à la qualité indéniable. La flamboyance de la perception de Fran et la mélancolie de Milva se juxtapose avec vivacité jusqu’à un final plus positif qu’espéré.

Star Wars : Visions « Black »

Une bataille psychédélique entre le passé et le présent, la lumière et l’obscurité, la vie et la mort, fait rage dans la psyché tourmentée d’un soldat impérial proche de la défaite.

L’animateur vétéran Shinya Ohira nous gratifie via le principe de l’exercice libre qu’est Star Wars Visions d’un assemblage de sensations, de confrontations et d’explosions psychédéliques par les yeux d’un stormtrooper qui perd pied. Les variations esthétiques sur les poncifs de la saga confèrent une familière étrangeté à l’ensemble, rehaussé par un space jazz surprenant. Black est une preuve supplémentaire de la confiance que LucasFilm donnes aux artistes sur cette anthologie.


A lire dans le même genre

Dernières publications

  • Critique – Rock Bottom

    Critique – Rock Bottom

    Diffusé en compétition l’année dernière au Festival International du Film d’animation d’Annecy, ce premier long métrage de María Trénor est arrivé en salles depuis le 9 juillet. À partir de l’album mythique éponyme de Robert Wyatt, Rock Bottom nous plonge dans l’histoire d’amour vertigineuse de Bob et Alif, deux jeunes artistes de la culture hippie…

  • Critique Annecy 2025 – Amélie et la métaphysique des tubes

    Critique Annecy 2025 – Amélie et la métaphysique des tubes

    Véritable coup de cœur depuis sa présentation à Cartoon Movie 2020, Amélie et la métaphysique des tubes est enfin sorti en salles, peu de temps avant son passage au festival International du Film d’animation d’Annecy où il a reçu le prix du public. Amélie est une petite fille belge née au Japon. Grâce à son…

  • Première images pour « Rogue Trooper »

    Première images pour « Rogue Trooper »

    Évoqué depuis 2018 et la sortie de Mute (disponible sur Netflix) par Duncan Jones (l’adaptation en film de Warcraft), voici venir les premières images de Rogue Trooper, adapté de la bande dessinée britannique éponyme créée par Gerry Finley-Day et Dave Gibbons en 1981 et publiée dans les pages du magazine 2000 AD, qui a aussi…