Cartoon Movie 2022 : les projets qui peuvent surprendre, et ceux de retour


L’édition 2022 de Cartoon Movie réitère cette semaine la venue de grands talents et de projets de longs-métrages plus ou moins avancés dans leurs développement ou leur production. Entre projets que nous suivons depuis plusieurs années et des nouveautés qui se sont matérialisés depuis leur annonce officielle, voici une liste non exhaustive des films qui suscitent mon intérêt, au-delà des grandes évidences comme Claude Barras qui revient avec une œuvre en stop motion au fond intimiste ou le retour de Mars Express.

Les projets qui peuvent surprendre


The Amazing Maurice

Maurice, un chat des rues, a trouvé l’arnaque parfaite pour gagner de l’argent. Il a trouvé un enfant à l’air stupide qui joue de la cornemuse et son propre groupe de rats – des rats qui, étrangement, sont éduqués, de sorte que Maurice ne peut plus les considérer comme un « déjeuner ». Et tout le monde connaît les histoires de rats et de joueurs de pipeau… Cependant, lorsque Maurice et les rongeurs atteignent la ville sinistrée de Bad Blintz, leur petite escroquerie tombe à l’eau. Car quelqu’un là-bas joue un autre air. Un air sombre et inquiétant. Quelque chose de très, très mauvais les attend dans les sous-sols de la ville. Mais Maurice ne serait pas Maurice si lui et ses amis ne réussissaient pas à se sortir de cette situation périlleuse !

Impossible de ne pas craquer pour cette adaptation du roman de Terry Pratchett Le Fabuleux Maurice et ses rongeurs savants, actuellement en cours de production chez Red Star 3D (Stardog et TurboCat) et réalisé par Toby Genkel & Florian Westermann sur un scénario de Terry Rossio (Aladdin, Shrek, la saga Pirates des Caraïbes).

Prévu pour une sortie début 2023, il sera intéressant de voir comment la malice de Pratchett va émerger sur l’écran.


Suzanne

Suzanne est un film sur la vie de Suzanne Noël (1878-1954). Pionnière dans le monde de la chirurgie plastique et féministe militante du début du 20e siècle, Suzanne Noël est récemment devenue une figure populaire. « Chirurgie plastique » et « féminisme », deux notions que l’on ne s’attend pas à voir côte à côte. À Paris, de la Belle Époque aux Années folles en passant par la Première Guerre mondiale, ce film explore le parcours atypique et extraordinaire de Suzanne, une femme qui rêve de liberté tout en étant qualifiée par beaucoup de « doublement folle ».

Je vous parle tout d’abord de Suzanne mais je tiens à souligner la présence de deux projets soutenus par Anais Caura dans cette édition de Cartoon Movie, l’autre étant la version long-métrage de son excellente série The Man/Woman Case, titrée Eugene.

Accompagnée à nouveau par sa partenaire Joëlle Oost­er­linck au scénario de Suzanne, Caura est ici soutenue par Vivement Lundi ! dans ce nouveau portrait remarquable jusqu’ici passé sous silence, et dont le traitement et le point de vue appliqué peut faire toute la différence.


Fleur

Au début du XXe siècle, Fleur, une jeune fille passionnée et observatrice, survit avec sa famille dans la Zone, un amas nébuleux de bidonvilles aux portes de Paris. Contrainte de travailler dans une savonnerie, elle subit la dureté de la condition ouvrière. Elle crie maladroitement sa révolte et se retrouve à la rue. Lorsqu’elle atterrit dans le giron d’un riche cabaretier qui comprend son talent de parolière, elle goûte au Paris de la Belle Époque. Mais face à la répression qui s’abat sur la Zone et sa famille, elle doit choisir : devenir une star de la chanson ou défendre sa famille.

Après les très bons Tout en haut du monde et Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, le nouveau projet de Rémi Chayé avec Maybe Movies se dévoile alors que l’autre projet ambitieux des producteurs, Métaphysique des tubes, suit actuellement son cours.

J’ai été prise à revers par les premières images de Fleur, ne m’attendant pas à un character design anthropomorphe pour raconter cette histoire, mais il sera intéressant de voir les justifications données par le réalisateur lors du pitch, ainsi que l’angle prévu pour raconter le film coscénarisé avec San­dra Tosello et Fab­rice de Costil (Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary)


Flow

Après qu’une terrible inondation ait ravagé le monde, un chat indépendant et têtu est obligé de partager un petit bateau avec un groupe d’autres animaux. S’entendre avec eux s’avère être un défi encore plus grand pour lui que de survivre à l’inondation.

L’homme orchestre qu’est Gints Zil­balodis est de retour après Ailleurs, accompagné en production par Dream Well, Sacrebleu et CINÉ-LIT­TÉ Productions pour raconter une histoire de déluge du point de vue d’un félin, un projet dont je sais déjà que France, grande supportrice de son premier long-métrage va me soutirer des informations dès que possible !


In Waves

AJ, un adolescent timide, rencontre Kristen alors qu’il est au lycée à Los Angeles. Kristen est passionnée de surf… et c’est la plus belle personne qu’il ait jamais rencontrée. Il tombe éperdument amoureux d’elle. Alors que la vie semble enfin s’accorder pour AJ, celle de Kristen commence à s’écrouler, brisée par la maladie. Ensemble, ils vont combattre l’adversité avec dignité et profiter de leur passion désormais partagée pour le surf et l’océan, mais aussi de leur fidèle bande d’amis… même lorsqu’ils savent que Kristen est condamnée. C’est ce qui arrive quand l’amour et l’amitié deviennent une vague plus forte que tout.

Adapté du roman graphique de AJ Dungo, la réalisatrice Phuong Mai Nguyen (Culottées), est accompagné au scénario par Fanny Burdino et Samuel Doux (Arthur Rambo). On sait que l’amour et le surf font bon ménage en animation. Impatiente de prendre les embruns de cette production Silex Films.


Porcelain Birds

Kayo, une lycéenne japonaise, arrive en Californie dans le cadre d’un nouveau programme d’échange scolaire financé par un milliardaire américain. Elle apprend à s’intégrer dans cette nouvelle culture déroutante avec une autruche japonaise qui parle.

Après le succès sans équivoque de Negative Space et un détour par l’anthologie The House sur Netflix, le duo Ru Kuwahata/Max Porter tente l’aventure du long-métrage avec Porcelain Birds, qui reprend la technique de l’animation en volume mais aussi de l’animation 2D pour raconter une histoire vaguement inspirée du Neverland de Michael Jackson mais aussi des écoles fermées pour enfants précoces, le choc culturel en plus.

Appuyés par Miyu Productions, le duo occupe tous les postes créatifs, depuis le scénario jusqu’à la création graphique.


Starseed

Loveness, une petite fille albinos, tente de survivre dans un quartier pauvre du Zimbabwe ironiquement nommé Los Angeles. Un jour, elle fait une étrange rencontre dans la forêt du Roi Noir. Le danger est proche, elle risque sa vie si elle reste sur terre.

De Crulic à The Island, la réalisatrice Anca Damian nous a déjà montré sa large palette artistique et la pertinence de son propos en direction de différents publics. Soutenue par Special Touch Studios, elle s’aventure cette fois dans l’aspect mythologique africain. Je serai, bien entendu, présente au pitch pour en découvrir plus.


Yuku et la fleur de l’Himalaya

En haut des plus hautes montagnes de la terre vit une plante qui se nourrit de la plus parfaite lumière du soleil. Elle s’appelle… la fleur de l’Himalaya. Yuku quitte sa famille pour partir à la recherche de cette fleur à la lumière éternelle.

Pour ce projet de long métrage, le réalisateur Rémi Durin retrouve Arnaud Demuynck au scénario avec qui il avait co-réalisé le court Le Parfum de la Carotte. Il sera intéressant de voir comment ces habitués de la co-production de compilations savoureuses vont réussir à transformer l’essai du court au film. L’intérêt pour les extraits présentés est bien présent.


Dreamworld

Le film suit un groupe d’enfants qui cherchent à être acceptés et validés alors qu’ils essaient désespérément de naviguer dans le monde des médias sociaux. Ils ne sont pas cool et n’arrivent pas à attirer des adeptes, et à cause de cela, ils sont marginalisés et malmenés. Cherchant à échapper à cette réalité, ils utilisent une technique de rêve lucide pour ouvrir la porte de Dreamworld ! C’est un monde caché dans un coin spécial des rêves, habité par des créatures fantastiques, magiques et étranges. Un endroit où ils peuvent devenir des héros, célébrés, aimés et acceptés ! Mais tout n’est pas comme il semble, car leur évasion de la réalité a un prix.

Premier projet de long-métrage de Veljko Popović après une demi-douzaine de films courts avec plus récemment le court en VR Dislocation, lauréat de la meilleure œuvre en VR à L’OIAF en 2020 et à Anim’est en 2021, DreamWorld a un potentiel certain pour parler d’escapisme et d’une certaine modernité dans les rapports que les enfants entretiennent avec la technologie, le scénario étant signé par Pedro Rivero (Psiconautas).


Les projets que l’on suit


Sidi Kaba et la porte du retour

Avec l’aide de la déesse Mami Wata, Sidi Kaba, un garçon de 8 ans, tente de retrouver son frère qui a été fait prisonnier par des marchands d’esclaves. Une épopée fantastique qui nous emporte sur la route de l’esclavage.

Le projet Sidi Kaba et la porte du retour est dans notre viseur depuis quelques temps maintenant puisque j’avais interviewé son producteur Sébastien Onomo à l’occasion du premier pitch du film lors de l’édition 2019 de Cartoon Movie. Le projet est désormais plus avancé et je suis très impatiente de voir ce que Rony Hotin va nous révéler, d’autant plus que l’esthétique choisie pour illustrer cette histoire est dans une 2D expressive qui a toute les chances de magnifier son propos.


Nayola

Trois générations de femmes éprouvées par la guerre civile, Lelena (la grand-mère), Nayola (la fille) et Yara (la petite-fille). Un amour suspendu, un secret douloureux, une quête téméraire, un voyage initiatique, une chute tragique.

Découvert grâce au très complet compte-rendu de Fanny lors du dernier Festival d’Annecy, Nayola, adaptation de José Miguel Ribeiro se basant sur une pièce de théâtre africaine lusophone, The Black Box, écrite par Mia Couto et José Eduardo Angualusa qui mélange différents types d’animation, va se montrer ici en sneak peak.

Un avant-goût que j’imagine prometteur pour un film qu’il est difficile de ne pas imaginer en sélection lors de la prochaine édition du festival International du film d’animation d’Annecy !


Les Démons d’Argile

Rosa est ce qu’on pourrait appeler une “workaholic”, vivant dans une grande métropole. La mort soudaine du grand-père qui l’a élevée et le sentiment de ne pas avoir rendu cet amour en retour la ramènent à la maison où elle a grandi. Grâce à une série de lettres et d’indices, et l’intercession de créatures magiques, elle découvre que son grand-père lui a confié une tâche importante qui l’aidera à faire la paix avec elle-même et les autres, en réparant les erreurs passées de son grand-père. Rosa entre dans un monde peuplé de créatures d’argile fantastiques et d’animaux sauvages, dans une vie où le rythme des saisons et l’entraide mutuelle sont ce qui compte le plus au monde.

Encore un projet de longue haleine avec Les démons d’Argile, aka My Grandfather Demon’s aka My Grandfather used to saw Demons, un long-métrage mélangeant de la stop motion pour représenter un univers intérieur et une 3D très lisse pour la réalité dans lequel évolue son héroïne, Rosa.

Nuno Beato a fait appel au très talentueux studio Sardinha Em Lata pour réaliser l’animation en volume, et je suis impatiente de voir des images définitive du film pour le sneak peak de ce Cartoon Movie 2022, après mon compte-rendu datant de 2019.


Unicorn Wars

Les oursons et les licornes sont en guerre depuis toujours. Le soldat Célestin convoite le sang des licornes, car le boire rend éternellement beau. Son frère Bouboule est obsédé par la nourriture et ne cherche qu’à être aimé par son frère et ses camarades de régiment. Une unité d’oursons peu préparée quitte le camp pour une mission dans la Forêt Magique, qui déclenchera la terrible bataille finale.

Unicorn Wars, adapté par Alberto Vazquez de son propre court-métrage Sangre de Unicornio, a fait l’objet de plusieurs articles sur le site, depuis une interview du réalisateur à l’occasion de Cartoon Movie 2018 au très complet compte-rendu du Work in Progress par Caroline lors du dernier festival d’Annecy. Autant dire que cette production est attendue de notre part, Vazquez ayant entre temps sorti des perles en format court comme Decorado et Homeless Home, qui ont écumé les festivals.


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