Critique – Animal Crackers


Unique long-métrage américain en lice dans la sélection en compétition de cet Annecy 2017, Animal Crackers est une grosse attente pour moi : non seulement parce que c’est un film fait en dehors des grosses écuries, mais aussi parce qu’il rassemble tout de même des talents notables que j’admire beaucoup. Verdict !

La vie de famille d’Owen Huntington est chamboulée lorsqu’il hérite d’un cirque en mauvais état et d’une mystérieuse boîte de biscuits en forme d’animaux. La magie des biscuits va entraîner la petite famille dans des aventures plus fantastiques qu’on ne saurait imaginer !

Par le biais du conflit autour de l’héritage familial, le film met en place un premier enjeu qui relie les précieux biscuits et la vie du cirque. Nos deux héros, Zoé et Owen, se retrouvent à batailler face à Horatio Huntington, l’oncle déchu de la famille accompagné de ses nombreux hommes de main.

Comme un seul antagoniste ne suffisait visiblement pas, on ajoute à cela Mr. Woodley, beau-père d’Owen et patron d’une usine à biscuits pour chien et enfin Brock, le rival bêta de l’entreprise. Mr Woodley tient Owen sous pression pour qu’il puisse épouser Zoé, sa fille. Voilà, voilà.

Si vous avez eu besoin de faire un organigramme pour comprendre les tenants et les aboutissants c’est que vous touchez du doigt le problème majeur du film. Sa narration part dans tous les sens, tout en ayant paradoxalement une résolution très facile au niveau familial. Deux solutions auraient pu être viables : soit ménager le suspens sur l’intrigue liée au cirque, soit choisir un antagoniste dans cette galerie fantasque de personnages et lui apporter de la profondeur.

Cette lacune narrative a hélas un impact sur la dépiction de ses personnages qui, pour le coup, n’ont pas l’air assez cuits. Prenez Zoé, elle travaille tout d’abord dans l’usine à biscuits de son père puis prend son destin en main et relance le cirque, mais (et c’est un gros MAIS) elle est la dernière à faire l’expérience des biscuits magiques alors qu’elle est certainement la plus apte à vivre à fond sa tranformation.

Seule Binkley, scientifique et collègue d’Owen, est vraiment intéressante, inventive et dynamique. Avec sa bouille toute ronde et ses lunettes, on la croirait sortie des Peanuts et on pourrait faire un faire un film entier, voire une série sur les aventures de Binkley dans son laboratoire.

Le chara-design, créé par Carter Goodrich, est respecté, contrairement à Rock Dog où sa patte y fut beaucoup plus diluée. Dans Animal Crackers, les personnages gardent cette vibrance du trait original, avec de vraies formes et une diversité apparente. Les animaux en sont la bonne illustration : ils héritent de cet aspect cartoony et géométrique issu des biscuits, le cheval est par exemple bien fessu et anguleux.

Associé à l’animation supervisée par Jaime Maestro, les protagonistes bougent avec des mimiques souvent outrancières très efficaces. Brock, rival d’Owen de l’usine à biscuits, incarne parfaitement cette gestuelle comique, même sa bouche pincée est le reflet de sa bêtise. Le public espagnol présent dans la grande salle de Bonlieu avec moi a été très réceptif à ces nombreux gags.

Pour conclure, Animal Crackers est loin du gourmand et du craquant promu par notre Cyril Lignac national, ce qui est dommage car le film possède une identité visuelle originale et une animation très au niveau. A trop vouloir en raconter, on perd de vue ce qui fait l’essence d’un bon spectacle grand public, c’est à dire simplicité et efficacité. On peut se demander si les scénaristes ne sont pas un peu trop tombés amoureux du travail de Carter Goodrich pour en arriver là. Cependant, je pense que les studios Blue Dream et Blue Dream Spain ont un potentiel, mais recentrez vous sur la narration les gars !

Le film n’a pour le moment pas de distributeur, ni de date de sortie française, alors en attendant, pour cet été je vous recommande d’aller voir Lou et l’île aux sirènes de Maasaki Yuasa et distribué par Eurozoom chez nous. https://www.youtube.com/watch?v=6yrtrDjmw5c


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