Hirune Hime

Critique – Hirune Hime : Rêves éveillés


Hirune Hime : Rêves Éveillés m’avait vendu du rêve quand le premier trailer a été dévoilé il y a quelques mois. J’étais donc ravie d’apprendre que le film sortirait en France, merci Eurozoom et @Anime, mais qu’il sera en plus dans la sélection des films hors compétition du Festival d’Annecy : l’occasion de le voir en avant-première, et en VO. Dommage, le film s’est avéré être un gros « bof insipide ».

Morikawa vit avec son père à Okayama. Depuis peu, elle fait une série de rêves étranges. Contre toute attente son père est arrêté par la police. Morikawa est déterminée à libérer son père avec l’aide de son ami Morio. Pour cela, il lui faudra percer le mystère de ses rêves…

Nous avons deux intrigues parallèles, l’une dans les rêves de l’héroïne, l’autre dans sa réalité. Le film s’ouvre d’ailleurs sur un rêve commenté comme une mise en situation de conte, où l’on découvre un royaume industrialisé par son roi, qui croit que les voitures rendent heureux. Sa fille, la princesse, possède des pouvoirs magiques qui effraient et est donc confinée dans des appartements-prison, séparés de tout. Elle peut en effet, grâce à sa tablette magique, donner vie à des objets inanimés, comme sa peluche ou une moto avec sidecar. Elle tente de s’échapper, mais le vil conseiller du roi l’en empêche.

Dans la réalité, Kokone jongle entre l’école, ce qui semble être un problème de narcolespsie, et un père garagiste, avec qui elle ne communique que par sms. Quand il est arrêté, elle trouve la tablette professionnelle de ce dernier cachée dans la peluche bleue que Kokone tient de sa mère. Son père lui enjoint de protéger la tablette d’un homme qui se trouve être le portrait craché du vil conseiller des rêves de Kokone…

Commence alors une dualité entre rêves et réalité, qui durera jusqu’aux derniers instants du film. Le spectateur est laissé dans le flou, à lui de saisir ce qui est rêvé, ce qui est réalité, ou se trouve la limite entre les deux, et quels liens existent entre l’un et l’autre. C’est un exercice récurrent au cinéma, qui peut donner des choses très intéressantes, ou mener à trop de questionnements, comme ici.

Morio et Heart tachent d'échapper aux méchants dans Hirune Hime : Rêves Éveillés

Le réalisateur Kenji Kamiyama a eu la bonne idée de mener plusieurs fois le spectateur sur des fausses pistes, lui faisant croire que ce qui se passe dans les rêves a un réel impact sur la réalité, ou que la tablette est vraiment magique. Jusqu’ici, le trouble provoqué nous garde dans l’intrigue. Mais d’autres éléments s’additionnent mal : comment Morio peut-il partager le même rêve que Kokone ? Surtout quand on connait la nature de ces rêves, des réminiscences de contes que son père lui racontait petite, et qui sont en fait des interprétations de l’histoire de la mère de Kokone et de sa relation avec son propre père au sein de leur société automobile.

Ce dernier élément est intéressant, il permet de deviner petit à petit ce qu’est la tablette, et pourquoi Monsieur Méchant la recherche. Mais c’est une intrigue du monde réel qui reste bien fadasse. Toutefois, le mélange « rêves et souvenirs contés de maman » est bientôt complété par la propre imagination de Kokone dans une grande séquence de bataille entre robots géants dans le monde rêvé, alors même que les personnages y agissent comme s’ils étaient dans la réalité…De quoi s’y perdre ! Tout ça pour découvrir une Kokone, dans la vraie réalité où rien des dix dernières minutes ne s’est passé, qui a réussi à faire des rêves éveillés pendue dans le vide. Chapeau madame.

Elle chute, son père saute avec pour la protéger (moment retrouvaille père-fille pseudo tragique) et ils sont sauvés par… la moto sidecar et son système de guidage automatique ! Visiblement couplé d’une intelligence artificielle, puisque l’engin prend des décisions par lui-même. Bref. Un grand-père inconnu se joint à la fête, et c’est le happy end, la petite famille mange de la pastèque en terrasse. Ce qui pose la question, et si tout le film n’avait en fait été qu’un rêve né de l’esprit malade d’une jeune fille qui a pris un coup de chaud au soleil ?

Hirune Hime : Rêves Éveillés n’a pas de saveur, les quelques bonnes idées n’aboutissent pas, et la dualité rêves-réalité est loin d’être aussi bien conçue que dans d’autres productions. La réalisation graphique, en revanche, est digne d’une sortie cinéma. Pour autant, je ne pense pas qu’il restera dans les mémoires.


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