Critique – Drôles de Cigognes !


Après les anthologies Ferda la fourmi, Les Nouvelles Aventures de Ferda la fourmi et La Révolte Des Jouets, Malavida nous revient avec un quatrième programme titré Drôles de Cigognes ! où les films d’Hermina Tyrlova sont à nouveau mis en avant. Jetons les yeux sur les cinq courts métrages qui composent cette proposition pour jeune public à partir de 3 ans.

Potes en Pelote – 1981 – 9 minutes 20

Une jeune femme en train de tisser ne remarque pas que les bouts de laine qu’elle met de côté s’animent et prennent vie. Il y a des pelotes fille et des pelotes garçons… Inévitablement, les histoires s’emmêlent et il est difficile de distinguer qui a raison de qui a tort…

Dans la droite lignée de la révolte des jouets, on retrouve ici des personnages prenant vie à partir de chute de laine, pour une résultat esthétique très intéressant et avec une liberté de forme assez folle. Les différents personnages, complètement exubérants, dansent, se battent, sautent et grimpent dans le décor avec une fluidité déconcertante. Le côté arte povera qui se dégage de leur apparence participe à l’ambiance très « rêve éveillé » de ce court, dont la durée est à peine perceptible, la dizaine de minutes passant sans que l’on ne s’en rende compte. Brillant !

Drôles De Cigognes ! – 1966 – 7 minutes 24

Les cigognes sont chargées d’amener les petits bébés tout justes nés dans leur famille. Mais un de ces oiseaux a du mal à transporter ses deux bébés si bien qu’ils vont tomber dans la nature…

Pré-datant Ferda la fourmi de plusieurs années, ce court reprend les ingrédients déjà utilisés dans bon nombre d’œuvres de Tyrlova en animant des personnages minimalistes sur fonds peints, à l’image de ce qui avait été fait pour Les féeries du corail. On pourra gloser sur le fait que cette pauvre cigogne n’est pas très attentive, tandis que les autres animaux font tout ce qu’ils peuvent pour sauver les deux jumeaux risquant de se noyer (quelle belle idée visuelle de retirer le fil de laine représentant les eaux du lac !), la poésie est bien présente et les parents finiront par récupérer leurs enfants !

Le Mirliton Fripon – 1971 – 13 minutes 26

Dans le château du roi barbu, rien ne va plus : la princesse est triste, voire inconsolable. Rien n’y fait… Alors on cherche de quoi la distraire, et on trouve une merveilleuse boule magique. Cependant on s’aperçoit bien vite que la boule obéit à un mirliton, qui lui-même appartient à un simple berger. Que faire ?

Le court le plus long dans sa durée, et paradoxalement le plus laborieux dans sa narration. L’animation reste impressionnante, mais la réutilisation de plans tout au long du métrage n’aide en rien le médium, et malgré quelques beaux moments, cette histoire de mirliton se révèle assez peu inspirée malgré quelques séquences poétiques.

Le Cavalier Dézingué – 1982 – 8 minutes 43

Dans son atelier, un ébéniste sculpte de petits personnages, hommes et animaux, qui cohabitent en harmonie. Mais dès qu’il a le dos tourné, une branche s’improvise fronde malicieuse et met le bazar parmi tous ces petits habitants, notamment un cavalier tout juste terminé.

Deuxième tour de force de cette anthologie, Le Cavalier Dézingué est à nouveau fait en animation en volume, et ce sont cette fois-ci des jouets qui s’affrontent après une introduction similaire à celle de Potes en Pelote. L’antagoniste est ici un lance pierre amer qui ne se prive pas d’attaquer le tout nouveau cavalier fabriqué par un artisan. Si le pauvre cavalier se défend comme il peut, l’animation inventive de l’action et du lance pierre viennent à bout du jouet peu articulé, mais comme souvent, tout finit bien et le lance pierre a lui-aussi droit à un peu de noblesse.

Panique à La Basse-Cour – 1980 – 5 minutes 43

Un enfant joue tranquillement au milieu de la basse-cour avec des balles de couleur. D’abord, ce sont les souris qui aimeraient bien jouer avec. Puis le chat qui veut s’amuser avec les souris, puis le chien avec le chat… Jusqu’à l’irruption d’un nouvel arrivant…

Enfant, en vacances à la ferme, on m’a toujours dit de se méfier des oies. Preuve par l’image avec ce court de 1980 qui joue sur les sons et le rythme en multipliant les personnages jusqu’à l’arrivée de l’oie. L’animation est ici aussi d’une grande qualité, comme beaucoup d’autres de la même période : plus ludiques, plus maîtrisés, plus qualitatifs dans leurs mise en scène. Panique à La Basse-Cour, la moins longue des œuvres de cette anthologie, est un choix idéal pour la clôturer en douceur.

Drôles de Cigognes ! est sorti en salles le 8 mai via Malavida.



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