Liz and the blue bird est le second film de Naoko Yamada (A silent voice). On y découvre les émotions de deux adolescentes, personnages secondaires de la série Sound! Euphorium, tandis que leur amitié évolue à la fin du lycée. Une tranche de vie sur fond de conte et de musique qui aurait dû me plaire, mais m’a laissée de marbre.
Mizore Yoroizuka et Nozomi Kasaki sont deux meilleures amies dans leur dernière année de lycée. Leur obsession commune ? Le club de fanfare de l’école. Avec Mizore au hautbois et Nozomi à la flûte, elles vivent des jours heureux. Jusqu’à ce que le club commence à travailler des chansons inspirées par le conte “Liz et l’oiseau bleu”. Immergées dans l’histoire, Mizore et Nozomi commencent à réaliser qu’elles ne pourront pas être ensemble pour toujours.
Le film commence par une scénette dans les bois où l’on découvre une jeune femme entourée d’animaux. Le style est doux : la demoiselle n’est que courbes et traits simples, les couleurs sont pastelles et semblent partir du centre pour s’estomper vers le cadre de l’écran, l’image exhale le conte de fées. Une aquarelle tout droit sortie d’un livre illustré pour enfants.
Changement de style pour la seconde séquence, moins poétique, qui se déroule devant un lycée. Il y a peu de couleurs, principalement des nuances de bleu et gris pour un rendu plus dur. Le décor est simple mais bien ancré, le chara-design moins enfantin. Nous sommes dans le monde réel, au lycée Kitauji.
Ces deux univers se succèdent tout au long du film alors que se développe la métaphore entre “Liz et l’oiseau bleu” et la relation des deux jeunes lycéennes. Dans le conte que Nozomi fait découvrir à Mizore, Liz est une femme travailleuse et douce, mais sans amis. Elle s’entoure donc d’animaux qu’elle nourrit dans la forêt, et notamment un bel oiseau bleu. Un jour, une mystérieuse jeune fille aux cheveux bleus s’immisce dans sa vie et égaie son quotidien, devenant le centre de son monde. Mais Liz réalise que son amie est en réalité l’oiseau bleu et qu’elle fait preuve d’égoïsme à la garder auprès d’elle face à l’immensité du ciel. Alors elle pousse son amie / l’oiseau bleu à la quitter et à reprendre sa liberté.
Mizore et Nozomi partagent cette dynamique et ces traits de caractères. Mizore est introvertie, s’exprime peu, et ne semble s’intéresser à personne d’autre qu’à sa meilleure amie Nozomi. Cette dernière, beaucoup moins solitaire, semble briller en comparaison : populaire et talentueuse, elle s’entend avec tout le monde. Le film introduit dès le début une Mizore, anxieuse, qui attend Nozomi pour se rendre en classe de musique, ne pouvant pas faire un pas sans son leadership. Par la suite on la découvre apathique et déconfite dès qu’elle est séparée de son amie. Mizore est Liz, Nozomi l’oiseau bleu qu’elle retient de s’envoler.
Mais les cours de musique s’enchaînent, les mois avancent, les personnages se découvrent et le spectateur se questionne : le parallèle est-il vraiment aussi simple ? Plus qu’une véritable amitié on hésite entre une relation de stalker-victime ou de queen-bee-bouche-trou : Nozomi encourage clairement Mizore à la suivre dans tout ce qu’elle fait, sans pour autant lui donner autant de place qu’elle n’en occupe elle-même dans le monde de Mizore. Nozomi est admirée par ses camarades pour son jeu de flûte mais Mizore se révèle être une bien meilleure musicienne qu’elle, brimant ses capacités pour ne pas faire de l’ombre à son amie. Dès lors, Nozomi ne serait-elle pas Liz, si attachée à Mizore qu’elle l’empêche de libérer sa musique et de découvrir sa voie ?
Au bout d’un moment, cette double interprétation du parallèle entre le conte et le reste du récit devient vraiment difficile à suivre. Surtout quand la réalisatrice nous vend une amitié contrariée par l’arrivée du monde adulte, qui pousse les deux héroïnes à se chercher en tant qu’individus et non plus en tant que meilleures amies, et que j’y voyais, moi, tout autre chose.
J’ai aussi vécu cette période difficile où l’on est si proche de sa meilleure amie que l’on imagine sa vie ensemble après le lycée. On rêve de colocation et de sorties entre filles en soirées étudiantes et cela influe nos choix pour le futur. Mais la relation de Mizore et Nozomi est à mon sens plus profonde que cela. Tout au long du film, j’y ai vu une romance non assumée, par les personnages comme par la réalisatrice.
Pour moi, on dépasse petit à petit la simple parabole avec Liz et l’oiseau bleu quand les personnages réalisent qu’elles s’entravent autant qu’elles s’aiment l’une et l’autre, à leur manière. Il y a d’ailleurs une scène forte en émotions où les deux filles se parlent à cœur ouvert et qui a tout des codes des scènes de confessions dans les animes et les mangas. Mizore dit d’ailleurs “je t’aime” à Nozomi, qui répond “j’aime ton hautbois”… Si ce n’est pas un rateau administré en douceur ! J’ai attendu tout le film que leur relation évolue, qu’elles admettent au moins l’ambiguïté de leur relation, mais non. Pas un bisou, nada. Grosse déception qui ne laisse qu’un film longuet et peu passionnant.
Liz and the blue bird reste un joli film, avec des plans et cadrages si particuliers que je me suis demandé si la réalisatrice n’avait pas un fétichisme des pieds, mais ne m’aura pas marquée. J’ai eu l’impression que l’histoire entamait quelque chose, avec le trouble des sentiments entre amitié et amour au lycée, pour au final ne pas oser y aller. Je me suis même ennuyée à plusieurs reprises et n’ai pas une seule fois fait le lien avec A Silent Voice, que j’avais beaucoup plus apprécié. https://youtu.be/ND2qs-lsqgs