Critique – Mon ami Robot


Cela fait quelques temps que nous suivons Mon ami Robot de Pablo Berger, lauréat du prix Contrechamp au Festival international du Film d’animation d’Annecy et plus récemment du European Film Award du meilleur film d’animation.

Dog vit à Manhattan et la solitude lui pèse. Un jour, il décide de construire un robot
et ils deviennent alors les meilleurs amis du monde ! Par une nuit d’été, Dog avec grande tristesse,
est obligé d’abandonner Robot sur la plage. Se reverront-ils un jour ?

Adaptation de la bande dessinée américaine de Sara Varon (titrée Rêves de Robot et éditée en France chez Dargaud), Mon ami Robot en reprend la forme non dialoguée mais également son esthétique très ligne claire. Pablo Berger, s’appuyant sur Juan Jose Algreda au character design et le chef animateur Benoit Feroumond, déploie un univers visuel au classicisme cartoon chiadé dont l’animation rehausse à la perfection les attitudes des personnages, depuis la candeur de Robot à l’introversion de Dog. Chacun se meut avec ses caractéristiques propres dans ce New-York aujourd’hui disparu, dominé par les tours jumelles de ce Manhattan désormais fictionnel.

Mené par des séquences de tranches de vie simples mais pas simplistes, Mon ami Robot est entrecoupé de deux types de séquences plus atypiques : les premières, musicales, sont le cœur du film et cimentent la relation de Robot avec Dog et les autres personnages du film (on ne va pas vous spoiler).

Les secondes, plus poétiques, concernent les rêves que fait Robot dans l’attente que Dog vienne le retrouver, et sont aussi méta que réjouissantes, puisant dans l’origine même du média dont il est tiré, comme lorsque le personnage s’extirpe de l’écran en passant par les bord de l’écran avant de le faire basculer pour passer à la séquence suivante, ou encore un passage complet en hommage au magicien d’Oz ou Robot danse au milieu de fleurs géantes.

Le mélange de musique originale composée par Alfonso de Vilallonga et des standards de l’époque comme September de Earth Wind & Fire inscrit le métrage dans son époque tout en convoquant un genre de réalisme poétique et les contes avec ses personnages anthropomorphes issus de la vie de tous les jours, tout en ne négligeant pas quelques zones d’ombres et de doutes dans ses personnages : la culpabilité de Dog reste prégnante et la candeur de Robot se transforme en empathie, le tout au service de la valeur transformative du récit.

Doux amer et plein d’espoir, Mon ami Robot est une belle réussite qui rappelle que l’animation peut être utilisée pour toute forme de récits et d’émotions, sous des esthétiques aussi diverses que celles du cartoon indépendant, pour ne citer que celle-ci ici et maintenant. Un beau film qui s’adresse à tous et toutes, au-dessus de 8 ans toutefois pour embrasser complètement cette aventure New-Yorkaise.



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