La semaine du 15 janvier, Eurozoom et Kinepolis ont programmé des séances exceptionnelles du long-métrage Violet Evergarden : Eternité et la poupée de souvenirs automatiques des studios Kyoto Animation. Nous vous parlions de la sortie et son contexte ici. C’est dans une salle quasi-pleine du cinéma Kinepolis de Fenouillet que j’ai eu le plaisir de voir ce long-métrage, petite illustration inédite cartonnée (offerte à l’entrée) dans mes mains…
Isabella York est une jeune femme de la haute société, sa santé fragile l’ont forcé à vivre dans une solitude profonde. Violet Evergarden a pour mission, en qualité de préceptrice, de la préparer à son bal de débutante. Mais que peut faire une poupée de souvenirs automatiques face à au passé tourmenté d’une jeune femme défaitiste sur qui toutes les portes semblent s’être refermée ?
Un ciel bleu, des mouettes, une main qui cherche les nuages, une enfant rousse tenant dans ses doigts une lettre, et les premières notes familières de l’animé démarrent. Toute la salle soupire de contentement, ce soulagement des retrouvailles. Un navire, un château, la mer… La ville après la guerre… Quel lien, Violet, parviendra-t-elle à tracer de ses doigts agiles dans ce nouvel épisode ?
Violet Evergarden apparaît, comme un rituel magique, devant une porte où sa formule de présentation et de dévouement nous rappelle qu’avant sa délicatesse, il y avait une servitude sacrée. Elle a été désigné préceptrice pour la jeune femme Isabella York. Une aristocrate recluse en raison de sa santé. Violet doit la façonner aux bonnes mœurs et attitudes que son rang lui impose, avec pour événement ultime : le bal des débutantes.
Mais Isabella est défaitiste, désabusée et méprisante envers la classe qui est la sienne. Violet, par sa personnalité vierge de toutes émotions exprimées, revêt l’apparence d’un chevalier servant qui désarçonne la jeune femme ainsi que ses camarades de classe. Jusqu’à lui créer un complexe d’infériorité. Ce syndrome d’illégitimité trouve une réponse dans le récit d’Isabella, les soirs d’intimité où tombe le voile de son regard si sombre. Car il y a dans cette solitude meurtrie, un passé abandonné. Violet apprend l’amitié au delà de la compagnie et de la servitude.
Reprenant son rôle de correspondante, le personnage et le film voyagent et font le lien entre deux entités, deux histoires. C’est déjà la deuxième partie du film. Où l’on retrouve une enfant rousse traversant la mer, agrippée à une lettre pliée et déchirée de relectures incessantes. Taylor cherche à devenir postière, car « il distribue le bonheur ». C’est donc vers la Compagnie des Postes qu’elle se tourne, et demande de l’aide afin de réaliser son rêve. Sa revanche sur son passé. Le passé et le présent tentent de trouver leur destination. Le film nous maintient jusqu’au bout, espérant que la correspondance se trouvera comblée. Pour l’éternité.
Au delà du récit – qui je l’avoue n’est pas mon préféré de la vie de Violet Evergarden – le long-métrage sème des idées qui assument un désir de modernité et de liberté dans son propos. Que ce soit par l’illustration d’une évolution technologique positive (le téléphone, la tour radiophonique), des paroles sur l’émancipation des poupées et du mariage ou bien plus clairement encore : l’esthétique vestimentaire dépassant les genres (Benedict arbore des bottes talons aiguilles et une chemise tressée, le costume aux allures « masculines » du bal pour Violet). Ce choix artistique nous permet d’être plus profondément immergé dans cette société fictionnelle d’après-guerre, d’une beauté transcendée, sincère, confiante et libre.