Interview – Derrière le lapin et le poussin avec Marie-Caroline Villand, créatrice de « Molang »


Diffusée depuis février 2016 sur Piwi + et septembre 2017 sur TF1, Molang, série animée preschool du studio Millimages, décline les aventures de son héros éponyme et de son compagnon à plumes Piu Piu, le tout dans une atmosphère innocente et colorée.

Molang, c’est un regard tendre et comique sur l’amitié entre un lapin fantaisiste, très joyeux et enthousiaste et un petit poussin timide, discret et émotif. La série expose avec humour les tranches de vie de Molang et Piu Piu, dans ce que leur quotidien a de plus commun comme dans leurs aventures les plus extraordinaires.

J’ai eu l’occasion d’avoir une longue conversation avec Marie-Caroline Villand, créatrice à l’origine de l’adaptation animée de Molang, où nous avons parlé de sa rencontre avec le personnage, du choix d’un format très court et de l’exceptionnel rayonnement à l’international de ce petit lapin. Et bien sûr, des anecdotes savoureuses que je vous laisse découvrir !

Comment avez-vous rencontré Molang ?

Marie-Caroline Villand : Je l’ai rencontré il y a quatre ans à Annecy et j’ai eu un véritable coup de cœur visuel, j’en ai ensuite parlé au producteur ! A partir de là, ils se sont mis en contact et on a commencé à travailler dessus, puis j’ai commencé à écrire le concept de Molang. ça a été très naturel, en fait.

Vous savez, des fois avec des concepts, il faut travailler et retravailler. Là, ça a été en fait très intuitif et naturel. J’ai partagé ça avec Millimages et nous sommes donc allés nous rapprocher des ayant-droits en présentant notre idée de dessin animé. Et là aussi, tout de suite, la leur présenter a été très simple.

Quelles ont été les étapes d’adaptation et de création de l’univers animé ? Comment travaillez-vous avec la créatrice du personnage Hye-Ji Yoon ? Ça a vraiment été naturel ! En fait, dans l’univers Hye-Ji Yoon, il y avait un petit poussin mais on ne le voyait pas tout le temps au milieu des autres lapins tachetés, il était plutôt rare.

Du coup, je me suis interrogé, je me suis dit c’est le seul petit poussin dans un monde de lapins. Il y avait quelque chose de très fort là-dedans.J’ai commencé à me demander comment Piu Piu et Molang se sont rencontrés. Je me suis demandé quelle émotion on ressent face à ces deux personnages là ? Du coup, j’ai créé une back story, qui est surtout connue des chaînes de TV, établissant le contact entre Piu Piu et Molang. En fait, un jour, Piu Piu, le voisin de Molang, s’installe dans sa petite maison. Un gros orage survient et un arbre fracasse la maison de Piu Piu qui n’ose pas frapper à la porte de Molang. Du coup, il décide de dormir sur la pas de sa porte d’entrée et quand Molang ouvre sa porte le matin, il découvre Piu Piu et l’invite à rentrer chez lui.

A partir de ce moment là, c’est la plus belle colocation et la plus belle amitié de tous les temps qui est née. Cette back story est toute simple et permet d’expliquer pourquoi ces deux personnages vivent ensemble et quels sont les fondamentaux de leur relation. Vu qu’Hye-Ji Yoon ne vient pas du dessin animé, on a pris contact avec elle et on lui a présenté notre concept puis ça s’est déroulé dans une relation de confiance. Ça a été très simple en fait ! (rires) Vu que j’ai créé le concept, j’ai réalisé le premier épisode puis j’ai co-réalisé avec Stéphanie Misiak les cinquante deux premiers épisodes, puis il y a eu la saison deux.

Les designs des personnages sont inspirés des dessins de Hye-Ji mais pour les décors, on a voulu apporter un style qui soit à la hauteur du personnage.

La série animée Molang est au format de 3 minutes 30, combien de temps prend l’élaboration d’un épisode aussi court ?

C’est difficile à dire ! Sur une saison de cinquante deux épisodes, on en produit toujours plusieurs en même temps et ça s’étale sur une longue période. Si vous voulez, on peut parler du format, qui est assez inédit.

Oui, effectivement.

D’abord on a des personnages charismatiques, on fait un gros travail sur les décors, qui sont recherchés. On a un concept novateur, vous savez dans le preschool on est souvent dans l’apprentissage “j’apprends à ceci” “j’apprends à être cela”. Là, on est dans du preschool mais on est dans l’apprentissage du bonheur, de la gentillesse…On ne donne pas de leçon de morale mais on est là-dessus, on l’a appelé “la série du bonheur”. Je me souviens quand je l’ai pitché, j’ai vu les yeux des gens qui brillaient comme pour dire “mais oui, on a besoin de ça !”

Ensuite, vous avez remarqué que les personnages ont ce qu’on peut appeler un langage international, il ne parle ni chinois, ni anglais, ni français…Oui, il y a des mots, on est d’ailleurs en train d’établir un dictionnaire Molangais. La série a été vendue dans je ne sais combien de pays et on n’a jamais eu aucun retour car ce qui compte c’est l’intonation. C’est l’intonation qui donne tout selon comment on prononce, le ressenti n’est pas le même. C’est d’ailleurs notre ingénieur son, Bruno Gueracague, qui prête sa voix à Molang et Piu Piu.

Puis, on a ce format qui est court car on sait très bien que pour ce genre de série, il faut que ce soit court sinon le public ne tient pas devant. Mais on a quand même des dialogues internationaux, donc c’est très bien comme ça. Il faut beaucoup de rythme et ce format plait à beaucoup de gens car ils peuvent le diffuser aussi plus facilement, je pense. C’est bien pour internet mais c’est sûr que ce n’est pas un format usuel, d’habitude les producteurs partent sur du treize minutes voire du onze minutes, cela nous fait faire plus d’épisodes et on est ravi.

La série animée a un fort rayonnement à l’étranger, qu’est-ce qui, selon vous, attire chez ce personnage ?

Oui, je pense que le concept de “la série du bonheur” et il y a un gros succès d’audience, par exemple sur Disney Junior aux USA. Souvent, ce qui marche chez Disney fonctionne aussi chez les autres. Les premières diffusions sont souvent les plus importantes car les audiences génèrent un succès à l’international. Là, on a la chance d’avoir de très, très bon scores et audiences.

On s’est rendu compte que la série était beaucoup regardé chez les femmes. Une chaîne nous avait communiqué ses chiffres et on était dans le top 5 pour les preschool, pour les enfants et les mamans. On travaille la double lecture avec, par exemple, l’épisode “La brioche” où on s’est inspiré de Top Chef. Du coup, les enfants y voient une chose et les parents une autre.  Mais j’aimerais tout de même bien savoir si les papas regardent aussi. (rires)

Le concept de Molang s’est aujourd’hui développé avec des peluches, mais aussi sur d’autres supports comme des livres pour enfants. Est-ce que les créations imaginées pour la série ont un impact sur les autres itérations du personnage ?

Cela dépend des cas, parfois ils ont besoin de nous et parfois pas du tout. Par exemple, un éditeur préparait un livre sur les saisons et comme on avait plusieurs épisodes sur le sujet, on leur a fourni du matériel pour travailler.

On est surtout garant du style graphique et de ce que véhicule le personnage. En fait, dans Molang, il n’y a pas de méchant…

D’ailleurs, y a-t-il un ou des épisodes qui vous ont posé un défi, au niveau de ce type de format et de l’histoire ?

Oui, cela peut nous arriver. On essaie de garder un maximum d’empathie à l’intérieur de l’univers. Quand on fait un épisode, il faut qu’il ait une raison d’exister, on ne le fait pas juste pour le faire. Il y a une nécessité du fond, qu’on ait quelque chose à dire, et quelque chose de bien, même si c’est tout petit. Bien que ce ne soit pas évident on y injecte souvent, et le plus possible, des doubles lectures. C’est peut-être utopique mais on essaye d’apporter cela aux enfants. Souvent tout se joue au storyboard, on écrit nos épisodes et on voit si ça passe l’épreuve de l’image.

On peut voir sur le facebook officiel de petits jeux comme « quelle est votre tenue préférée ? » Et vous, quelle est votre tenue préférée pour Molang ?

(rires) J’avoue que j’aime bien l’écossais et je crois que le public aime bien l’abeille. L’écossais me plaît car j’aime bien l’épisode “jeux d’Ecosse”, il me faisait assez rire. Et vous ?

J’aime bien quand Molang est déguisé en d’autres animaux, par exemple en pingouin, dans l’épisode de Noël.

J’aime beaucoup le faire danser, il est trop mignon lorsqu’il bouge en rythme. Je ne sais pas si vous avez vu la différence des chapeaux : petit pour Molang, enfoncé sur la tête de Piu Piu.

Oui, j’ai vu. Je me suis dit que c’était pour des raisons graphiques, Molang avec ses oreilles, pour qu’on voit le chapeau.

Oui, c’est exactement ça. Molang est vraiment un petite merveille, tout a été très fluide. Là, on a des livres mais pour avoir travaillé dans l’animation, il faut parfois attendre cinq ans pour avoir du merchandising. Je n’ai pas vu quelque chose démarrer aussi rapidement sur l’engouement du public, la création et le merchandising.

Quand on voit tous les corps de métier regroupés du layout aux décors, en passant par les storyboardeurs pour faire un dessin animé, dès qu’une partie est moins forte cela se voit. Dès qu’une série est bonne, je considère cela comme un miracle.

Merci pour cette interview

Merci à vous !

Un grand merci à Florence Rosenfeld de l’agence Verbatim pour la mise en relation, Marie-Caroline Villand pour son enthousiasme. Retrouvez tous l’univers de Molang sur Facebook, YoutubeTumblr, Twitter.


https://www.youtube.com/watch?v=UaG4-p_Ow4I


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