Interview – Pierre Niney et Igor Gotesman pour « Les Bad Guys »


Souvenez-vous : il n’y pas si longtemps, en 2022, sortait Les Bad Guys. A l’époque Camille avait eu le plaisir d’interviewer les voix françaises de Monsieur Serpent et Monsieur Loup, j’ai nommé Igor Gotesman et Pierre Niney. Si le premier est néophyte du doublage de film d’animation, vous avez déjà entendu le second dans la production Pixar Vice-Versa. Ils nous ont partagé leur impression de jouer les méchants pour DreamWorks Animation.

Les Bad Guys sont 5 animaux et criminels mondialement recherchés. Alors qu’ils sont sur le point d’être arrêtés et être condamnés en prison pour leurs nombreux crimes, Loup propose leur ultime méfait, devenir des citoyens modèles pour continuer leurs crimes en toute impunité. Mais lorsqu’un nouvel ennemi fait son apparition, les Bad Guys vont devoir vraiment devenir des citoyens modèles s’ils veulent pouvoir arrêter leur nouvel ennemi et permettre à Loup d’obtenir ce dont il a toujours voulu obtenir : la reconnaissance d’autrui.

Merci de répondre à quelques questions pour Little big animation. Je vais commencer avec vous Igor puisque si je ne me trompe pas, c’est votre première expérience dans le doublage.

Igor Gotesman : Tout à fait.

Alors, comment avez-vous abordé cette expérience-là ?

Igor Gotesman : La petite déception en toute honnêteté, c’est lorsque j’ai compris qu’on serait seul, que chaque voix se fait de manière individuelle et qu’en fait je ne serai pas avec Alice, Pierre et Jean-Pascal que je connais, par ailleurs, dans la vie. Sinon c’est hyper agréable. Au début, quand j’ai commencé mes premières séances de doublage, personne n’avait encore enregistré de voix donc je n’avais pas de retour, rien dans le casque, j’étais tout seul. 

C’était un peu bizarre. Et après, au fur et à mesure des séances, il y a des voix qui se sont ajoutées. J’ai trouvé ça hyper cool à faire parce que c’est la première fois qu’en tant qu’acteur, on peut vraiment être caché derrière un personnage et faire des choses qu’on n’assumerait pas de faire ou qui serait pas habile de faire si on était un acteur sur un plateau en prise de vues réelles.

Donc il y a vraiment ce truc très excitant d’incarner un personnage, de s’inspirer un peu de ce que ça nous renvoie physiquement, de la voix américaine et puis après d’essayer de faire sa propre petite recette pour le connaître. Et puis ce qui est assez intéressant, c’est de voir comment, au fur et à mesure des sessions, on connaît de mieux en mieux le personnage. J’ai l’impression que naturellement tous les acteurs reviennent un peu aux premières bobines pour refaire des passages, étant donné qu’ils se sont mieux approprié le personnage et qu’ils ont vraiment trouvé qui il était. 

De plus, j’ai découvert le film en en faisant le doublage, que j’ai trouvé super. Donc plus je voyais le film, plus il avançait, puis je me disais c’est cool, plus je voulais bien faire parce que je me disais je fais partie d’un vrai truc cool, ce qui renforçait mon envie de m’appliquer. Alors qu’à la base j’étais venu comme un tir au flanc pour bâcler le truc ! (rires)

Alors justement vous dites que vous avez de la place pour vous inspirer et créer un peu ce personnage puisque vous étiez caché derrière, comme son ombre. Avez-vous eu des inspirations particulières ? Cette question est aussi pour vous Pierre.

Pierre Niney : Il y a un côté tarantinesque dans le film, un peu de Réservoir Dogs, Pulp Fiction, des clins d’œil très bien fait et très drôle à ces films de braquage et de hold-up qu’on adore. Donc ces personnages-là, peut-être le George Clooney de Ocean’s Eleven pour Monsieur Loup, voir celui de la pub Nespresso avec ce petit côté un peu classe, un peu malin.

Votre jeu nous rappelait notamment Jean-Paul Belmondo et certains certains de ses rôles de filous attachants. 

Igor Gotesman Voilà, il a pas fait ses cascades, il y avait zéro cascades à faire. 

Pierre Niney : J’ai fait peu de cascades sur ce doublage-là. 

Igor Gotesman : Ceci dit tu avais fait un limbo sous la barre du studio mais c’était pour aller récupérer un truc. 

Pierre Niney : En vrai il faut savoir qu’il y a une barre quand on double et derrière cette barre on fait plein de trucs très physiques : on court, on crie, on simule des braquages… On est très investi physiquement et c’est aussi un côté du boulot. Je pense qu’on a l’air fou. 

Igor Gotesman : Ouais. Et idiot. 

Pierre Niney : Et idiot. C’est un exercice qui demande d’être pas mal endurant. Ouais. Plus fatiguant que ce que je pensais. J’étais une fois rentré claqué comme ça alors que j’avais prévu un dîner un peu important après une session d’enregistrement. Je ne le referai plus, je le déconseille. J’étais un peu chancelant pendant ce dîner,  épuisé de la journée de doublage.

Donc ouais, la concentration. Méfiez-vous du doublage. Non mais ça je le dis à tout le monde vraiment. C’est mettre la ceinture, ne pas boire en conduisant. Méfiez-vous du doublage. Voilà. Ce conseil c’est la moindre des choses. On va faire un spot TV avec ça ! 

Igor, vous parliez tout à l’heure du fait que vous aviez enregistré en premier et comme effectivement vous n’étiez pas ensemble contrairement en général au comédien américain étant donné que vos deux personnages ont une dynamique assez forte… je pense notamment à la scène d’ouverture, était-ce une difficulté ? 

Igor Gotesman : C’est un peu déstabilisant au début après la réalité c’est qu’il y a une animation à suivre donc on sait quand est-ce qu’on doit parler, ne pas parler. Donc on a au moins ça. Après effectivement, en réécoutant une fois que Pierre avait posé sa voix, on a entendu des choses où on trouvait que ça ne se répondait pas assez bien, la discussion ne paraissait pas totalement authentique et à partir de là, on a refait des choses une fois que la voix de Pierre était là.

Pierre Niney : Ce qui est bien, c’est qu’on peut revenir sur des scènes là où au cinéma en prise de vues réelles une fois que c’est plié, c’est plié. Là, on peut revenir autant de fois qu’on veut. Donc, on retravaille des choses et pareil, moi je me suis mis au diapason d’Igor. J’avais la chance d’avoir sa voix sur quasiment toutes les scènes quand j’ai enregistré.

Igor Gotesman : J’imagine que tu as dû jouer bien juste si tu t’es mis à mon diapason. 

Pierre Niney : Ouais ouais. Bien sûr, au « si bémol », à peu près. 

Igor Gotesman : Ah je pensais que c’était un « la » le diapason ?

Pierre, vous aviez déjà doublé dans l’animation, notamment avec le personnage de Peur dans Vice-Versa. Qu’est-ce que ça vous a fait de de vous voir proposer un rôle de méchant, de Bad Guy cette fois ? 

Pierre Niney : J’ai bien aimé. Je venais de faire un lobbyiste des pesticides dans Goliath. Et là, on m’a proposé un autre genre de méchant qui est en fait un peu un gentil caché. Mais j’aimais beaucoup le film justement parce ce que ça raconte quelque chose sur quelqu’un qu’on préjuge comme étant un méchant parce que c’est un loup, un requin, une mygale ou un serpent et il y a toujours plus à découvrir. 

Évidemment la morale du film c’est que ça parle des gens qui sont catalogués coupables à chaque fois. Ouais. mis à l’écart ou bien montrer du doigt et euh et l’idée c’était de voilà de désamorcer ça et de raconter ce que ces clichés et ces préjugés qu’on peut avoir peuvent en fait être cassés et qu’il y a d’autres gens derrière. Et ça c’était ça c’était vraiment hyper intéressant et hyper bien écrit dans le film. Ouais. Il y a beaucoup de lecture je trouve et c’est très moderne dans le ton. 

Et même dans l’animation c’est très rafraîchissant la manière, enfin la modernité et en même temps le côté cartoon. Enfin, moi j’avais jamais vu ça. Il y a une scène de baston notamment qui est extraordinaire de bagarre pour les enfants. Ouais, il y a une scène de course poursuite vraiment sensationnelle qui fait très années 70.

Petite dernière question pour la route. Vos deux personnages sont assez opposés. Ils sont meilleurs amis mais monsieur Loup est quand même plutôt optimiste et Monsieur Serpent lui, un peu moins. Vous reconnaissez-vous ou pas dans ces personnages ? 

Pierre Niney : Il a un petit côté… pas grincheux mais il y a un petit côté de toi dans un côté un tout petit peu mal léché, pas toujours de bonne humeur, un peu qui râle parfois quand il a pas mangé.

Non mais c’est un mélange parce qu’en même temps tu es quand même aussi très énergique et très optimiste. (à Igor) Donc tu as composé quand même pas mal pour ce personnage, ce qui était d’ailleurs très cool à découvrir, cette voix que Igor a créée et que le public va découvrir pour Monsieur Serpent.

Pour Monsieur Loup, je ne sais pas trop si j’ai des points communs avec lui. J’ai le sens de la bande. J’aime bien réunir des gens, fédérer et passer des moments avec des gens que j’aime. Et je pense que le personnage de Monsieur Loup, il a ça. C’est pour ça que c’est un peu le chef de cette bande de Bad Guys, c’est qu’il aime bien ses potes et il aime les réunir. 

Merci à tous les deux pour vos réponses

Les propos ont été édités et condensés dans un souci de clarté.


A lire dans le même genre

Dernières publications

  • Annecy 2025 – Paramount Animation en costume bleu, jaune et vert

    Annecy 2025 – Paramount Animation en costume bleu, jaune et vert

    Ramsey Naito, présidente de Paramount Animation a introduit la présentation du studio en rappelant le calendrier de ses sorties, avec Les Schtroumpfs, le film qui sort le 16 juillet 2025, suivi par Bob l’éponge – Le film : A la recherche de l’éponge perdue, sortant à Noël 2025, La Pat’ Patrouille : Le film Dino…

  • Annecy 2025 – Work in Progess : ZsaZsa Zaturnnah

    Annecy 2025 – Work in Progess : ZsaZsa Zaturnnah

    Après Hayop Ka! The Nimfa Dimaano Story présenté au festival en 2021, Avid Liongoren est revenu cette année avec son projet de long métrage, ZsaZsa Zaturnnah. Un homme gay et timide avale une pierre magique qui le transforme en une super-héroïne flamboyante ! Les origines de ZsaZsa Zaturnnah prennent racines dans la mythologie philippine où…

  • Annecy 2025 – On a vu… Les Courts métrages de L’officielle 1

    Annecy 2025 – On a vu… Les Courts métrages de L’officielle 1

    Pour la première fois, ce sont des courts métrages qui ont ouvert le Festival International du Film d’animation d’Annecy, un moment habituellement destiné à un long métrage dont la présence en compétition n’est pas nécessaire. Pour cette édition 2025, ce sont donc les courts en sélection de L’officielle 1 qui ont eu cet honneur. Parmi…