Critique – Les Bad Guys


Adapté du livre éponyme d’Aaron Babley, Les Bad Guys, réalisé par Pierre Perifel, est disponible en salles depuis le 6 avril. Alors, ces grands méchants ont-ils volé notre cœur ?

Les Bad Guys sont 5 animaux et criminels mondialement recherchés. Alors qu’ils sont sur le point d’être arrêtés et être condamnés en prison pour leurs nombreux crimes, Loup propose leur ultime méfait, devenir des citoyens modèles pour continuer leurs crimes en toute impunité. Mais lorsqu’un nouvel ennemi fait son apparition, les Bad Guys vont devoir vraiment devenir des citoyens modèles s’ils veulent pouvoir arrêter leur nouvel ennemi et permettre à Loup d’obtenir ce dont il a toujours voulu obtenir : la reconnaissance d’autrui.

Avec sa bande de voleurs zélés, le film connaît ses gammes de l’exécution d’une intrigue de casse et en joue avec perfection. On rebondit d’un plan huilé digne de la saga Ocean à la révélation du gain en poupée russes, dans la lignée de Haute Voltige. L’art du déguisement sert le propos de ces Bad Guys en quête de sens dans leur propre vie. Loup se retrouve tour à tour dans la peau d’un agneau et ironiquement dans les habits d’une grand-mère, révélant ainsi sa vulnérabilité intérieure.

L’amitié dysfonctionnelle et intense entre Loup et Serpent, respectivement Pierre Niney et Igor Gotesman aussi aussi amis dans la vie, représente la colonne vertébrale du groupe qui va subir quelques secousses avec les envies d’évolution de Loup. Piranha, Requin et Tarentule sont plus présents pour leurs fonctions au sein des braquages que pour leurs développements émotionnels. La vraie surprise réside dans le personnage de la gouverneure Diane Foxington, qui bénéficie d’un chara-design subtil et d’une révélation satisfaisante.

Autre personnage féminin notable, la cheffe de la police, magnifiquement vocalisée par Laëtitia Lefevre, ne démérite pas en étant à la fois un ressort comique mais aussi touchante dans son rapport à Loup. Leur relation évoque l’éternelle poursuite de Zenigata derrière Lupin. Elle est accompagnée d’une masse grouillante et dynamique de policiers qui ne ferait pas rougir Miyazaki.

L’animation des Bad Guys s’inscrit dans la lignée du mélange 2D et 3D que l’on a déjà vu chez Sony Pictures Animation dans l’apport de textures peintes et de traits à l’esthétique globale du film, somptueuse. On a souvent l’impression d’être immergé dans des concepts arts du film directement animés sur l’écran. Le studio Dreamworks Animation semble enfin parti sur une envie de stylisation avec une poursuite de cette volonté artistique pour Le Chat Potté 2 : La dernière quête.

La musique, composée par Daniel Pemberton (The Afterparty, Spider-Man : New Generation), finit d’ajouter une touche de panache avec ses influences seventies évoquant la légèreté de L’or se barre. L’insertion des titres musicaux à l’intérieur même des courses poursuites survoltées rappellent tout autant la saga Fast and Furious (les voitures sont si classes) et les Blues Brothers. Le comédien Benoît Cauden qui interprète Piranha en français assure avec brio la chanson du spectacle du gala du professeur Marmelade, interprétée en version originale par Anthony Ramos.

Mon seul bémol vient de l’abus de l’adresse régulière de Loup à la caméra, qui est un trope déjà trop présent dans le cinéma mainstream. Cette intrigue n’en a pas la nécessité pour avancer et faire comprendre le jeu et enjeux des préjugés au public.

Les Bad Guys est au final un film très éduqué maitrisant parfaitement les codes du film de braquage qui réjouiront le public adulte, et apporte une bonne dose de fun pour les plus jeunes. En cette période pour le moins anxiogène, je vous invite à aller le découvrir entre amis ou en famille.


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