Cartoon Movie 2019 – My Grandfather used to say he saw Demons


Pitché l’an dernier parmi les projets en concept, My Grandfather used to say he saw, réalisé par Nuno Béato, est une une coproduction espagnole, portugaise et hollandaise entre les studios Basque films, Sardinha em Lata et Submarine. Ce projet dénote par sa singularité dans l’utilisation des techniques d’animation stop motion et traditionnelle au service d’une histoire moderne :

Rosa est une designeuse à succès qui vit dans la capitale. Un jour, elle réalise le manque de sens de son existence. La mort soudaine de son grand père qui l’a élevé et l’impression que cet amour là ne reviendra jamais, la ramène dans la maison où elle a grandi. Grâce à une série de lettres et d’indices elle découvre que son grand père lui a laissé une tache importante à accomplir qui pourra l’aider à trouver la paix en elle-même et avec les autres tout en réparant les erreurs passés de ce dernier. Rosa entre alors dans un monde peuplé de créatures fantastiques en argile et d’animaux sauvages, et une vie suivant le cours des saisons dans une communauté où l’entraide est ce compte le plus.

Ce projet en développement est réalisé par Nuno Beato sur un scénario de Possidónio Cachapa avec une musique composée par le groupe d’influence jazz Gaiteiros de Lisboa. L’intrigue tourne principalement autour du cheminement personnel de Rosa qui, après s’être enfermée dans le travail, s’est coupé du monde et finit par craquer à l’annonce de la mort de son grand-père. Marcelino occupait une place centrale dans sa vie car il est celui qui l’a élevé et était son seul contact avec le monde extérieur, elle n’a que son chat et son travail dans sa vie de citadine.

Le burn out est présenté comme un nœud narratif important car il prend la forme d’un déclic pour l’héroïne. Elle va ainsi devoir se confronter au passé trouble de Marcelino et faire le point sur sa vie. Ces thématiques autour de la violence du craquage s’inscrit dans la modernité puisque les notions de « burn out » et de « retraite » sont parfaitement intégrées à notre quotidien surchargé. Le producteur Diogo Carvalho a d’ailleurs bien insisté là dessus :

« Il faut se rapprocher de la crise de nerfs. »

L’animation s’articulera en deux temps, tout d’abord de l’animation traditionnelle qui sera assurée par Submarine pour le monde moderne, la ville, puis de la stop motion par le studio portugais Sardinha em Lata pour tout ce qui touche à la campagne et à l’univers de Marcelino. Le choix de l’argile renvoie à une évocation de l’ancien mais dégage aussi beaucoup de sensualité dans sa texture. On a pu voir la scène où Rosa sort de la voiture pour retrouver la maison de son enfance et le passage de l’animation traditionnelle à la stop motion réveille cette sensation de pieds nus sur de la terre mouillée. L’univers de Marcelino est peuplé de petits démons en argile dont les designs sont inspiré par le travail de l’artiste Rosa Ramalho, qui donne son prénom à notre héroïne. Le réalisateur Nuno Beato s’est confié au micro de Zippy Frame sur la connexion entre la nature et ces créatures fantastiques :

« C’est un rituel païen, très ancien, qui rappelle les traditions Celtes. Ces cérémonies se déroulaient durant Carnaval et en période de Noël. On peut encore voir l’impact qu’elles ont dans les habitudes des gens, qui ne les ont pas totalement perdues. C’est aussi lié à comment on a affaire à nos démons, comment on essaie de les chasser, de les éliminer. Ces moments sont connectés aux solstices : l’hiver et ensuite vient l’été, les anciennes cultures ont dû faire avec cette relation à la nature. Et ces démons dont le film parle, les démons intérieurs de Rose, de la tête de son grand père, ils sont ce qu’elle doit apprendre à gérer, et accepter de vivre avec eux. Ces mêmes statuettes que son grand-père fabrique représentent ses démons, et lui-même représenté sous cette forme. »

D’un budget de moins de 10 millions d’euros, My Grandfather used to say he saw demons est un projet prometteur sur l’histoire et ambitieux par son mélange de techniques et on peut espérer le voir pour 2021. Ce premier long métrage du studio Sardinha em Lata va permettre de faire découvrir leurs talents en stop motion et la culture portugaise à un public plus large.


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