Critique – Avril et le monde truqué


Avril et le monde truqué est un excellent film de science-fiction, pouvant rivaliser avec les blockbusters en prises de vues réelles sans soucis : il lie un scénario intelligent, un univers graphique steampunk très appréciable et des personnages riches, notamment une héroïne forte et intelligente.

1941. Napoléon V règne sur la France où disparaissent 1941. Napoléon V règne sur la France où disparaissent mystérieusement les savants. Privé de technologie moderne, le monde est gouverné par le charbon et la vapeur. Une jeune fille, Avril, partira à la recherche de ses parents, scientifiques disparus, avec Darwin, son chat parlant, et Julius, jeune gredin. Ce trio devra affronter dangers et mystères afin de découvrir qui enlève les savants et pourquoi.

J’ai été bercée par l’univers de la bande-dessinée toute mon enfance, et j’en suis encore une grande amatrice aujourd’hui. J’ai donc naturellement été attirée par Avril et le monde truqué, dont les graphismes ont été réalisés par Jacques Tardi, plus connu pour sa série Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec. L’artiste français y retrouve ses thèmes de prédilection, de l’héroïne forte aux dérives de la science en passant par un Paris plongé dans le passé, ici dans un monde uchronique.

Avril et Darwin observent la capitale et ses deux tour Eiffel

Ses dessins prennent vie sous nos yeux, avec cette façon qui lui est propre de dessiner des personnages aux nez en patate. J’ai été impressionnée par les décors, jamais vides, et le souci du détail sur chaque scène… Je pense à la maison du grand-père d’Avril, pleine d’objets en tous genres, aux différents laboratoires richement équipés, à la forêt luxuriante, au téléphérique dont on peut sûrement compter compter les boulons… Un régal pour les yeux, et à n’en pas douter, un travail titanesque pour les animateurs.

L’autre grande force d’Avril et le monde truqué, c’est son scénario intelligent, entre aventure et science-fiction, qui se marie parfaitement avec les dessins de Tardi. Il est en effet question de la place de la science dans un monde en crise, où l’électricité n’a pas été inventée et où les pays entrent en guerre pour les derniers hectares d’arbres au monde, afin d’en faire du charbon.

Avril mène l’enquête pour retrouver ses parents disparus

Au milieu de ce contexte géopolitique il y a Avril, une jeune fille brillante et pleine de caractère, qui cherche ses parents, des scientifiques disparus. Tous ces éléments s’entremêlent pour finalement se résoudre, au terme de multiples rebondissements bourrés d’action, sur un message écologique bien amené. Une thématique importante, et qui résonne dans tous le film, où Paris la verdoyante a laissé place à une ville grise, triste et polluée.

Le traitement d’Avril et le monde truqué, loin des stéréotypes manichéens, séduira à coup sûr les adultes. Les jeunes enfants auront peut-être plus de difficultés, tant le film est riche en personnages, en idées et en péripéties. On y retrouve tout de même les valeurs qui font un bon film familial : l’amitié, l’amour, la famille. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié que l’un des personnages principaux soit un patriarche, un papy décalé qui a de l’énergie à revendre, une chose assez rare au cinéma pour être soulignée. Et les enfants, comme les grands, tomberont à coup sûr sous le charme de Darwin, le chat qui n’a pas sa langue dans sa poche !

Les deux réalisateurs, Franck Ekinci et Christian Desmares, ont donc réussi la prouesse d’animer l’univers graphique de Tardi avec un scénario digne d’un blockbuster, signé Benjamin Legrand mais aussi Franck Ekinci. Une pièce à 8 mains, dont les qualités ne sont pas passées inaperçues auprès auprès du public, séduit, et du jury, le film ayant reçu le cristal du long métrage 2015. De mon côté, je suis pressée de pouvoir le revoir en salles, pour mieux encore en apprécier toute la richesse ! https://www.youtube.com/watch?v=0CeRmyassi4


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