Après l’expérience Les Trolls, qui me donne encore la nausée, je suis allée voir Baby Boss avec autant d’enthousiasme qu’un marmot devant un plat de petits-pois-carottes. Sceptique devant la pauvreté du scénario, j’étais persuadée d’avoir vu tout le film, gags compris, dans la bande-annonce. Pourtant, le film m’a rapidement embarqué et j’ai su que j’allais passer un bon moment quand le jeune Tim répond « non merci, moi ça suffit » à ses parents qui demandaient si ça lui plairait d’avoir un petit frère… Juste avant qu’un plan large dévoile l’air penaud des deux parents et le ventre très très rond de la maman ! Hop, premier rire franc et larmes aux yeux.
Un garçon de sept ans est jaloux de son petit frère, un bébé qui parle en secret et se promène partout avec un attaché-case. En pleine opération pour regagner l’affection de ses parents, il découvre un complot du président de Puppy Co. tournant autour de son petit frère et menaçant de détruire l’équilibre de l’amour dans le monde. Les deux frères vont devoir s’unir pour sauver leurs parents, restaurer l’ordre des choses et prouver que l’amour est en fin de compte une force infinie.
J’ai beaucoup aimé que le film dévoile « la vérité sur l’arrivée d’un deuxième enfant », qui accapare toute l’attention des parents, empêche de dormir et transforme la maison en bordel sans nom. Parce que, soyons francs, les bébés c’est mignon, mais c’est chiant. Une dualité parfaitement représentée par Baby Boss, tantôt adorable à vous faire pousser des « awwww » et vérifier votre courbe d’œstrogènes, tantôt antipathique option diabolique comme le vieux chat de vos beaux-parents. En quelques centièmes de secondes, son visage change du tout au tout et affiche des expressions aux antipodes l’une de l’autre. Ça en est effrayant, et fascinant.
Baby Boss est d’ailleurs la source de 75% des rires à lui tout seul. Un exploit. Le décalage entre le gaga de la petite enfance et la rudesse du monde adulte est particulièrement efficace, et semble avoir inspiré les scénaristes. Entre les gags attendus, notamment toutes les crasses que peuvent se faire deux enfants, on trouve des blagues bien pensées, qui risquent de faire davantage rire les adultes dans la salle. Je songe notamment à cette scène où Tim-le-grand-frère invite Baby Boss à se battre avec des pirates imaginaires, qu’il va donc naturellement menacer de licenciement ! Cette façon d’immiscer la réalité du monde du travail dans l’imaginaire des enfants est à mourir de rire.
C’est d’ailleurs un autre aspect du film que j’ai apprécié : la représentation de l’imagination de Tim. Quand le jeune garçon se projette en pleine mission d’espionnage ou à combattre des pirates, le style d’animation change pour quelque chose de plus coloré, effet cartoony 2D. Une différentiation graphique très agréable qui permet de découvrir une autre vision des événements à travers les yeux de Tim. Par exemple, il assimile une baby party à une invasion de monstres de films d’horreurs dans une scène où tous les codes du genre sont repris. Encore un moment hilarant.
Finalement, la légèreté du scénario est vite oubliée, tant on trouve à rire. Le film semble bourré de références et easter eggs (j’ai vu Voltron et Mary Poppins, mais j’en ai loupé beaucoup d’autres à coup sur) et bénéficie de blagues pour tous les âges. Au point qu’une scène m’a particulièrement interrogée et que je cherche encore à déterminer si j’ai l’esprit mal tourné ou si elle était voulue ainsi, comme une dénonciation des pratiques de certains patrons… Je n’ai pas été la seule à réagir, donc si j’ai l’esprit mal tourné, je ne suis pas la seule !
Enfin, si vous aviez aimé Cigognes et Compagnie et craignez de voir la même chose avec Baby Boss, détrompez-vous. Les films se ressemblent et diffèrent autant que Fourmiz et 1001 pattes à l’époque ! Et ils ont tous deux leurs qualités distinctes. Pour passer un bon moment en famille, je recommanderai l’un et l’autre sans soucis. Alors rendez-vous en salles pour voir Baby Boss !