Critique – Les Trolls


Je n’avais pas du tout été convaincue par les premières images du film Les Trolls, ni par le synopsis, mais j’étais prête à leur laisser une chance. Peut-être parce que Muriel m’avait vanté le travail préparatoire de fou des artistes, peut-être parce qu’il y avait Anna Kendrick (love girl), peut-être parce qu’au fond j’espérais être enfin surprise, après Comme des bêtes et Le monde de Dory. Et surprise, je l’ai été, car rien ne me préparait au résultat final, horripilant, décevant, désolant.

Connus pour leur crête de cheveux fluos et magiques, les Trolls sont des créatures délirantes et joyeuses et surtout les rois de la pop. Mais leur monde d’arcs-en-ciel et de cupcakes est changé à jamais lorsque leur leader Poppy, accompagnée de Branche et tous ses amis, doit se lancer dans une mission de sauvetage qui l’entraînera loin de ce petit paradis.

Si l’on devait en retenir quelque chose de positif, ce serait les cinq premières minutes. L’introduction est plutôt originale, avec un effet animation de papier collé (la princesse Poppy est très douée pour le scrapbooking). L’entrée du jeune prince des Bergens (les vilains), roulant à fond sur son pousse-pousse, réussit même à bien hameçonner le spectateur. Et quand ils découvrent que les trolls ont disparus, remplacés par des répliques en bois, je me suis dit “chouette, ce petit côté méta qui rappelle nos jouets en plastique à nous”. Et ensuite ? Ensuite, j’ai vomis des paillettes pendant 1h25 tout en essayant désespérément de me boucher les oreilles avec.

Les chansons s’enchaînent aussi vite que les “ressorts” scénaristiques usés jusqu’à la corde. Les premières, pourtant entraînantes et populaires, sont vites aussi agaçantes que la personnalité des personnages. Je ne peux pas m’avancer pour la version originale, mais entre l’adaptation des paroles pour le film et leur traduction française, on est pas gâtés. Et cette scène où la fille de cuisine Brigitte chante son amour pour le roi, dans un espèce de clip sans doute voulu drôle option méthamphétamine-psychopathe-dérangeante, est un vrai cauchemar… Vous vous êtes déjà demandé à quoi ressemblerait la vie si tout le monde chantait tout le temps, à la High School Musical ? Les Trolls vous apporteront la réponse, à vos risques et périls.

Je relis mes notes et je vois “c’est chiant”, puis plus loin “pitié sortez moi de là”. Avec un niveau de prévisibilité à faire mourir de jalousie Météo France et des dialogues dignes d’Amour Gloire et Beauté, Les Trolls n’est qu’un amas d’éléments tous plus éculés les uns que les autres. Sans oublier qu’il dégouline de bons sentiments, de leçons sur l’optimisme, l’amitié, l’amour… Tout n’y est que cupcakes et paillettes. Une recette contre laquelle je n’ai rien en général, loin de là (My Little Pony reste dans mon coeur), mais se révélant ici bien trop poussive. S’il n’était pas estampillé DreamWorks, Les Trolls ne rivaliserait qu’avec les DTV des bacs de supermarché. Une honte.

C’est d’autant plus dommage que le film possède un univers visuel très sympathique, coloré à outrance chez les trolls, triste et froid chez les Bergens. On découvre brièvement un bestiaire qui semble bien dangereux, et l’idée de donner des “pouvoirs” aux cheveux des trolls est plutôt bien vue (à l’image de la façon dont Branche s’en sert comme fouet pour chasser des araignées). Et je suis restée toute chose devant la texture des trolls, qui rappelle parfaitement le revêtement pelucheux tout doux des jouets de l’époque. Des visuels flashy, plein d’énergie, et qui auraient pu être tellement mieux utilisés avec, disons, simplement, pourquoi pas, c’est à essayer, un scénario ?

En somme, je le déconseille, et pas seulement aux adultes qui s’ennuieraient comme jamais. Les enfants, qui reste un public facile, se laisseront peut-être porter par la musique, mais pas plus. Dans la salle, tous les gags sauf un sont tombés à plat : seul la scène où Branche jette la guitare au feu, vue dans les bande-annonces, a fait rire les petits. Il y a tellement mieux au cinéma en ce moment, faites-moi plaisir, ne les emmenez pas voir ça. Tentez plutôt Kubo et l’armure magique, Ma vie de courgette ou, si vous voulez rester dans le mainstream, Cigognes et Compagnie (je ne l’ai pas vu mais je parierais volontiers dessus, et il ne peut pas être pire que Les Trolls).


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