Critique – L’Étrange Forêt de Bert et Joséphine


Plus de deux ans après la découverte de La Petite de la Poissonnerie au festival du film d’animation d’Annecy, Hafan Film revient avec L’Étrange forêt de Bert et Joséphine réalisé par Filip Pošivač et Barbora Valecká sorti en salles le 14 février et distribué par Cinéma Public Film.

Bert et Joséphine vivent dans un prunier au milieu de la forêt. Ensemble, ils prennent soin des créatures qui la peuplent et s’assurent de leur bien-être. Chaque soir, Bert s’occupe de l’éclairage de la forêt, assuré par des champignons lumineux. Joséphine, quant à elle, pouponne un groupe de champignons qui se chamaille sans cesse. Une parfaite harmonie règne dans leur univers jusqu’au jour où les champignons lumineux commencent à disparaître…

Promenons nous dans les bois…

Bert et Joséphine, les héros de ces histoires champêtres, sont frère et sœurs et se démarquent par leur complémentarité de caractère. Bert est peureux, parfois fainéant, tandis que Joséphine se montre plus courageuse mais aussi râleuse. Ils leur arrivent à tous deux de faire de mauvais choix vis-à-vis des autres créatures de la forêt, mais ils finissent toujours par apprendre de leur mauvais comportement grâce à l’aide de la nymphe conteuse qui s’avère être un guide pour le spectateur comme pour nos héros.  A l’instar de Rita et Crocodile, Bert et Joséphine sont dépeints avec des imperfections qui les rendent humains, dégageant ainsi une certaine modernité de cet univers de contes de fées.

Cet univers merveilleux est animé avec une stop motion précise, fluide et naturelle. On y retrouve une saveur esthétique digne de Dark Crystal et pour le design distordu des créatures de la forêt l’influence de l’illustrateur Brian Froud, notamment les nymphes qui prennent des airs de groupe punk-rock avec leurs têtes en forme de cacahuète. Cette représentation de ces êtres mythologiques est pour le moins inhabituelle, car on les perçoit usuellement beaux et immaculés, plongés dans un coton vaporeux néo-classique.

Pour ce qui est de la nature, on découvre un aspect minutieux et riche en détails qui a éveillé en moi les souvenirs du jeu vidéo Botanicula (créé par Jakub Dvorský) ainsi que par l’utilisation de petites plantes toujours en mouvement quelque part dans le décor. La technique de stop motion en 24 images par seconde rend cette sensation de mouvement et de fluidité encore plus prégnante, et sa combinaison avec une post-production très au point fait des merveilles. Et ce, à tel point que les images du films présentes dans cette critique ne rendent pas honneur au film.

Alors, ça biche ?

Le casting vocal français porté par Nolwenn Korbell, Myrtille Zilliox, Samuel Legay, Sabrina Horvais-Amengual, Louison Pochat et Anouck Montreuil apporte vraiment sa touche à l’univers du film. Le personnage de l’esprit tentaculaire possède un timbre de voix rauque limite blasé, typique des fins de soirée arrosées ou des débuts de mâtinées difficiles et surtout, on ne s’attend pas à ce que la nymphe narratrice entonne un air de rap à faire rougir Drake de jalousie. Le travail de direction artistique de cette anthologie mérite vraiment d’être souligné car il résonne comme étant fun et moderne. Pour être tout à fait honnête, je râle à longueur de temps sur les versions françaises que lorsque je vois de l’originalité, je tiens à ce que ça se sache !

L’Étrange Forêt de Bert et Joséphine nous montre l’énorme potentiel de la stop motion tchèque porté par le studio Hafan Film. Bert et Joséphine vivent  leurs aventures en dehors des stéréotypes dans un cadre naturel et merveilleux. Cerise sur le gâteau ! La version française se révèle comique et moderne, ce qui permettra à vous et vos enfants d’apprécier d’autant plus le film. Cette anthologie est mon coup de cœur pour ces vacances d’hiver, allez-y ! Vous ne serez pas déçus. https://vimeo.com/250190286


A lire dans le même genre

Dernières publications

  • Critique Annecy 2024 – The Colors Within

    Critique Annecy 2024 – The Colors Within

    Passé par le festival d’Annecy, The Colors Within, réalisé par Naoko Yamada et produit par Science Saru, a fait forte impression. Laissez-moi vous livrer mon ressenti sur ce long métrage tant attendu : Totsuko est une lycéenne capable de voir les « couleurs » des autres. Bonheur, excitation, sérénité, et bien plus encore, se révèlent…

  • Plongez dans les premières images de l’anime « L’Atelier des sorciers »

    Plongez dans les premières images de l’anime « L’Atelier des sorciers »

    On l’attendait d’une impatience mêlée d’inquiétude, et voici donc les premières informations et une bande-annonce pour l’adaptation animée de L’Atelier des sorciers, l’un des meilleurs manga actuels, dévoilés durant un panel de l’Anime Expo. Coco, une jeune fille qui n’est pas née sorcière mais qui est passionnée par la magie depuis son enfance et travaillant…

  • Une nouvelle bande annonce pour « Anzu, chat-fantôme »

    Une nouvelle bande annonce pour « Anzu, chat-fantôme »

    Après un passage à la Quinzaine de Cannes et au festival d’Annecy, Anzu, chat-fantôme, réalisé par Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita, se dévoile dans une nouvelle bande annonce : Karin, 11 ans, est abandonnée par son père chez son grand-père, le moine d’une petite ville de la province japonaise. Celui-ci demande à Anzu, son chat-fantôme…