Critique – Dans la forêt enchantée de Oukybouky


Après avoir parcouru la nature dans La grande Course au fromage, le studio Qvisten nous invite à faire une pause au cœur de la forêt de Oukybouky, toujours en stop motion, toujours avec le même talent. Hors-compétition mais toujours dans le vent !

Il fait bon vivre dans la forêt de Oukybouky. Pourtant, les souris Lucien et Sam-la-Vadrouille, Maître Lièvre et la famille Écureuil doivent rester prudents car certains voisins ont parfois le ventre creux et les dents longues… Quand Marvin le Renard et Horace le Hérisson tentent de croquer Lucien et sa grand-mère, les habitants de la forêt décident d’agir. Mais comment persuader Marvin et Horace qu’ils devront désormais remplir leurs assiettes avec des noisettes ?

Après La Grande course au fromage adapté de l’univers de Kjell Aukrust, Rasmus Siversten  et le studio Qvisten s’attaquent à une autre adaptation de la littérature jeunesse norvégienne : « Klatremus Og de Dyrene I Hakkebakkeskogen » où il est question de la gestion du caractère sauvage des individus au sein de la société. La narration de Dans la forêt enchantée de Oukybouky prend un soin particulier à expliquer le rôle de chaque animal dans cette clairière, on découvrait ainsi les talents culinaires de Maître Lièvre, ceux d’orateur de Lucien la souris et même l’élan silencieux se fait une place en tant qu’observateur de la Nature.

Cette intrigue fait écho à l’importance d’une pratique de la démocratie dans nos sociétés occidentales, une question importante vu l’époque tourmentée que nous traversons. Dans le film, les étapes vers cet équilibre peuvent paraître procédurière avec l’établissement des règles de communauté pour éviter que les animaux ne se fassent croquer par Marvin le Renard ou Horace le Hérisson, mais sont dotées d’une efficacité donnant accès au concept de vote aux plus jeunes. 

Dans la dépiction de l’animal sauvage, les fables de la Fontaine et autres contes nous ont habitué au renard fourbe et malicieux, une fonction que Marvin remplit complètement dans sa caractérisation. Par contre, on peut facilement se faire surprendre par l’instinct vorace teinté de cruauté d’Horace le hérisson qui est plutôt perçu comme animal mignon dans nos contrées. A sa découverte, je n’ai pas m’empêcher de lâcher un “ Ouh ! Il n’y va pas de main morte lui.”

Cette histoire est portée par de nombreuses chansons folkloriques ce qui, au début je dois l’avouer, m’ont désarçonnées mais qui correspond à cette ambiance de village traditionnel perdu au milieu de la forêt. Cette musique présente aussi un atout dans l’apprentissage du système démocratique pour les jeunes enfants.  

Au niveau de l’animation en stop motion, le studio Qvisten s’était déjà fait remarquer par son sens du détail naturaliste dans De la neige pour Noël et La Grande course au fromage. L’univers de la forêt de Oukybouky monte d’un cran en explorant un quotidien des animaux dans une stylisation à la fois naïve et colorée.

La nature nous apparaît comme vivante et surréaliste avec l’utilisation de couleurs vives, par exemple la forme des arbres dénotent par leurs branches tout en courbes. Avec ce long-métrage le studio norvégien nous démontre une fois encore l’étendue de leurs talents.

Dans la forêt enchantée de Oukybouky est pour moi une bonne surprise car ce film manipule des idées intéressantes autour de la démocratie à destination du jeune public. L’esthétique développée par le studio Qvisten est remarquable de fantaisie et joue dans la cours des grands de la stop motion.

J’aimerais d’ailleurs voir leur expérience sur un projet ayant une histoire originale, qui sait ? Un jour, peut-être sauteront-ils le pas. En attendant, vous pouvez aller en famille à la rencontre des personnages de Oukybouky !      


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