Critique – Agents Super Zéro


Ah tiens, encore un film d’animation espagnol ! C’est pour qui ? C’est pour moi ! S’il y a bien un film sur lequel je n’avais aucune attente, aucun a priori, c’est celui-là.

Mortadel et Filemon sont les meilleurs super-espions de la TIA, une agence gouvernementale secrète. Ils combattent le crime comme aucun autre espion… Ou plutôt ils accumulent les gaffes comme personne !! Cette fois, ils doivent faire face à deux menaces : Jimmy le Mariole qui a prévu de faire exploser la TIA, et Grosses Paluches qui veut se venger de Filemon…

Avant de parler du long-métrage, que l’éditeur Wild Side a décidé de sortir cet été en DVD et en VoD sous le titre d’Agents Super Zéro (Les Nouvelles aventures de Mortadel et Filemon), faisons un peu d’histoire. Mortadel et Filemon sont deux personnages d’espions mal dégrossis issus du monde de la bande dessinée.

Ils ont été créés en 1958 par Francisco Ibanez et font partie intégrante de la culture ibérique, au même titre qu’Astérix et Obélix chez nous. Leurs aventures possèdent à la fois une dimension comique et satirique, du moins sur le papier.

Au mois d’avril de l’année dernière, la sortie du plus récent album de Mortadel et Filemon s’est retrouvé perturbée par l’évocation d’une affaire de corruption entre la RTVE (la télévision publique espagnole) et un homme politique.

L’album faisant la satire de cette situation, la télévision publique a donné une couverture très réduite à l’événement, ce qui a fait scandale et bénéficié aux pires agents de la T.I.A qui ont fait des ventes records en plus de garder leur statut d’icônes populaires.

Cependant, dans le film de Javier Fesser, il ne s’agit pas de politique mais plutôt d’une course poursuite effrénée entre nos deux losers d’agents secrets et Jimmy Machado qui a volé le précieux coffre du Surintendant de la T.I.A.

On y trouve une critique de la société espagnole avec Filemon le quadragénaire lourdingue qui se croit irrésistible, puis par celle des femmes, représentées girondes, velues et fortes en gueule. Rien n’est épargné aux personnages principaux, et c’est ma foi assez jouissif à regarder.

On oublie alors très vite l’enjeu principal pour voir Filemon se faire frapper, torturer et surtout recevoir d’inventifs coups dans les parties. Oui, on constate rapidement que le centre de gravité du rire hispanique se situe dans les “cojones”. Le film aurait pu se faire sous titrer “Vas-y, fais-moi mal !” tant les gags sont physiques, le visage de l’espion n’étant parfois qu’une boursouflure dont les dents volent de partout.

J’ai beaucoup apprécié que cette adaptation assume son humour corporel extrême, c’est une générosité que l’on retrouve dans Pos Eso, mon coup de coeur de la sélection officielle d’Annecy 2015. Si vous aimez quand l’humour recèle une certaine violence comme dans les cartoons de Chuck Jones, Mortadel et Filemon sont fait pour vous. On peut les voir tel un mélange entre Dumb & Dumber et le Coyote des Looney Tunes.

Quant aux scènes d’actions, elles m’ont agréablement surprise par leur mise en scène dynamique, surtout les poursuites aériennes. Le budget du film étant de 10 millions d’euros, ces imposantes séquences tiennent la dragée haute aux Pingouins de Madagascar, qui a pourtant coûté dix fois plus cher. Aussi, l’animation des personnages (ou “l’acting”) se révèle d’une théâtralité et d’une expressivité toute latine, à l’image du personnage d’Ofelia, la ronde secrétaire. On retrouvait déjà cette tonalité l’an passé chez le sorcier de Justin et la Légende des chevaliers.

Agents Super Zéro m’a fait passer un agréable moment à la fois par son humour crasse et par son excès dans les gags physiques. Sa lacune scénaristique est bien présente mais l’expertise de l’animation du studio qui nous a donné Planète 51 m’en a largement détourné. Je vous le recommande !

Notez également que la galette possède un making of de 45 minutes sur la fabrication du film, permettant de voir comment travaille Ilion Animation Studios, ce qui peut être intéressant car la société d’Ignacio Perez Dolset est sous contrat avec Paramount pour fournir l’animation d’au moins un film sous le label Paramount Animation d’ici l’année prochaine.    


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