Critique – Fena : Pirate Princess


Après un WIP plus que prometteur, Fena : Pirate Princess a diffusé son premier épisode le 16 août 2021 sur Adult Swim et Crunchyroll. Réalisé par Kazuto Nakazawa, l’histoire suit une jeune orpheline qui va reprendre son destin en main, bien décidé à comprendre ses origines. L’animé comporte 12 épisodes, avec une fin qui ne laisse pas présager une saison 2. Voilà pourquoi je ne souhaite pas de suite non plus.

⊗ Attention, cet article contient des spoilers.

Fena est une jeune fille orpheline qui vit dans un 18e siècle alternatif et fantastique. Élevée comme servante dans une maison close, elle tente d’échapper au sombre avenir qui s’ouvre devant elle. Sa vie va changer quand son mystérieux passé la rattrape et va lui permettre d’échapper à ses oppresseurs. Elle va ainsi pouvoir accomplir ses objectifs : se forger une nouvelle identité, trouver un endroit où elle pourra enfin être chez elle, et découvrir les vrais mystères qui se cachent derrière le mot « Éden »…

Soyons honnêtes, le WIP d’Annecy m’avait enthousiasmé. J’ai beaucoup attendu cet animé avec ses bandes annonces riches en personnages hétéroclites, qui promettait un amalgame joyeux de mes univers préférés des pirates, du medieval-fantasy et de l’animé japonais, avec un soupçon de féminisme annoncé par son titre en dichotomie. Princesse et Pirate sont deux termes au préalable en opposition mais qui pourrait trouver des similitudes, la loyauté, la richesse ou l’enjeu des hiérarchies. Bref, cela s’annonçait dense et intéressant.

Il y a pourtant de très bonnes idées…

Tout d’abord, les décors sont chatoyants et généreux en couleurs, en diversités. La musique est entraînante et régulièrement pertinente, composée par Yuki Kajiura. Il n’y a rien à redire en terme d’esthétique, c’est joli, c’est contrasté, les lumières sont accrocheuses, on a envie d’y être. So far so good on pourrait dire.

Ensuite, le scénario qui se veut s’inspirer d’un classique shôjo démarre donc de manière bien classique : Fena, héroïne orpheline qui fait parler d’elle par son indiscutable beauté (car rare sont les blondes…) est promise par le traditionnel mais rustique droit de cuissage à un notable du village. Mais voilà, Fena, à quelques heures de sa livraison, émet son souhait de partir, de voyager, de vivre des aventures… Il faut qu’elle s’enfuit, elle a plein de plans dans sa tête, elle est naïve, c’est une enfant…

Elle est d’ailleurs libérée par ses « pères » de substitution qui ne peuvent se regarder en face depuis qu’elle a été vendue. ET, qui dit animé japonais, dit plot twist mystique. Fena : Pirate Princess aura choisi de réutiliser l’Histoire de France au travers de la réécriture de la légende de la Pucelle d’Orléans aux visions christiques, ni plus ni moins que Jeanne D’arc. Et surtout, il est question de son lignage magique, sa descendance secrète. La sorcière de France adaptée au thème de la transmission magique, bien présente dans les cultures japonaises !

Il y a évidemment un gros point fort sur les antagonistes féminines hétéroclites. On aime. On adore, même One Piece n’aura pas fait mieux ! Des vraies pirates comme on les imagine : tatouées, cabossées, musclées, sensuelles, décalées, viriles etc.

Fena Princess Pirate

Et enfin, dernière petite réussite en ce qui concerne le bien et le mal, un sujet toujours en tension lorsqu’il s’agit de piraterie, de mercenaires et de guerre : On peut dire que le sujet est traité sans timidité. Fena doit elle-même vivre ce dilemme en acceptant le passé et les missions de ses compagnons, choisissant leur esprit de loyauté plutôt que d’en juger l’éthique. Le spectateur se retrouve aussi dans une position très habituelle dans les récits modernes : apprécier le méchant ou du moins le prendre en pitié, ou encore au minimum lui reconnaître une faculté positive.

… Mais toutes ces bonnes idées ne compensent pas la déception d’un seul aspect, et pas le moindre.

Malgré toutes les volontés de la série, à habiller, coiffer et agglutiner Fena à l’équipage, cela ne prend pas. Fena ne devient pas une pirate. Elle ne se bat pas, ne jure jamais, ne prends pas d’initiative, ni ne défie quoi que ce soit. Elle est au mieux une petite mascotte énigmatique pour eux, mais toujours un trophée à protéger. Fena n’a de la princesse que ce code de faiblesse universellement sexiste : elle est en détresse. C’est notamment sont rapport à Yukimaru qui la cantonne dans cette posture. Car à part crier son nom telle une princesse Peach appelant Mario (trop régulièrement à mon goût), elle ne fait finalement pas grand chose par elle-même. Si ce n’est être le porte-parole d’une ancêtre, ce qui la prive encore plus d’une motivation personnelle forte, on constate le peu d’existence réelle pour Fena en tant que protagoniste.

C’est donc ce raté, enterrant au passage le propre titre de la série, qui m’a laissé un goût amer arrivée au dernier épisode : il était désormais certain qu’il n’y aurait aucun espoir d’amélioration à ce niveau.

Fena
Pas de présence de Fena, jusque dans sa mise en scène…

Alors, donc. On regarde ou on regarde pas ?

Vous me connaissez, j’aime trouver le positif partout. Et malgré cette déception, l’animé vaut le coup d’œil, au moins sur une grande première partie. Pour ses décors, son dynamisme et ses personnages assez divertissants. Faites-vous votre avis et n’hésitez pas à venir me contredire !


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