WIP – Fena, the Pirate Princess


Diffusé lors du Festival d’Animation d’Annecy 2021, le Work In Progress de la série Fena : Pirate Princess nous a offert un bel aperçu du travail et de la volonté mobilisée par Kazuto Nakazawa, son réalisateur et Rui Kuroki des Productions I.G. Nous avons donc pu les écouter aborder les différentes étapes du développement de leur série, du storyboard, des influences et des éléments d’animations de Fena : Pirate Princess. Qu’en est-il donc de cette nouvelle aventure ? Kazuto Nakazawa nous explique qu’en faisant des recherches sur l’époque Sengoku, le Japon a connu deux siècles de paix après une vie de tumulte et de guerre. Beaucoup des samouraïs de l’époque se sont retrouvés sans rôle et sans utilité sociale ou militaire. Que seraient-ils devenus durant les temps médiévaux où la piraterie sévissait ? Le thème de la série était né.

A quoi ca ressemble ? 

La série prendra place au 17e ou 18e siècle, dans un monde occidental plutôt médiéviste dans sa qualité visuelle (entre Europe et Amériques) avec des noms géographiques réels mais des faits purement fictionnels et fantaisistes. Ce désir de mêler les esthétiques permet de créer une réelle ambiance oscillante entre identification historique et dépaysement. On trouve des chaumières en toit de foin typique de notre imaginaire médiéval occidental, et des maisonnées hautes dont les rebords de tuiles rappelleront plutôt une architecture nippone (toits kawa, etc.). La diversité des lieux (des îles, des ports, des châteaux forts, des troglodytes penchées, des murailles en promenade) finit de nous faire comprendre que le voyage et la curiosité sont des éléments forts de la série. En inspiration directe, ils nous citent la ville de Dubrovnik en Croatie, Glasgow, Edingbourg, le Japon et même Annecy ! Avec la pandémie de ces derniers mois, leur désir était vraiment de faire voyager le public à travers les décors…

Les images qu’on nous dévoile laisse entrevoir la diversité des arrières plans et un gros focus sur les nuances de couleurs employés : Beaucoup de tons violets pour les nuits, incitant à la fantasy entre éclairages domestiques et lumières festives. Le violet est une couleur d’alerte et d’action, l’orange est plutôt lié au matin, le vert pour les escapades nocturnes et le rose pour la fin de journée. Une palette colorée cohérente pour aider à un rythme soutenu, on suppose ! Car ils présentent la série comme une histoire d’amour entourée de multiples récits d’aventures ! Pour la bande originale,  M. Nakazawa espérait pouvoir collaborer avec Yuki Kajiura (Sword Art Online, Erased…) qui malgré un emploi du temps chargé a accepté. Traditionnellement, les artistes musicaux composent leurs œuvres originales et c’est ensuite à l’équipe de production de l’animé de trouver leur meilleur emplacement. Pour la série, Mme Kajiura a composé directement à partir des images qu’on lui a envoyé. C’est une manière de travailler en créant un rapport plus intime entre l’image et le son, ce qui laisse prévoir une belle composition !

Pourquoi Fena ?

En hommage au genre du shojo (manga à destination d’une cible féminine au Japon), car pour M. Nakazawa les meilleurs personnages féminins se trouvent dans les shojo, c’est donc un personnage principal féminin que Fena nous offre. On doit son chara-design à Yasuko Takahashi (Les Chevaliers du Zodiaque), qui pour le bleu des yeux de Fena s’est directement inspirée de la pierre Paraiba Tourmaline, son regard devait être précieux. L’aspect lymphatique du reste de son apparence ressemble bien à la fragilité qu’on veut souvent donner à ce genre de personnage. Espérons qu’un contraste sera présent dans la série pour son caractère ! Elle sera interprétée en VO par Asami Seto. Globalement, au niveau du choix de la direction artistique, ils sont sortis de ce qu’ils nomment « la zone de confort »,  pas de design trop anguleux, moins de personnages nerveux. L’occasion pour le producteur de découvrir encore plus de talents et de diversité !

Les difficultés dans la conception

La plus grande difficulté dans n’importe quelle création, c’est de trouver les fonds et les moyens de le mettre en œuvre. Comment créer de l’effervescence quand il s ‘agit de présenter un projet original, qui n’existe pas encore, et qui engage son réalisateur corps et âme ? M. Nakazawa nous décrit une longue année de solitude soldée par une équipe généreuse. Il exprime beaucoup de gratitude envers l’enthousiasme et l’engagement de son équipe. Rajoutons ensuite la notion du budget. M. Kuroki nous explique que les investisseurs sont souvent frileux face à des animés qui se présentent sous l’influence du shojo et qui veulent faire quelque chose de nouveau. Alors « on invente d’autres mots plus vendeurs, du Mad Max sur l’eau par exemple ». C’est une fois l’argent débloqué que l’on peut aller plus loin dans la révélation de la nature esthétique du projet. Le plus gros challenge de la conception de Fena Princesse Pirate est dans l’utilisation de l’animatique. C’est une technique d’enregistrement du storyboard synchronisé sur la bande-dialogues. Ce qui n’est pas traditionnel selon eux, mais qui peut aider l’animation à prendre corps autour des acteurs et non l’inverse. Avec la pandémie, c’était un acteur à la fois qui était enregistré ce qui a demandé à l’équipe d’animation un travail plus complexe et plus engageant. Il fallait parfois redessiner les storyboards. C’était difficile mais ce choix n’est absolument pas regretté car il y a eu beaucoup d’improvisations plus que pertinentes. Une vraie liberté pour les acteurs et actrices de doublages, ce qui, on l’espère, nous donnera une dimension plus intense à l’histoire !

Des scènes préferées ?

Pour le réalisateur Kazuto Nakazawa, c’est l’épisode 2, où l’on découvre de manière flagrante le désir d’aventure de Fena. Il y a aussi, dans l’épisode 1, un échange entre les personnages d’Otto (Hiroyuki Hirata) et Salman (Manabu Muraji) qui met en avant son personnage préféré : Otto. Pour le producteur Rui Kuroki il s’agit de l’épisode 1, une scène de rencontre entre Fena et un samouraï, elle se déroule dans une forêt avec une musique très intense qui mène à un plot qu’il adore. Il a aussi une affection particulière pour la scène de combat à Bar-Baral dans l’épisode 3. La série sera diffusée sur Crunchyroll dès cet été ! J’ai personnellement assez hâte de la regarder et de découvrir le florilège des personnages, de caractères et de lieux qu’on nous a promis !



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