Critique – Jacob et les chiens qui parlent


Après un pitch qui a fait partie de mes coups de cœur au Cartoon Movie 2018, Jacob, Mimi et les chiens qui parlent est un long métrage qui aura la chance de sortir sur les écrans français grâce aux Films du Préau. Diffusé lors du Festival Ciné Junior 2019 et en parallèle de l’édition 2019 du Cartoon Movie de cette année, j’ai enfin pu voir les aventures de Jacob, Mimi et de ces fameux chiens qui parlent !

Quand Papa emmène Jacob, 7 ans, passer l’été dans l’une des banlieues de la ville, le garçon découvre non seulement un environnement jamais vu auparavant, mais il se familiarise avec sa cousine, Mimi, 8 ans, et son oncle Ange, ancien marin. Il se lie également d’amitié avec Boss, le chef d’une horde de chiens sans abri qui parlent.

Jacob et les chiens qui parlent est le premier long métrage du studio letton Atomart et est réalisé par Edmunds Jansons, qui a aussi travaillé sur la série pré-school Les Shammies et différents courts métrages. Comme pour Les Shammies, on retrouve dans ce film un mélange de technique entre animation 2D et papier découpé. Cette année, le studio Atomart était aussi présent pour présenter son nouveau projet de film en coproduction avec Dandelooo : Born in the Jungle.

L’intrigue tourne autour de la transformation imminente du vieux quartier de Maskatchka à cause de la construction d’un gratte-ciel en verre en son beau milieu, un endroit dont Mimi connaît tous les recoins. La jeune fille se révèle être la voix et la présence politique de la narration car elle avance des arguments concrets et réalistes face aux événements de transformation de son quartier. Elle n’hésite pas à remettre les pieds sur terre à Jacob, mais aussi à Ange, son paternel parfois perdu dans ses histoires de pirates qui a du mal à gérer sa recherche de travail et la gestion d’un foyer. Mimi est la reine de la punchline, ce qui la rend d’autant plus attachante, et malgré le titre français du film, elle en est tout autant héroïne de cette histoire. Jacob est l’archétype du gamin rêveur qui pense tout savoir et qui a un plan pour tout. Venant de la ville, il se retrouve vite en décalage avec les habitudes de vie du quartier et va même jusqu’à le détester. Boss, le chef des chiens qui parlent, sera l’élément qui va le raccrocher à ce qui l’entoure et Jacob va se lier d’amitié avec cette bande de chiens errants et ainsi s’ouvrir au monde. La détermination de Jacob sur son précieux savoir a le mérite de lui faire commettre des erreurs et d’apprendre de celles-ci, il en ressort grandi.

L’univers visuel, conçu par Elina Braslina, dénote par ses touches peintes aux couleurs automnales et les chiens en papier découpé apportent une mignonne rugosité à l’ensemble. On a envie de tous les adopter car leur design leur donne à chacun un caractère et une originalité. Le monde imaginaire de Jacob est servi par une abstraction évoquant le travail de Mac Laren ou de Theodore Ushev dans l’utilisation de lignes brutes et colorées sur fond noir. Ce fort univers graphique est porté par une musique entraînante aux accents slaves qui ne laissent pas indifférent, d’autant que le film est ponctué de quelques chansons qui renforcent sa singularité. Jacob et les chiens qui parlent met en avant les problèmes dus à la gentrification et permet d’ouvrir le dialogue sur l’importance de l’urbanisme à un jeune public. Jacob et Mimi sont acteurs des solutions pour le quartier de Maskatchka et pensent au bien-être de leurs voisins, ce qui en fait un message positif pour le futur. Pour leur premier long-métrage, le studio Letton Atom Art tape juste dans ces thématiques transformatives, et j’espère en voir d’autres de ce bois-là dans un futur proche !      


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